"Les urgences qui craquent, c'est notre système de santé qui craque" : quelles solutions pour les urgences ?

Concrètement, qu'est-ce qu'il se passe dans nos urgences ? 

C'est la question que nous avons posé à, Zaynab Riet, déléguée générale de la Fédération hospitalière de France (FHF) : "Aujourd'hui, les urgences qui craquent, c'est en fait notre système de santé qui craque. Etant donné que tout le monde n'a pas accès à un médecin traitant ou un spécialiste en ville, inévitablement les patients s'adressent aux urgences". Mais le plus inquiétant pour Zayneb est ailleurs : "On rencontre ça durant les vacances d'hiver ou d'été mais cette année ça arrive plus tôt et ça arrive dans des services où les soignants sont fatigués. Ça fait deux ans que les équipes s'occupent des COVID. Ca fatigue les équipes, ça donne de l'absentéisme pour plusieurs raisons qui engendre des fermetures de lits temporaires. En 20 ans, le passage aux urgences a été multiplié par deux". 

Alors quelles solutions ? Déjà, pour les patients, ne pas aller aux urgences systématiquement. Mais ça passe aussi par des réorganisations : " Il faut qu'on puisse répartir les efforts entre les cliniques, les hôpitaux et ceux qui sont là pour définir où l'on oriente les patients". Une autre solution selon Zaynab Riet : "Comme on sait que de toute façon l'hôpital est le maillon essentiel, il faut que l'on aide ceux qui travaillent, que l'on déplafonne les heures supplémentaires, que l'on augmente la rémunération du travail de nuit, de weekend et des jours fériés"… C'est un dispositif exceptionnel que réclame notre invité ce midi auprès de Brigitte Bourguignon, nouvelle ministre de la Santé.

Dans notre podcast, Zayneb revient sur les autres sujets qu'il est urgent d'abordé selon elle : l'attraction des métiers de la santé pour les jeunes mais aussi leurs futurs ! 

La situation aux urgences de Bordeaux

Le quotidien de nos soignants dans les urgences est donc devenu plus qu'éprouvant comme en témoigne Gilbert Mouden, infirmier anesthésiste, représentant du personnel Sud Santé Sociaux du CHU de Bordeaux : "Aujourd'hui c'est très compliqué et tendu dans les services d'urgence. Il y a des organisations de travail infernales avec des sous-effectifs dans toutes les lignes médicales et paramédicales, avec des effectifs qui sont obligés de revenir et d'alterner entre jour et nuit". 

Il y a 10 ans déjà, notre invité témoignait des difficultés des services d'urgence : "Il y a 10 ans déjà, on lançait des alertes. La population augmente, mais les effectifs, non. Ca ne tourne plus". Entre les burn-out, les départs non remplacés, les formations, il y a 40% d'urgentistes en moins qu'il y a 10 ans : "Il faut prévoir tout ça, il faut prévoir les absences, il faut augmenter le pool des effectifs pour pouvoir tenir. On a une vie personnelle, les soignants c'est aussi des humains. Quand on vous dit qu'il faut travailler 4 weekends sur 5 et trois nuits par semaine, les gens n'accepteront plus de travailler dans de telles conditions". Des conditions de travail qui font fuir la nouvelle génération selon notre invité : "Les jeunes médecins s'en vont. Ils aiment l'hôpital public. Ils veulent faire carrière dans le public mais ils partent pour se préserver". 

Alors comment faire pour que dans 10 ans nous n'ayons pas le même discours ? Et bien notre second invité se fait l'écho de Zayneb : "Il est urgent d'agir sur tous les leviers. Le Ségur de la santé n'a pas du tout résolu le problème de la revalorisation des salaires. La majoration des heures supplémentaires n'est pas une solution non plus, ça conduit à un épuisement professionnel. Les présents d'aujourd'hui sont les absents de demain".