L’origine du mot “Regard” remonte bien avant le latin et le grec

Rendez-vous aujourd’hui au Musée du quai Branly-Jacques-Chirac, qui consacre une exposition à l’image, présentée sous toutes ses formes, photographie, vidéo, diaporamas, etc. L’objectif, si on peut dire, c’est de proposer un autre regard sur notre monde contemporain. C’est époustouflant dans la présentation, avec de milliers d’œuvres et un titre éloquent : « À toi appartient le regard et la liaison infinie entre les choses ».  

Le regard est à l’honneur dans cette exposition exceptionnelle par sa forme, un véritable tour du monde photographique et vidéo aux quatre coins du globe, de l’Afrique à l’Asie en passant par l’Amérique latine et l’Océanie.  

De fait, les mots regard et regarder sont ici d’autant plus fort qu’on les utilise tous les jours sans repérer ce qu’ils ont de profond. Ils remontent en effet loin dans le passé à une racine indo-européenne, cette langue qui a précédé le latin, le grec et le français, où existait la racine wer, signifiant faire attention à, une racine passée en langue germanique pour donner wardön, désignant le fait de regarder attentivement vers quelque chose, à l’origine du verbe « garder ». 

Le verbe regarder est construit sur garder 

Dès le VIIIe siècle, pour renforcer l’idée de garder, faire attention avec les yeux, on a renforcé ce verbe avec le préfixe re, d’où re-garder. 

Il faut savoir qu’au Moyen Âge garder et regarder s’employaient à égalité. D’où des expressions, comme prendre garde en vérité, faire en sorte de bien voir. Et le mot regard est né en français en 980 à partir de regarder.  

Comment est-il qualifié dans nos premiers dictionnaires ? Regard doux, charmant, amoureux, long, vif, perçant, autant de mots appropriés à l’exposition consacrée au regard. Dans un dictionnaire de 1680, je repère le mot un regardant, avec une expression plaisante, le regardant voit le diable quand il regarde sa bourse vide…