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Le vrai du faux du maïs

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Parfois mal aimé car souvent méconnu, le maïs a subi la rudesse de l’été

Philippe Guilbert
Philippe Guilbert - Philippe Guilbert

La récolte tourangelle de maïs est mauvaise. Coopératives et négoces, bien placés pour donner une vision globale de la situation, évoquent des rendements très éparses entre 3 et 7t/ha en maïs non irrigué et 7 à 11 t sous irrigation. Sécheresse et canicule ont asséné un grand coup de bambou à cette culture…

Le maïs aime la chaleur et l’eau. Mais l’eau a manqué très tôt. Quand à la chaleur point trop n’en faut. Au-delà de 36°C les grains de pollen sont détruits et la fécondation est mauvaise. 

Mais face à ce risque, pourquoi cultive-t-on du maïs alors ? 

Le maïs est une graminée performante qui alimente, via l’ensilage, les troupeaux de vaches l’hiver. Sans maïs quasiment pas de lait en Touraine, ni de coopérative laitière d’ailleurs. Notre climat n’est pas assez pluvieux à la belle saison pour alimenter en herbe les troupeaux tous les ans. 

Le maïs est aussi cultivé pour son grain, un concentré d’énergie utilisé en plasturgie, les fameux sacs biodégradables. Le maïs « doux » est lui directement consommé par les humains. Et puis en Touraine, les agriculteurs cultivent aussi du maïs semence. C’est-à-dire qu’ils fabriquent par hybridation les semences utilisées par leurs collègues l’année suivante. Une culture bien connue des jeunes, employés par centaines l’été lors de la castration.  

Mais le maïs n’a pas toujours bonne presse. On l’accuse notamment de consommer trop d’eau. 

Permettez-moi de faire le plaidoyer du maïs, qui, venu d’Amérique, est cultivé depuis 400 ans en Europe. Il est non seulement la sécurité alimentaire des troupeaux mais le maïs est une plante dite en C4, c’est-à-dire qu’il va capter 25% de carbone atmosphérique de plus que le blé. En le cultivant, les agriculteurs contribuent à ce stade à lutter contre l’effet de serre.

Mais l’usine végétale maïs produit aussi durant son cycle en respirant, entre 16 à 32 tonnes d’oxygène par hectare soit 2 fois plus qu’une forêt. Alors parlons de l’eau aussi et soyons un brin provocateur. Du semis à la récolte, un maïs consommera moins d’eau qu’un blé. 

Peut-être mais le maïs a besoin d’eau l’été, à un moment où il y en a moins dans les rivières. 

Mais il y en a dans les nappes qui se rechargent l’hiver qui est utilisée via les forages. Là encore regardons les chiffres. En fait, l’irrigation est peu développée en Indre et Loire. A peine 6% de la surface cultivée est arrosée. Mais quand elle est possible, l’irrigation est considérée comme un filet de sécurité et un gage de qualité dans une région qui n’en manque pas. 

C’est aussi une culture qui utilise des produits chimiques ? 

Certains maïsiculteurs tourangeaux se mettent au bio. Un mode de culture qui utilise moins de chimie mais consomme plus de carburant pour désherber mécaniquement. La solution parfaite n’existe pas. Le maïs, comme le tournesol, est une culture dite de printemps. Cultiver au printemps casse le cycle des mauvaises herbes qui concurrencent le blé, l’orge et le colza semés avant l’hiver. Donc le maïs indirectement contribue à réduire l’utilisation des désherbants d’automne.

En cette période de chasse, le maïs en fin d’été offre un couvert salvateur au gibier au moment de l’ouverture. Gibier qui ainsi à le temps d’apprendre un peu à se tenir à distance des chasseurs.  

Le dossier complet de Terre de Touraine à retrouver ici

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