Le reveil de la carpe

Bruno Garcia, le spécialiste pêche de France Bleu la Rochelle aborde aujourd'hui un joli poisson qui sort de son hibernation : c'est la carpe

Bruno Garcia : Si je devais donner un titre à la semaine passée ce serait : la semaine de la carpe. Elles sont réveillées les carpes pour cette fin mars. J’ai pu voir ces derniers jours de très jolies captures jusqu’à plus de 10 kg. Les températures nocturnes sont loin d’être fraîches, dans la journée on monte à 15 ou 16 degrés et ça suffit pour lui redonner de l’activité à la carpe. Elle sort d’une période de disette, je ne vais pas parler d’hibernation mais de plusieurs mois d’hiver pendant lesquels elle ne s’est que très peu nourrie.

Ce qui signifie qu’elle a aujourd’hui un appétit féroce ?

Oui elle a faim et surtout elle a besoin de se nourrir pour deux raisons.

Expliquez - nous ça ?

Je viens de vous donner la première raison c’est la sortie de l’hiver. Période pendant laquelle son activité alimentaire était au ralenti. La deuxième raison c’est tout simplement que contrairement à l’année dernière nous sommes en présence d’une crue et nos cours d’eau débordent et s’étalent largement jusqu’à submerger les prairies ou les cultures. Des zones où la profondeur est très faible et où l’eau se réchauffe beaucoup plus vite.

Et c’est ce réchauffement qui va nous amener à la deuxième raison ?

Exactement ! Ce réchauffement qui va déclencher le réflexe de reproduction qui a lieu dans une eau dont la température se situe entre 16 et 18 degrés. Encore une période pendant laquelle notre carpe va s’imposer une période de jeûne. Et avant ce jeûne elle va se gaver pour affronter une nouvelle période difficile.

Je jette un œil discret sur votre profil et je constate que chez vous la température de l’eau ne doit pas encore atteindre 16 ou 18 degrés. Vous êtes dans la période entre la sortie de l’hiver et la reproduction ?

Comme la carpe je suis dans une période de forte activité alimentaire. Trêve de plaisanterie c’est maintenant juste avant cette fraie qu’il faut tenter votre chance. C’est surement le meilleur moment de l’année pour aller chercher ce poisson qui va vous apporter des sensations extraordinaires. La moindre carpe de 1 à 2 kg vous gratifiera de démarrages fulgurants et la ramener jusqu’à l’épuisette vous demandera un peu de patience.

Bon maintenant la technique, les appâts ?

Pour ma part je suis resté « vieille école ». Dans 99,99 % des situations les carpes capturées sont relâchées. Très très régulièrement elles se sont laissées séduire par une bouillette, un mélange de plusieurs farines confectionnées sous la forme de boules de différentes tailles. Quand vous lui présentez une nouvelle fois une bouillette qu’elle associe immédiatement à la piqure de l’hameçon, facile de comprendre qu’elle peut être méfiante. Je reste donc très attaché aux anciennes techniques : les esches végétales comme la pomme de terre, le pois chiche, la fève, le maïs et ça va en surprendre plus d’un le petit pois ou même la carotte. La carotte c’est sucré et la carpe en est friande. L’avantage de ces appâts qui, on peut le dire, ont quand même été oubliés c’est tout simplement que la carpe n’y est plus accoutumée.