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“Un plan de reconquête de l’élevage bovin” - Clotilde Eudier, vice-présidente chargée agriculture en Normandie

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Le conseil régional de Normandie débloque deux millions d’euros pour soutenir les éleveurs qui vont agrandir leurs cheptels. Il s’agit d’enrayer une chute vertigineuse du nombre de vaches dans la région en raison de changements d'orientations décidées par des agriculteurs.

Le nombre de vaches chute brutalement en Normandie
Le nombre de vaches chute brutalement en Normandie © Radio France - Nolwenn Le Jeune

La Normandie perd ses vaches ! Ces cinq dernières années, le cheptel bovin a baissé de 10 % avec une chute record de 5.000 vaches entre 2021 et 2022. C’est la conséquence de plusieurs facteurs négatifs pour les éleveurs. La région Normandie lance un plan de reconquête de l'élevage bovin. Explication de Clotilde Eudier, troisième vice-présidente au conseil régional et chargée de l'agriculture en Normandie.

Clotilde Eudier : Il faut des recapitalisations accélérées du cheptel bovin en France et en particulier en Normandie. Parce qu’une baisse de 5.000 vaches allaitantes sur un cheptel de 220.000, c'est énorme en deux ans pour la Normandie.

France Bleu Normandie : Comment expliquer ce tournant pris par les agriculteurs ?

Clotilde Eudier : Il y a depuis quelques années une spécialisation des élevages qui fait que les agriculteurs abandonnent aussi l'engraissement des vaches. Et derrière tout ça, ce sont nos paysages qui changent, des prairies qui disparaissent, des haies aussi qui sont détruites et surtout notre souveraineté alimentaire qui est en péril.

France Bleu Normandie : Pourquoi c’est moins intéressant pour les exploitants aujourd'hui d'avoir des vaches ?

Clotilde Eudier : C'est vrai que la rémunération est au cœur du sujet, mais aussi des agriculteurs qui en ont un peu ras le bol d'avoir une mauvaise publicité sur eux, l'élevage, sur la pollution. On a eu dernièrement un rapport de la Cour des comptes qui tire à boulets rouges contre l'élevage donc aussi. Nous avons souhaité, avec le président Morin, faire ce plan reconquête de l'élevage parce que demain la Normandie sans élevage, ce ne sera plus la Normandie. On a la chance d'avoir encore des prairies et de l'alimentation sur notre territoire, donc on se doit d'aider les éleveurs. Et le message nous le portons aussi avec l'interprofession. Ce plan reconquête de l'élevage n'est pas que de la région Normandie. Il est aussi construit avec les éleveurs. C'est un accord tripartite avec derrière une rémunération et un engagement de l'interprofession.

200 € par vache et par an

France Bleu Normandie : Très concrètement, la Région sort le carnet de chèques. À quelle hauteur ?

Clotilde Eudier : On a un budget de 2 millions d'euros à la fois pour aider les élevages allaitant et aussi l'élevage laitier. Comme je vous le disais, un contrat tripartite avec un conseil technique au sein de l'élevage et une aide financière pour l'achat de vaches, allaitantes ou de génisses et une aide financière pour l'achat de veau.

France Bleu Normandie : 2 millions d'euros mais concrètement, quelles sont les conditions pour percevoir cette aide ?

Clotilde Eudier : Il faut un accroissement sur trois ans d'un minimum de 20 vaches. L’éleveur va recevoir une aide financière de 200 € par an par vache et aussi un contrat avec l'interprofession. Un contrat acheteur qui respecte la loi EGALIM, donc qui sera supérieur au prix de revient de l'agriculteur. Et dans nos régions, l'agriculteur pourra bénéficier de 40 % de subventions sur ses investissements.

France Bleu Normandie : Ces mesures seront suffisantes pour convaincre les éleveurs ?

Clotilde Eudier : Mais je l'espère. Hier nous étions déjà chez un éleveur au Molay-Littry qui a pu bénéficier de ce soutien. Le plan là vient d'être voté en assemblée plénière le 25 mars et on espère avoir de nombreux éleveurs puisque nous souhaiterions recapitaliser à hauteur de 5.000 vaches par an sur le territoire.

France Bleu Normandie : Il y a une question d'autosuffisance alimentaire qui est en jeu également ?

Clotilde Eudier : Bien sûr. Aujourd'hui, nous sommes autosuffisants à 90 %. Si le cheptel continue à baisser de façon alarmante, on pourrait décroître jusqu'à 67 % d'ici 2035. Donc j'interpelle aussi le consommateur. C'est-à-dire que, à un moment, il faut aussi soutenir et manger de la viande normande. Est-ce qu'on veut vraiment, dans quinze ans, importer de la viande de je ne sais où avec quelles pratiques ? Certainement pas les mêmes que les nôtres et avec un bilan carbone qui serait catastrophique. Il faut aussi que le consommateur soit là.

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