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Face au "mal-hêtre" des forêts bourguignonnes, favoriser la diversité et le mélange des essences

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Le hêtre, arbre emblématique de nos forêts bourguignonnes, est en grande difficulté face au réchauffement climatique. Ce n'est pas rien, il représente 10% de nos feuillus. Sera-t-il encore là à l'avenir ? Faut-il s'inquiéter ? Réponse avec un expert à l'Office National des Forêts..

Bruno Chopard, chef de service à l'ONF Bourgogne Est, partage son inquiétude, mais aussi son espoir de trouver des solutions durables pour nos forêts
Bruno Chopard, chef de service à l'ONF Bourgogne Est, partage son inquiétude, mais aussi son espoir de trouver des solutions durables pour nos forêts © Radio France

France Bleu Bourgogne. Bruno Chopard, vous êtes le chef de service Forêts à l'agence de l'Office national de forêts Bourgogne. Il y a vraiment une inquiétude à avoir par rapport à ces arbres ?

Oui, on a une inquiétude à avoir puisque d'après les résultats scientifiques, c'est une espèce qui pourrait être vraiment en difficulté de compatibilité climatique à l'horizon 2050, voire 2070 en tout cas. Donc c'est tout proche pour un hêtre qu'en général, on essaye de faire vivre au moins une centaine d'années en forêt.

Ça veut dire quoi comme conséquences pour nos paysages et puis pour nos vies ici en Côte d'Or ?

Alors pour les paysages, ça va provoquer des changements importants puisque le hêtre est et constitue l'ossature de beaucoup de forêts du Châtillonnais. Donc ça veut dire probablement des phases de dépérissement un peu plus marquées, et puis des incidences sur les écosystèmes et bien entendu sur la récolte de bois liée aux hêtres. Donc oui, il y aura des incidences.

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Ca veut dire que peut-être ces hêtres ne seront plus là à l'avenir ? Il faut les remplacer, planter autre chose dès aujourd'hui ?

Il est probable qu'il y en ait beaucoup moins à l'avenir, c'est certain. Faut il les remplacer? Notre stratégie aujourd'hui consiste surtout à essayer de diversifier, d'apporter de la diversité dans les espèces. Donc ne pas à tout prix les récolter tout de suite, surtout de façon anticipée, ou planter en alternative. Déjà, s'appuyer sur ça, sur la dynamique naturelle, sur la diversité des espèces qu'on trouve en forêt. Et puis quand cette diversité est insuffisante, venir enrichir, apporter cette diversité par voie de petites plantations disséminées. Et puis, dans les cas les plus rares qui peuvent exister, où les forêts sont trop pures, en hêtres effectivement, on pourra être amené à apporter d'autre part, plantations en plein, mais toujours mélangées.

Est-ce que cette situation dans le Châtillonnais, avec ces hêtres qui pourrissent sur pied, on la voit aussi pour d'autres espèces dans nos forêts ?

On l'a déjà vue avec l'épicéa qui est moins représenté en Bourgogne, qu'il l'est davantage en Franche-Comté, et qui était d'ailleurs souvent composé de peuplements plus purs, donc qui posent même plus de problèmes. Je dirais qu'avec le hêtre on a la chance d'avoir souvent l'espèce en mélange avec d'autres.

Le changement est possible ? Il y a des solutions ?

Alors oui, fort heureusement en tout cas, on essaie d'étudier toutes celles qui sont à notre portée. La première, je l'évoquais à l'instant, à travers ces étapes du renouvellement où on va chercher à installer davantage de diversité d'espèces, et on a des espèces locales qui sont déjà plus tolérantes aux difficultés de sécheresse, de type sécheresse ou canicules. ON connaît le chêne pubescent, l'érable à  feuilles d'aubier, on connaît l'érable champêtre, les tilleuls. Donc on va chercher à installer ces mélanges. On va également chercher à avoir des peuplements, des forêts un petit peu moins denses et moins pures. Et puis on va se débrouiller pour s'appuyer vraiment sur la dynamique naturelle, ce que la génétique naturelle peut nous apporter aussi en résistance.

Il faut diversifier. Pourtant, on le sait, dans le Morvan, par exemple, on a des secteurs où les habitants, justement, se plaignent de monocultures et notamment des résineux. Quelles solutions entre l'intérêt économique, on comprend bien, et l'intérêt écologique pour la société ?

C'est effectivement un challenge parce qu'il faut arriver à concilier cette multifonctionnalité de la forêt. Ce qui est sûr, c'est que la monoculture est aujourd'hui une solution très très risquée et que ce n'est pas celle qu'on adopte. Donc je vous disais nous, on s'efforce désormais d'installer au moins 30% de mélange dans nos peuplements dans les stades les plus jeunes. Et à vrai dire, il faut être vigilant sur le chiffon rouge qu'on agite autour du résineux. On utilise de plus en plus de bois en France et on est content de le faire. C'est bon pour la planète. Et il ne faudrait pas exporter notre problème à l'extérieur. Il faut bien que ce bois puisse venir de quelque part.

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