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"Des cabinets ferment presque quotidiennement" alerte Muriel Bonnet, infirmière libérale à Dijon

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Les infirmières et infirmiers libéraux demandent une revalorisation de leurs actes médicaux et manifestent le jeudi 16 mai, à 20h, place du théâtre à Dijon. Muriel Bonnet, infirmière libérale, était l'invité du 6/9 de France Bleu Bourgogne.

Muriel Bonnet, infirmière libérale à Dijon, mobilisée place du théâtre pour demander une meilleure indemnisation de la profession, le jeudi 16 mai 2024.
Muriel Bonnet, infirmière libérale à Dijon, mobilisée place du théâtre pour demander une meilleure indemnisation de la profession, le jeudi 16 mai 2024. © Radio France - France Bleu Bourgogne

Ils avaient l'habitude d'être applaudis à 20h pendant la crise sanitaire, mais cette fois, à cette même heure, ils manifesteront place du théâtre de Dijon, le jeudi 16 mai. Les infirmières et infirmiers libéraux dénoncent des actes médicaux trop peu rémunérés : 3€ pour une prise de sang, ou encore 2,50€ pour une injection. Muriel Bonnet, infirmière libérale à Dijon, était l'invité de France Bleu Bourgogne, ce jeudi : elle sera mobilisée, à l'appel du Collectif des infirmiers libéraux en colère.

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France Bleu Bourgogne : Votre profession "est en train de crever". C'est en tout cas ce que disent bon nombre de soignants, si rien ne change. Qu'est ce que vous réclamez aujourd'hui ?

Muriel Bonnet: Ça fait quinze ans que notre acte médical infirmier, la base du calcul de nos revenus, n'a pas bougé. Personne ne travaille sans augmentation de salaire pendant quinze ans, je crois. Actuellement, on se retrouve à travailler plus pour gagner la même chose qu'il y a quelques années et pour certains, on a plus de travail, pour d'autres moins. Notre revendication, c'est l'augmentation de cet acte médical infirmier pour revaloriser nos actes dans un travail qui est difficile, pénible, qu'on aime fort. On est passionnés mais il mérite salaire. Il mérite qu'on puisse nourrir nos enfants, payer nos logements comme tout un chacun, payer nos retraites aussi.

Certains ont l'image d'une profession finalement qui gagne bien sa vie, qui fait beaucoup d'heures mais qui gagne bien sa vie. Est-ce que c'est une fausse idée ?

C'est pas forcément une fausse idée dans le sens où on peut gagner bien sa vie si on fait énormément d'heures entouré, on gagne moins qu'à l'hôpital, on le sait pas forcément et on oublie. Mais effectivement, il y a certaines personnes qui gagnent très bien leur vie mais qui bossent, qui travaillent énormément. La dernière fois j'ai travaillé 36 h en deux jours,, donc l'équivalent d'une semaine pour quelqu'un d'autre. On est écrasés par des charges, parfois on jusqu'à 60 % de charges. Tout a augmenté en quinze ans : le carburant a augmenté de 85 % je crois. Nos assurances aussi, parce-que pour être en arrêt, pour être en invalidité, il faut qu'on paye une assurance, sinon on n'a pas de revenus, elles ont augmenté de 150%. Notre matériel pour avoir des gants, pour faire nos soins, c'est nous qui les achetons. 230 % en quelques années. Tout ça, ça nous impacte forcément. Il faut travailler plus pour pouvoir payer nos charges, avant de pouvoir vivre.

Ça ressemble à quoi une semaine d'une infirmière libérale ici à Dijon, comme vous ?

Alors nous on fait 40 soins par jour, parfois 60, parfois plus. Ça fait beaucoup de monde quand même. Donc ça veut dire qu'on commence très tôt et qu'on finit tard. On commence vers 6h ou 7h du matin, on finit à 20h, 21h. On peut encore être appelé la nuit. Alors, oui, on est payé pour ça. Mais n'empêche, il faut pouvoir tenir le rythme. Certaines personnes travaillent sept jours d'affilée pour avoir des repos. Derrière, on travaille un weekend sur deux en moyenne, parfois moins si on travaille dans un cabinet. On travaille aussi les jours fériés, encore une fois en alternance, si on a des collègues disponibles, Il y a des infirmiers qui travaillent seuls à leur cabinet. S'ils n'ont pas de remplaçants, ils travaillent tous les jours.

On imagine que c'est compliqué financièrement vu que le coût de la vie a très largement augmenté et que les actes n'ont pas été revalorisés. Ça pourrait se traduire par la fermeture de cabinets médicaux ici en Bourgogne ?

Il y a des cabinets qui ferment presque quotidiennement dans tout la France. On annonce 58 % de fermetures en cinq ans. Parce qu'effectivement, la motivation a beau être forte, Le Ségur de la santé a augmenté les infirmiers à l'hôpital et en clinique. Tant mieux, c'était nécessaire. Mais nous, on a été oubliés du Ségur. Notre profession est de moins en moins attractive parce qu'effectivement, comme on gagne moins bien notre vie pour toutes les heures réalisées ça impacte, [C...] Comme beaucoup d'entre nous, j'ai déjà pensé à quitté ce travail . Après, encore une fois, c'est un métier passionnant. Maintenant, on mérite que les choses évoluent pour qu'on puisse perdurer et préserver les soins à domicile. Parce que si les cabinets ferment, les patients n'auront plus de soins à domicile.

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