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De passage en Côte-d'Or, l'écologiste Marine Tondelier tend la main aux agriculteurs

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Depuis le début de la crise agricole, les normes environnementales et l'écologie en général sont les cibles privilégiées des manifestants. Les deux camps sont-ils pour autant irréconciliables ? C'est tout le contraire, répond la leader du parti EELV Marine Tondelier, en visite en Côte-d'Or.

Marine Tondelier, secrétaire nationale d'Europe Ecologie les Verts, défend une "écologie de justice" pour les agriculteurs
Marine Tondelier, secrétaire nationale d'Europe Ecologie les Verts, défend une "écologie de justice" pour les agriculteurs © Radio France

France Bleu Bourgogne : Marine Tondelier, vous, les écologistes, êtes souvent pointés du doigt par les agriculteurs. Vous leur dites quoi aujourd'hui ?

Je ne me sens pas pointée du doigt par les agriculteurs. Et de toutes façons, les choses sont simples : il y a eu un sondage au niveau national qui a montré que 84 % des sympathisants d'Europe Ecologie les Verts, soutenaient de manière très spontanée ce mouvement. Je pense qu'ils ne l'auraient pas fait si c'était un mouvement dirigé contre eux. Ce n'est pas nous qui sommes au ministère de l'Agriculture, je pense que tout le monde l'a bien compris aussi. Et la réalité, c'est que depuis des décennies, on a toujours été en soutien des combats agricoles. Notre premier candidat à l'élection présidentielle, René Dumont, en 1974, était ingénieur agronome. Et c'est parce qu'il étudiait cette science de l'agriculture qu'il est venu à l'écologie. Et puis on a combattu de manière constante et cohérente, pied à pied avec les agriculteurs, les traités de libre-échange. On a combattu l'artificialisation et la disparition des terres agricoles, On a combattu le fait de mettre des produits bio de qualité dans les cantines. C'est 3,4 milliards de repas par an. La restauration collective. Les écologistes sont en pointe là-dessus. Et puis surtout sur le partage du revenu, on va en parler, j'imagine, ce sont des combats qu'on mène ensemble depuis le début.

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Une délégation EELV est en visite en Côte d'Or avec vous, Marine Tondelier, vous allez visiter une ferme en maraîchage bio à Villebichot, et un élevage de chèvres également. On peut dire que vous êtes un peu en terrain conquis ?

Mais en fait on va partout et il se trouve que là, aujourd'hui, c'est ces fermes-là qui ont été choisies. Mais moi, depuis que je suis secrétaire nationale, je pense que le déplacement que j'ai fait le plus, c'est des déplacements dans des fermes et que j'ai été visité tous types de fermes, y compris chez moi, dans le Pas-de-Calais, Le président de la commission environnement de la FDSEA du Pas de Calais. Et en fait, c'est comme ça qu'on travaille, avec tout le monde. Parce que si on veut transformer la société, si on veut sauver le climat, il faudra travailler avec tous les agriculteurs. Tout comme les agriculteurs ont besoin de travailler avec nous. Si on ne protège pas les sols, si on ne protège pas l'eau, alors on ne protège pas l'avenir de l'agriculture.

Le président de la FDSEA en Côte-d'Or Jacques de Loisy vous fait passer un message ce matin via France Bleu Bourgogne : "nous sommes les premières victimes du changement climatique, et nous sommes une partie de la solution, arrêtez de nous contraindre avec des normes". Vous lui répondez quoi ?

Il a entièrement raison. Et en fait, aujourd'hui, le principal problème des agriculteurs, c'est un problème de revenus. Vous voyez, en un an, le prix auquel ils vendent leur production a baissé de 9 %. C'est des revenus en moins, alors que les charges explosent. Ça, on le sait tous. Et dans le même temps, le prix auquel vous, moi, nous achetons au supermarché notre alimentation a augmenté de 7 %. Ça veut dire qu'au milieu, c'est les marges de la grande distribution de l'agroalimentaire qui explosent : +80 % en 18 mois. Et donc on est tous les dindons d'une même farce. Il y a 200 exploitations qui disparaissent chaque semaine dans ce pays, 200 exploitations par semaine. Il y a un à deux suicides de paysans tous les jours. Il y a 18 % de la profession qui vit en-dessous du seuil de pauvreté. Quand vous êtes à ce point acculé, évidemment que toute exigence, tout effort supplémentaire demandé est inacceptable. Et quand je vois qu'on avait choisi au gouvernement de taxer le GNR, le gazole non routier avec lequel ils font fonctionner les tracteurs, quand on parle de fiscalité incitative, normalement c'est pour aider à changer de comportement. Exemple on dit on va augmenter le prix du paquet de cigarettes, comme ça les gens seront incités à arrêter de fumer. Mais l'agriculteur et son tracteur, qu'est ce que vous voulez qu'il fasse? Il ne va pas moissonner en vélo, il va pas tout d'un coup dire j'achète un tracteur électrique, ça commence à exister, mais c'est encore très rare, très cher et inaccessible. Et donc on piégeait les agriculteurs, on les condamnés à payer puisqu'ils n'avaient pas d'autre choix que de payer plus cher sans alternative. Et ça, c'est pas ça l'écologie. Mais l'écologie telle que nous, on la conçoit, elle est indissociable de la justice sociale. Elle doit être juste pour être acceptable. L'écologie faite par les macronistes, pour le coup, c'est l'inverse et ça ne marche pas.

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