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Xebax Christy, président d'Euskal Moneta, veut convaincre les jeunes d'utiliser l'Eusko

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Alors que la monnaie locale fête ses 11 ans d'existence lors d'une fête à Espelette ce samedi, le président de l'association qui gère l'Eusko, Xebax Christy, est revenu sur les accomplissements, mais aussi les prochains objectifs d'Euskal Moneta.

L'Eusko est né en 2013 au Pays basque nord.
L'Eusko est né en 2013 au Pays basque nord. © AFP - GAIZKA IROZ

L'Eusko, première monnaie locale d'Europe avec 4 millions d'eusko en circulation (1 euro = 1 eusko), souffle ses 11 bougies à Espelette samedi 13 avril. L'occasion de revenir avec Xebax Christy sur les progrès effectués par cette monnaie locale, mais aussi sur ce qu'il reste à faire pour convaincre les consommateurs et les commerçants récalcitrants de l'utiliser. Le président d'Euskal Moneta était l'invité de la rédaction de France Bleu Pays Basque vendredi 12 avril.

France Bleu Pays Basque : pour commencer, comment ça marche l'Eusko ?

Xebax Christy : un Eusko c'est un euro et c'est très simple au niveau de l'utilisation. Il suffit de devenir adhérent de l'association (2 Eusko par mois, NDLR), puis d'aller dans le bureau de change ou d'utiliser l'Eusko numérique pour pouvoir ensuite consommer au quotidien. On peut utiliser les billets depuis 2013 et depuis quelques années maintenant, on peut payer par carte ou avec son smartphone.

Il y a quatre millions d'eusko en circulation.D'après vos chiffres, 4 000 particuliers et 1 400 professionnels utilisent cette monnaie. Est-ce que vous arrivez à une sorte de plafond ?

On n'est pas arrivé à un plafond puisqu'on est environ en gros à 1% de la population en termes de particuliers qui utilise la monnaie locale et c'est notre travail de tous les jours de continuer à développer l'utilisation de la monnaie, aussi bien le réseau de professionnels qui acceptent comme moyen de paiement que les particuliers. Et ça, ça passe par un travail quotidien d'animation, de contact avec les gens et d'explication du projet.

Il y a un peu ce cliché dans cette monnaie locale, restreinte à un cercle d'utilisateurs, de commerçants, que ça pourrait même se réduire au petit Bayonne. Comment fait-on pour développer son utilisation plus loin, que ce soit en Basse-Navarre, en Soule  ?

Évidemment, dans certaines zones, on est plus présent que dans d'autres, mais on est vraiment présents sur tout le territoire. Il suffit de regarder les annuaires de professionnels qu'on distribue pour chaque zone du Pays basque et on a des commerçants. Dans la plupart des villages et des villes du Pays basque, avec une grande diversité des activités : l'alimentaire, la restauration (...) la santé, le vestimentaire, les services aux entreprises… Mais effectivement, ensuite, on doit continuer à développer ce réseau de professionnels et notamment pour permettre une plus grande réutilisation par les professionnels qui pour certains n'ont pas beaucoup de fournisseurs sur le territoire.

Votre slogan pourrait convaincre certains profanes : "Choisir sa monnaie, c'est reprendre le pouvoir en main". Alors comment en payant en Eusko, on contribue à relocaliser l'économie et soutenir l'emploi local?

On va payer en Eusko et on passe cette monnaie au professionnel qui l'a encaissée. Lui-même va devoir la réutiliser sur le territoire. Et donc ça crée des circuits, des boucles locales en faisant circuler la monnaie, que ce soit les billets ou la monnaie numérique entre entreprises du territoire. On recrée ainsi des échanges et on permet à l'activité économique, à la richesse de se développer sur le territoire, au lieu de sortir.

Le problème, c'est que l'Eusko n'est pas pris dans les grandes chaines de magasins, comme les hypermarchés. C'est une étape qu'il va falloir franchir?

La grande distribution, par principe, est exclue de la monnaie locale puisqu'elle est néfaste pour le petit commerce, pour la dynamique des centres-villes. Donc notre charte exclut les chaines de la grande distribution. Par exemple, on ne va pas aller démarcher les commerces qui sont dans la galerie marchande de BAB2. C'est un principe, puisque l'Eusko défend certaines valeurs et en particulier de dynamiser les commerces de centre-ville et de quartier. Donc on ne va pas sur le registre de la grande distribution.

Vous disiez que vous faisiez un travail de terrain pour aller chercher les commerçants. Est-ce qu'il n'y a pas un public plus jeune aussi à aller chercher ?

C'est tout à fait vrai et ça passe notamment par la communication digitale, mais pas uniquement. Et ça, ça fait partie dans nos réflexions, des choses qu'on doit améliorer et sur lesquelles on doit travailler pour les mois et années à venir.

Est-ce que vous vous inspirez d'autres monnaies locales, comme Abeille dans le Lot-et-Garonne, Sol Violette à Toulouse ?

Les deux monnaies que vous venez de citer, ce sont les deux monnaies en France qui ont été étudiées et qui ont inspiré l'Eusko avant sa création. On a aussi beaucoup étudié le Chiemgauer en Allemagne, qui était la monnaie locale la plus développée en Europe à l'époque. C'est un système qui est inspiré de quelque chose qu'on a trouvé en Allemagne. Donc effectivement, il y a des échanges, notamment à travers le mouvement Sol, la Fédération des monnaies locales en France, pour s'échanger les bonnes pratiques et les bonnes idées et progresser ensemble.

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