D comme Débourrement

Alors, une question que se posent sûrement tous nos auditeurs : qu’est-ce que c’est au juste que le débourrement ? C’est le fait de ne plus être bourré ??

Alors non, pas tout à fait Alain : en fait, pour expliquer les choses, pendant l’hiver, les bourgeons de la vigne sont recouverts d’un duvet cotonneux qui les protège du froid. Eh bien on appelle ce duvet la « bourre » et le débourrement, c’est justement ce moment où les bourgeons vont commencer à montrer leur nez au tout début du printemps.

Et j’imagine que le printemps c’est un moment intense pour nos amis les vignerons

Oui tout à fait : c’est au printemps que les travaux dans les vignes reprennent. Et tout d’abord la taille des vignes : en général, plus on taille tardivement, moins on expose la vigne au risque de gel. Il y a d’ailleurs un ancien proverbe qui dit « Taille tôt, taille tard, rien ne vaut la taille de mars » car la taille de mars est la meilleure pour la vigne. Au printemps, les vignerons vont également commencer le travail des sols et désherber entre les rangs de vigne, ce qui est d’ailleurs un peu compliqué en ce moment car il tombe beaucoup d’eau…

Vous avez parlé du gel, c’est quelque chose qui inquiète beaucoup les vignerons bien sûr. A quelle période est-ce qu’il y a un risque de gel dans les vignes ?

Eh bien on est en plein dans la période car il gèle en général vers le début du mois d’avril, juste au moment où les bourgeons commencent à sortir et c’est pour cela que les viticulteurs restent très vigilants. Surtout une année comme celle-ci où la végétation a au moins 2 semaines d’avance à cause de l’hiver très doux que nous avons eu et des températures qui ont favorisé le débourrement précoce.

Et à partir de combien de degrés en-dessous de zéro le gel peut-il provoquer des dégâts dans la vigne ?

Eh bien la vigne peut tenir jusqu’à – 2°C mais au-delà elle va commencer à geler. Quand on parle de gel, en fait il y a deux types de gel. Tout d’abord les gelées blanches : elles arrivent généralement lorsqu’il y a très peu de vent et que le ciel est clair et on a alors une masse d’air froide en bas dans la vigne et de l’air chaud en hauteur. Mais ce que redoutent le plus les vignerons, ce sont les gelées noires : elle sont souvent accompagnées par un vent nord-est qui va littéralement brûler les bourgeons. En 2021 certains vignerons dans l’est du département, notamment à Vouvray, on par exemple perdu plus de la moitié de leur récolte…

Et justement, est-ce qu’il existe des moyens de lutte contre le gel pour les vignerons ?

Oui : vous avez tout d’abord les éoliennes. Ce sont des tours antigel qui vont brasser l’air chaud qui se trouve en hauteur pour le rabattre au niveau du sol et réchauffer la vigne. C’est le moyen de lutte le plus répandu et il permet de protéger environ 5 hectares de vignes lorsque les températures ne dépassent pas les – 4°C. Mais le moyen le plus efficace c’est l’aspersion : les viticulteurs installent un réseau de pompe et de tuyauterie qui permet d’asperger de l’eau sur les rangs de vignes. Le but c’est tout simplement de former de la glace autour du bourgeon pour maintenir sa température à 0°C et empêcher qu’il gèle.

Et vous avez aussi des vignerons qui allument des feux dans leurs vignes je crois?

En effet, c’est qu’on appelle les brûlots : ce sont des petits feux de paille qui permettent de faire remonter les températures dans les vignes. Les viticulteurs utilisent également des bougies antigel : c’est un moyen de lutte contre le gel assez efficace sur de petites surfaces mais l’inconvénient c’est que ces bougies ont une autonomie de 8 heures et que bien sûr cela ne marche pas lorsqu’il y a beaucoup de vent, comme lors des gelées noires. En tout cas on croise les doigts bien fort pour les viticulteurs pour qu’il ne gèle pas cette année.