"J'ai traîné cette honte toute ma vie" : Bernard, dernier condamné pour homosexualité en France

Près de 10 000 personnes ont été condamnées pour homosexualité en France entre 1942 et 1982, avec de la prison ferme dans 90% des cas. Bernard Bousset est le dernier. Il avait 23 ans. Il revient sur l'humiliation et la honte dans "C'est la vie".

En 1982, l'homosexualité est dépénalisée en France, juste après l'élection de François Mitterrand. Il faudra attendre huit ans de plus pour que l'Organisation mondiale de la santé (OMS) la raye de la liste des maladies mentales.

Derrière les faits, il y a les trajectoires de vie comme celle de Bernard. Jusqu'à ses 21 ans, l'homophobie de son père mais aussi de ses camarades de classe le rendent dépressif. Aujourd'hui, on parlerait de harcèlement. "On vivait comme des rats, on rasait les murs", se souvient-il. "Être homosexuel, c'était un délit, une maladie et un fléau."

Comment se relève-t-on d'années entières de violences homophobes ? A quoi ressemblait un procès pour homosexualité au milieu du siècle dernier ? Comment s'accepter et construire sa vie après un tel événement ?

Réhabiliter les condamnés pour homosexualité

En 1964, Bernard Bousset comparaît au tribunal de Bonneville, en Haute-Savoie. Sait-il qu'il sera l'un des derniers ? Dans la salle, il est moqué, hué. Il est condamné à payer une amende. Son homosexualité est rendue publique, son nom affiché dans la presse : "j'ai traîné cette honte toute ma vie".

Vingt ans plus tard, l'homosexualité est dépénalisée. La fête est de courte durée : le sida fait son apparition, et touche de plein fouet les communautés homosexuelles, qui vivent encore avec ses "fantômes", comme les appelle Bernard. Il raconte ces années noires, la perte de ses proches, de l'amour de sa vie.

Une proposition de loi visant a réhabiliter les personnes condamnées pour homosexualité en France et a reconnaitre la responsabilité de l’État dans cette persécution a été votée par le Sénat en novembre dernier. Contrairement à l'Allemagne, l'Hexagone n'indemnisera cependant pas ses victimes, les sénateurs ayant supprimé cette proposition du texte.