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L'expression "coup de Jarnac" ou la petite histoire du dernier duel judiciaire en France

Par
  • France Bleu

L’expression "coup de Jarnac" est relative au dernier duel judiciaire en France qui a eu lieu en 1547. Souvent associée à un coup tordu, à un coup déloyal, l'histoire de cette expression et surtout son sens sont souvent méconnus.

C'est à la cour des Valois, dans la France du XVIe siècle, que l'expression "coup de Jarnac" trouve son origine. Tout commence avec une rumeur que fait courir le futur roi Henri II sur des supposées faveurs entre Guy Chabot de Jarnac et sa riche belle-mère, Madeleine de Puyguyon. Devant un tel affront, Jarnac souhaite venger son honneur et demande réparation avec l'organisation d'un duel judiciaire.

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À cette époque-là, ces duels réglementés et encadrés sont placés sous l'arbitrage de Dieu. L'issue du combat détermine qui des deux adversaires a été désigné vainqueur par la justice divine. Ainsi, ce jugement suprême apporte la preuve de l'innocence de l'un des deux protagonistes.

Tout se passe loin de Jarnac

L'expression porte à confusion, car rien ne se passe à Jarnac, cette commune de l'actuel département de la Charente, mais bien au château de Saint-Germain-en-Laye dans les Yvelines.

En 1547, après l'avènement d'Henri II, Jarnac renouvelle sa demande et le duel est organisé pour le 10 juillet. Le roi désigne pour le remplacer son meilleur escrimeur, François de Vivonne, seigneur de La Châtaigneraie.

Jarnac assène un coup de revers à l'arrière du genou de La Châtaigneraie
Jarnac assène un coup de revers à l'arrière du genou de La Châtaigneraie - Dictionnaire Décembre-Alonnier

Les deux hommes s'affrontent sur l'esplanade de la résidence favorite du roi. Jarnac sort sa botte secrète et il assène un coup de revers spectaculaire à l’arrière du genou de La Châtaigneraie. Le champion du roi est défait et il succombe à ses blessures quelques heures plus tard. L'honneur de Guy Chabot de Jarnac est ainsi lavé de tout soupçon. Et le roi, touché par la mort de La Châtaigneraie, interdit désormais la tenue de ces duels judiciaires.

Cette prouesse devient alors synonyme d'une grande habileté au combat. Mais au XVIIIe siècle, cette expression change de sens dans le Dictionnaire de Trévoux pour devenir celle que l'on connaît aujourd'hui : un coup tordu, un coup déloyal. Pourquoi ? La raison est simple : Jarnac était protestant et le dictionnaire était publié par des jésuites, une congrégation catholique.

De la cour royale au jeu de société

Loin de la cour des Valois, vous pouvez, vous aussi, déstabiliser votre adversaire avec un "coup de Jarnac", mais ici au célèbre jeu de dames. Il s'agit tout simplement d'une combinaison pour capturer le pion de son adversaire.

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