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Féminisation de la course au large : 16 navigatrices en sélection à Concarneau pour prendre la barre d'un multicoque

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Un multicoque de 50 pieds va être confié à un équipage 100% féminin. L'entreprise MerConcept, à Concarneau, est à la manœuvre de ce projet qui voit une étape concrète se tenir à partir de ce lundi. Début avril, à Port-la-Forêt, des jeunes filles ont été sensibilisées à la course au large.

120 candidatures, 16 sélectionnées et au final 6 navigatrices accompagneront Francesca Clapcich à la barre de l'Ocean 50 120 candidatures, 16 sélectionnées et au final 6 navigatrices accompagneront Francesca Clapcich à la barre de l'Ocean 50
120 candidatures, 16 sélectionnées et au final 6 navigatrices accompagneront Francesca Clapcich à la barre de l'Ocean 50 - David Lupion / MerConcept

La course au large reste encore trop une affaire de garçons sur les multicoques, mais les initiatives fleurissent pour améliorer le taux de féminisation. Ce lundi, l'entreprise du navigateur François Gabart, MerConcept, à Concarneau, débute une deuxième phase de sélection pour confier la barre d'un Ocean Fifty, un trimaran de cinquante pieds, à un équipage exclusivement féminin de sept personnes. Quelque 120 candidates, de 30 nationalités différentes, se sont manifestées lors de l'appel à candidature. Seize sont retenues pour des tests cette semaine dans la ville bleue. Et il y aura, in fine, six élues vendredi soir pour accompagner l'Italienne Francesca Clapcich qui chapeautera l'équipage.

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Les femmes sont invisibles sur les multicoques

Aucune navigante ne figure au casting des Ultims, une seule (Audrey Ogereau, avec Erwan Le Roux sur Koesio) à celui des Ocean Fifty de la dernière transat Jacques Vabre, aucune ne fait partie des derniers équipages des Ultims partis à l'assaut du trophée Jules Verne exceptée une, Dona Bertarelli, pour faire des vidéos et des photos à bord du navire Sails of Change. Bref, les femmes ne sont actuellement pas invitées sur ces gros bateaux et il y a un énorme travail à accomplir pour leur mettre le pied à l'étrier des multicoques.

"Faire notre part vers plus de mixité dans la course au large"

C'est devant ce constat factuel et implacable que l'entreprise a décidé d'agir. "Nous sommes une entreprise à mission", rappelle d'abord Cécile Andrieu, directrice du département course au large chez MerConcept. "Nous avons à cœur de développer des projets fidèles à nos valeurs. Nous voulons aussi faire notre part vers plus de mixité dans la course au large. En plus, nous avons été confrontés à des problématiques concrètes sur l'exploitation de notre Ultim SVR-Lazartigue. Pour constituer un équipage mixte, avec une ou plusieurs filles, pour le trophée Jules Verne, il n'y avait pas tant de filles que cela qui ont beaucoup d'expérience, au large, en multicoque. Si on veut que ça devienne naturel de les voir là, que pouvons-nous faire, à notre échelle, pour constituer ce vivier ? D'où le projet UpWind."

"Il est assez inquiétant de voir des femmes ne pas pouvoir vivre d'un seul projet"

La déferlante de candidatures le prouve : le besoin est palpable. "On a eu du mal à arbitrer parmi ces 120 candidatures", s'excuse presque Louis Giard, chargé du projet. "Cela montre que le projet est au bon endroit et qu'il y a une réelle demande. Et, en même temps, il est assez inquiétant de voir des femmes, avec de tels palmarès et de telles expériences, ne pas pouvoir vivre d'un seul projet à ce jour en course au large. Et les voir devoir se positionner sur plusieurs projets pour vivre de la course au large."

Une navigatrice à la barre du bateau pour la Route du Rhum 2026

Six lauréates seront désignées vendredi soir pour accompagner l'Italienne Francesca Clapcich à la barre de l'Ocean Fifty. "Même si on vise la Route du Rhum en 2026 avec ce projet", soit pour une seule navigatrice, reprend Cécile Andrieu, "les indicateurs de performance sont placés sur le groupe qui sera retenu. On pourra les emmener au meilleur niveau en multicoque, et c'est là l'essentiel". Pour contribuer à la féminisation de la pratique sur ces gros bateaux.

Sensibilisation de jeunes filles à Port-la-Forêt

Début avril, un autre projet a permis à 13 jeunes filles âgées de 15 à 25 ans d'être sensibilisées à la course au large. À Port-la-Forêt, pour l'opération "le large au féminin", ces jeunes navigatrices de talent, issues de filières de voile légère, étaient conviées au pôle Finistère course au large, une usine à champions. L'idée germe en fin d'année 2023 dans la tête de Jeanne Grégoire, ex-navigatrice, et directrice de la structure, en voyant une désaffectation inexpliquée pour la détection organisée tous les deux ans pour confier un bateau de la classe Figaro à une jeune femme et l'accompagner à devenir professionnelle. "Fin 2019, pour la première édition, il y a eu 45 dossiers. Là, on a eu 17 dossiers", déplore-t-elle.

"Il est compliqué d'y accéder quand on n'a pas le réseau"

Peut-être en raison d'un manque de passerelle entre la voile légère pratiquée sur différents supports par ces sportives qui ne parviennent pas toutes jusqu'au haut niveau, et qui ne connaissent pas la course au large ou n'ont pas de contact avec ce milieu. "Il est compliqué d'y accéder quand on n'a pas le réseau", convient Jeanne Grégoire. "Autant il est facile de prendre un laser ou un catamaran l'été sur un bord de plage, autant ça ne l'est pas de prendre un bateau pour aller faire une croisière, il faut un environnement de personnes qui naviguent." Découverte à la clé sur l'eau, sur trois bateaux de la classe Figaro avec leurs skippers mobilisés (Louise Acker, Charlotte Yven, Victor Le Pape) pour l'occasion.

"La féminisation sera réussie quand, sur n'importe quelle série et y compris les Ultims, on aura des navigatrices"

Et en présence de Jean-Luc Denécheau, le président de la Fédération Française de Voile. "À l'heure actuelle, on est à peu près de 34% de femmes licenciées", rappelle-t-il. "Et on a l'avantage d'être un sport se pratiquant en mixité, avec beaucoup de classements non différenciés en compétition. Il faut que tout cela se sache. Et que de plus en plus de femmes viennent pratiquer la voile. On pourra dire que la féminisation de la course au large sera réussie quand, sur n'importe quelle série et y compris les Ultims, on aura des navigatrices."

Jean-Luc Denécheau, président de la FF Voile, était présent à Port-la-Forêt pour l'opération "le large au féminin"
Jean-Luc Denécheau, président de la FF Voile, était présent à Port-la-Forêt pour l'opération "le large au féminin" © Radio France - Nicolas Blanzat
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