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VIDÉO - Rugby : "Le clan Laporte se sert de la Coupe du Monde comme un totem d'immunité", Philippe Spanghero

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Il votera "non" au successeur que se désignera lui-même ce vendredi Bernard Laporte. Philippe Spanghero, dirigeant de la société Team One a rejoint ces derniers jours la liste d'opposition à Bernard Laporte "Ovale Ensemble".

Philippe Spanghero, ancien joueur et dirigeant de la société Team One, a rejoint ces derniers jours la liste d'opposition à Bernard Laporte "Ovale Ensemble". Il revient sur la grosse actu rugby de ce vendredi 6 janvier : le patron du rugby français, Bernard Laporte, récemment condamné pour corruption, va désigner le nom de son successeur.

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Vous venez de rejoindre la liste d'opposition à Bernard Laporte qui s'appelle Ovale Ensemble. Il aurait dû déjà démissionner, selon vous Bernard Laporte ?

Philippe Spanghero : Selon moi, puisque la gouvernance en place se cache beaucoup derrière la Coupe du monde 2023. C'est un évènement qui doit servir largement le rugby français sur ses territoires pour gagner des licenciés. Mais le rugby français marche par sa performance sportive et par ses valeurs. C'est un sport particulier et donc ce qui se passe est un peu antinomique et va de toute façon entacher la dynamique autour de la Coupe du monde.

Donc, selon vous, les valeurs sont actuellement bafouées ? On rappelle que Bernard Laporte a été condamné le mois dernier à deux ans de prison avec sursis pour avoir noué un pacte de corruption avec l'homme d'affaires et président de Montpellier Mohed Altrad. Selon vous, la présomption d'innocence ne lui suffit pas à rester en place en poste ?

Pour moi, non. Pour plusieurs raisons. La première d'abord, c'est que cette présomption d'innocence n'existe pas à l'international et tous les regards du monde vont être tournés vers la France pendant la Coupe du Monde. Notamment on peut citer World Rugby, qui est l'instance suprême, qui l'a démis immédiatement puisque c'est dans les statuts de World Rugby, ce qui n'est pas le cas de la Fédération française. Ce qui se passe est ubuesque aux yeux de tous à l'intrenational.

Votre groupe d'opposition dit que ce mode de désignation dont on va parler nous ridiculise aux yeux du monde entier ?

C'est la réalité, c'est ce qui se dit à l'international. La présomption d'innocence n'existe pas dans les autres pays et donc ça pose un vrai problème d'éthique.

Sauf que les statuts de la Fédération sont tels que Bernard Laporte va désigner son successeur qui va être validé ou non par tous les clubs de rugby qui vont voter à la fin du mois. Et qu'est-ce qui vous dérange dans ce mode de désignation ?

Il y a deux choses qui nous dérangent. La première, c’est que Bernard Laporte cristallise un peu tous les regards. Mais on a un problème avec la gouvernance de façon générale, puisque le comité directeur dans son ensemble a failli en cautionnant la politique de Bernard Laporte. Aujourd'hui, il s’est rendu coupable d'un abus de bien social en validant le fait que les frais d'avocat de Bernard Laporte soient pris en charge par la Fédération française de rugby. Donc tout ça, c'est de la responsabilité collective.

Mais là, quand même, le pouvoir est en train peut-être de changer de camp puisque les présidents de clubs vont dire si oui ou non ils sont d'accord pour que Patrick Buisson, le favori, succède à Bernard Laporte. Donc il n'a plus tous les pouvoirs Bernard Laporte ?

Il y a deux problèmes : le fait qu’un président choisisse lui-même son successeur. Ça pose quand même un petit problème d'éthique. Et deuxièmement, dans la proposition qui est faite de la part de Bernard Laporte, il dit 'on choisira des candidats jusqu'à ce que le OUI l'emporte'.

Donc, ce sera un candidat de son camp, évidemment ?

C'est bien ça qui pose problème aujourd'hui, c'est de dire que la démocratie doit s'imposer et les clubs doivent avoir le choix de la personne qui les représente.

Est-ce que vous appelez à voter non ou est-ce que vous appelez au boycott de ce vote ?

On appelle à voter NON puisque nous, on veut respecter les règles de la Fédération. Ce référendum, il est légal, donc on va le  respecter . Mais il faut que le camp Laporte entende que si un NON l'emporte, c'est un rejet de la politique de sa gouvernance.

Vous y croyez à ce Non ?

On y croit assez fortement.

On rappelle qu'il a été élu une première fois très facilement Bernard Laporte, beaucoup plus difficilement la deuxième ?

51% à 49% lors de la deuxième phase.

N'est-ce pas étonnant, Philippe Spanghero, que Didier Lacroix, président du Stade Toulousain, reste silencieux sur ce sujet ?

Oui et non. Didier Lacroix est à la Ligue nationale de rugby, siège au comité directeur de la Fédération pour le compte de la représentation des clubs professionnels. Aujourd'hui, aucun président de club professionnel ne s’est exprimé individuellement. Donc, ce qui est décidé au niveau de la Ligue nationale de rugby, de leurs points de vue, c'est d'avoir une prise de parole collective. Ils l'ont eu une première fois, demandant sa démission, et l'ont eu une nouvelle fois en disant qu'ils allaient à nouveau se porter partie civile.

Vous craignez sincèrement que la fête du Mondial de rugby, dans moins d'un an en France, soit gâchée par l'affaire Laporte ?

Je n’y crois pas beaucoup. En tous les cas, ce que je regrette beaucoup, c'est que le clan Laporte se sert de cette Coupe du Monde comme un totem d'immunité. Ils ont fait un travail en effet intéressant pour qu'elle ait lieu en France.

On lui doit quand même ce Mondial en France ?

On lui doit en partie le Mondial en France, mais je crois qu'en fait, ramener le sujet à savoir si c'est lui qui l'a eu ou pas, c'est un faux débat et enlève la question de fond. On a un événement qui est entaché par un sujet qui pose de vrais problèmes sur les valeurs qui font l'essence même de ce sport.

Sur l'image de l'équipe de France qui a le vent en poupe, qui n'a jamais été championne du monde faut-il le rappeler, ça peut nous jouer des tours dans ce Mondial ?

Je ne crois pas, pour l'instant. Dans tous les cas, ce qu'il faut que les gens comprennent, c'est qu'aujourd'hui, la Coupe du monde ne sera pas entachée. D'abord parce que Bernard Laporte est mis en retrait aujourd'hui. Donc, de toute façon, il y a une nouvelle page qui se tourne. Et pour finir, la Coupe du monde est la prérogative du GIP 2023, la Fédération française n'a aucune prérogative, d'intervention logistique ou de quelconque manière, dans la compétition en elle-même.

Les clubs votent à partir du 21 à peu près ?

Je crois que c'est du 23 au 27 janvier. Et donc aujourd'hui, on connaîtra le nom du candidat. Mais peu importe le nom du candidat, c'est philosophiquement qu'on appelle à voter non.

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