Passer au contenu

Champions Cup : pour Jean-Baptiste Elissalde, le Stade Rochelais a largement les moyens de battre le Leinster

Par

Le Stade Rochelais, vainqueur de la Champions Cup la saison passée face aux Irlandais du Leinster, va tenter de renouveler l'exploit ce samedi en finale à Dublin. Pour le Rochelais Jean-Baptiste Elissalde, entraîneur de Montpellier, les Maritimes ont largement les moyens d'y arriver.

Jean-Baptiste Elissalde, actuel entraîneur du MHR à Montpellier, ancien joueur de La Rochelle et de Toulouse. Jean-Baptiste Elissalde, actuel entraîneur du MHR à Montpellier, ancien joueur de La Rochelle et de Toulouse.
Jean-Baptiste Elissalde, actuel entraîneur du MHR à Montpellier, ancien joueur de La Rochelle et de Toulouse. © AFP - GAIZKA IROZ

Le Stade Rochelais joue ce samedi le Leinster à 17h45 en finale de la Champions Cup à Dublin. Après un titre la saison passée face à ces mêmes Irlandais, La Rochelle va tenter de conserver cette grande coupe d'Europe. Peu de clubs ont réussi cette performance dans l'histoire de la compétition.

  • Leicester en 2001 et 2002
  • Leinster 2011 et 2012
  • Toulon 2013, 2014, 2015
  • Les Saracens en 2016 et 2017

Avec cette deuxième finale de Champions Cup et ce titre à défendre, La Rochelle marche sur les traces de deux géants du rugby français : le Stade Toulousain, finaliste à trois reprises de la Coupe d'Europe en 2003, 2004 et 2005. Et puis, quasiment dix ans plus tard, le fameux Toulon de Wilkinson avec trois titres d'affilée. Jean-Baptiste Elissalde, ancien joueur du Stade Rochelais, de Toulouse et actuel entraîneur de Montpellier, nous livre, ce vendredi, son regard sur cette finale.

France Bleu la Rochelle : Quels souvenirs gardez-vous des deux finales de Coupe d'Europe auxquelles vous avez participé en tant que joueur au Stade Toulousain ?

Jean-Baptiste Elissalde : Ce dont je me rappelle, c'est que dès mon arrivée en 2003, Toulouse part en finale de la Coupe d'Europe, il me semble, contre Perpignan à Dublin. Malheureusement, je me suis blessé en demi-finale, mais je découvre la culture d'un club autour de la gagne (Toulouse avait battu l'USAP 22 à 17, NDLR). L'année d'après, je me dis :"Bon, c'est magnifique d'avoir fait une finale" (Toulouse s'était inclinée 27-20 face aux London Wasps). Et puis l'année d'après, on y retourne (Toulouse reprend le titre face au Stade Français, 18-12). En fait, tu t'aperçois que pendant une dizaine d'années, je crois qu'il y a eu cinq finales. C'est là qu'on voit les grands clubs. C'est de durer dans le temps. Mais ça arrive très peu. Ça arrive six fois au Leinster sur les quinze dernières années. Sinon beaucoup de clubs ont eu des périodes fastes et puis ont disparu malheureusement.

Jean-Baptiste Elissalde brandit la Coupe d'Europe à Toulouse après un nouveau titre du club en 2010.
Jean-Baptiste Elissalde brandit la Coupe d'Europe à Toulouse après un nouveau titre du club en 2010. © AFP - Romain Gabalda

Vous, vous avez gagné une finale et perdu une autre. L'amertume d'une finale perdue booste-t-elle pour la suite ou est-ce vraiment un moment où l'on est inconsolable ?

J'avais du mal à être très expansif dans la victoire et je ne l'étais pas non plus dans la défaite. Alors, inconsolable ? Non. Je me souviens de la boulette de Clément Poitrenaud contre les Wasps en finale à Twickenham. En fait, je suis plus ennuyé pour lui que pour nous. Je me souviens de la défaite contre le Munster à Cardiff où là, je suis plus frustré par la physionomie du match, l'arbitrage, que par notre défaite. Et puis, on avait toujours la chance de pouvoir rebondir en championnat la semaine d'après ou parce qu'on était souvent aussi qualifiés pour les phases finales de championnat. En fait, on avalait vite la victoire ou la défaite, et on passait vite à autre chose. Parce que dans le club, il y avait cette exigence de résultats et de toujours être au top. Elle perdure, et elle te pousse à vite basculer vers autre chose, quel que soit le résultat.

"Il faut y aller décomplexés"

Samedi à Dublin, La Rochelle va rencontrer une nouvelle fois le Leinster. Cette fois, le contexte est radicalement différent. On n'est plus au Vélodrome, à Marseille, en terre française. Là, on est à l'Aviva, le berceau de l'équipe d'Irlande également. Du coup, cette nouvelle finale entre ces deux mêmes équipes va être complètement différente ?

Différente, oui et non. Alors oui, parce que le Leinster joue à domicile, comme ils ont joué d'ailleurs leur quart de finale et leurs demi-finales. C'est assez paradoxal dans le rugby. On ne voit cela que dans ce sport-là, où on a "la chance" de faire tout un tableau de phases finales dans son stade, avec ses supporters. Du coup, le stade sera plein. Bien évidemment, il y a une revanche par rapport à l'année dernière. Mais, ce dont on ne se rend pas compte quand on a la tête dans le guidon, c'est qu'aujourd'hui, je pense que les Rochelais sont incroyablement costauds. Je pense qu'il faut y aller vraiment décomplexés, sans trop de respect pour ces joueurs-là qui vont évoluer chez eux. Les Irlandais auront certainement un arbitrage un peu plus favorable que d'habitude. Mais si les Maritimes sont costauds devant, solides en défense également, je pense qu'ils vont marquer avec cette équipe. Avec, en plus, un grand manager (O'Gara, NDLR) qui connaît très bien le Leinster, je pense qu'ils ont largement de quoi gagner ce deuxième titre d'affilée.

Ce match peut se gagner devant, par la conquête également, avec une grosse défense aussi, vous l'avez dit. Mais est-ce que ça peut se jouer aussi finalement sur le plan tactique ? Ronan O'Gara, on le sait, arrive parfois à faire des miracles sur ce plan-là.

(rires) La meilleure tactique de Ronan quand même, c'est de "défoncer" les mecs devant. Je crois que contre Exeter, il y a eu 19 rendez-vous collectifs, ballons portés, mêlées, et 17 ont été remportés par La Rochelle. Toulouse, par exemple, face au Leinster, a perdu cinq de ces six rendez-vous. Si La Rochelle arrive à gagner plus de deux tiers de ces rendez-vous collectifs, je crois qu'ils ne seront pas loin de l'emporter. Et après ? Stratégiquement, tu sais très bien que le gain du territoire est très important, et certainement qu'il va préparer un jeu au pied pour coincer le Leinster dans les coins, que sur les deux premières passes, les Irlandais ne puissent pas prendre de vitesse et poser leur schéma offensif. Le jeu au pied de Kerr-Barlow est très très bon en ce moment. Il est l'un des meilleurs au monde avec Antoine Dupont. Hastoy a l'alternance, et arrivera à trouver de la longueur au pied quand il le faudra. Dulin a un bon petit pied gauche, je pense que La Rochelle est bien rodée là-dessus.

"Le jeu au pied de Kerr-Barlow (à droite) est très très bon en ce moment. Il est l'un des meilleurs au monde" - Jean-Baptiste Elissalde.
"Le jeu au pied de Kerr-Barlow (à droite) est très très bon en ce moment. Il est l'un des meilleurs au monde" - Jean-Baptiste Elissalde. © AFP - Romain Perrocheau

Une troisième finale de suite pour une équipe de La Rochelle qui n'a découvert cette compétition qu'en 2017, c'est très récent, et c'est fulgurant comme ascension.

Je crois que c'est le fruit d'un long travail qui a commencé il y a bien longtemps. Ils ont pris le temps d'y arriver, de structurer le club. Le recrutement au fur et à mesure de ces années a été très bon. Les joueurs aiment la ville, et la ville le leur rend bien, les joueurs aiment les supporters, et inversement. Atonio, Botia, ou encore Sazy étaient déjà là en Pro D2. Des mecs qui sont le ciment de cette équipe. Je pense qu'ils ont bien travaillé, et ont tout simplement été récompensés. Il y a eu une bascule, à un moment, où quand tu arrives à gagner ces grands matchs, tu sais que tu peux le faire, il est plus simple de reproduire les choses. Je crois qu'aujourd'hui, il y a des bases très très solides. Donc, leaders du championnat, finaliste de la Champions Cup depuis trois ans, il n'y a pas de raison que ça s'arrête, j'espère pas en tout cas.

Ce samedi à 17h45, où serez-vous ?

Sûrement devant ma télé avec mon cahier. Avec bien sûr la fibre rochelaise, (Jean-Baptiste Elissalde est né à La Rochelle, NDLR) parce que ça me touche particulièrement. Mais j'essaie de regarder cela aussi avec l'œil du technicien. Je vais justement regarder les groupés pénétrant maritimes, voir si l'entraîneur du Leinster a trouvé des parades. Je vais voir comment Skelton va défoncer les portés irlandais... Je vais bosser en fait, regarder la finale comme un technicien plus qu'en supporter. Mais à la fin, comme l'année dernière, j'aurais quand même des frissons si La Rochelle l'emporte.

loading

undefined