Sept ans après, Mathis veut retrouver le supporter des Bleus qu'il avait consolé en finale de l'Euro 2016

La séquence ne dure que quelques secondes. Mais elle a fait le tour des réseaux sociaux et ému des milliers de personnes, le soir de la finale de l'Euro 2016 entre la France, pays organisateur, et le Portugal. Mathis Devilliers, un jeune supporter portugais, prend dans ses bras un fan des Bleus inconsolable après la défaite 1-0 des hommes de Didier Deschamps. Franco-portugais né à Auxerre, Mathis a grandi depuis : il a 18 ans maintenant, habite Aillant-sur-Tholon et aujourd'hui, il lance un appel sur les réseaux sociaux pour retrouver le supporter français, sept ans après.

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Un "gros câlin" qui a tourné en boucle

Retour à la case départ. Le 10 juillet 2016, sur la fan zone parisienne du Champs-de-Mars, Mathis est dans le camp des vainqueurs. Casquette noire vissée sur la tête et maillot de la Seleção sur les épaules, il est "comme un fou" au coup de sifflet final, qui voit le Portugal de Cristiano Ronaldo remporter sa première grande compétition grâce à un but cruel d'Éder à la 109e minute. "J'ai grandi dans un environnement portugais et en football, j'ai beaucoup plus d'émotions pour la sélection portugaise. J'étais heureux", rembobine pour France Bleu Auxerre le jeune homme, 18 ans depuis ce mois d'octobre. "Ma mère voulait partir, elle voyait des gens commencer à picoler, elle avait un peu peur. Et avant d'y aller, je croise ce supporter de l'équipe de France, inconsolable. Je le voyais pleurer depuis des dizaines de minutes."

Mathis "hésite" quelques secondes avant d'aller à la rencontre du fan tricolore en larmes. "Je lui dis que ça n'est pas grave, qu'il y aura d'autres opportunités de gagner des trophées. Et je pense que ça l'a beaucoup touché." Les deux supporters se prennent dans les bras pour une touchante accolade. "Un gros câlin, même !" Chacun trace sa route. Mathis passe "une nuit exceptionnelle" avant de se faire réveiller le lendemain matin par sa mère, "totalement folle, hystérique". Sur toutes les chaînes de télévision, la séquence de "gros câlin", captée par une caméra d'Euronews, tourne en boucle.

"C'était complètement fou, se souvient Mathis. Je ne me rendais pas compte et je crois même qu'à l'heure actuelle, je ne me rends pas compte de ce qu'il s'est passé. On était aussi dans une période de conflits entre supporters, après les attentats (de 2015) en plus. Dans le cœur des gens, ça a aussi redonné, je ne sais pas si c'est le bon mot, une once d'humanité. Ça a aussi montré aux gens que les personnes qui ont un bon fond, ça existe. Finalement, ça a donné un vrai message autour. Effectivement, ça réchauffe le cœur et c'est un souvenir exceptionnel que j'en garde."

Avis de recherche pour Anthony Vizzaccaro

Les médias s'arrachent le petit Franco-portugais. Peu de temps après, Mathis est même invité à Lisbonne par l'Office de tourisme du Portugal, en compagnie du supporter français. "Il a fondu en larmes quand il m'a vu à l'aéroport et m'a fait un énorme câlin. On a passé deux, trois jours ensemble, c'était un souvenir exceptionnel." Le natif d'Auxerre sera ensuite nominé pour le prix du geste fair-play de l'année, organisé par la prestigieuse fondation Laureus.

Sept ans plus tard, l'Icaunais amoureux de l'AJA, devenu tout juste majeur, n'a plus aucun contact avec le fan des Bleus qu'il a consolé. "Il s'appelle Anthony Vizzaccaro, révèle Mathis. Il avait des origines italiennes, il me semble. Mais je l'ai perdu, je ne sais pas où il est passé. Et c'est pour ça qu'aujourd'hui, je lance cet appel pour le revoir." Le jeune homme se souvient de "quelqu'un de vraiment très gentil, d'adorable, que j'ai beaucoup apprécié à l'époque".

Autre détail qui avait "choqué" Mathis, dans le bon sens du terme : "La France perd chez elle en finale de l'Euro contre le Portugal, et il ne me dit que du bien des Portugais juste après la défaite, qu'ils sont chaleureux, etc. Alors que j'aurais très bien pu tomber sur quelqu'un d'autre qui m'aurait dit : 'Le Portugal, c'est un pays de merde !' (rires) J'aimerais bien savoir ce qu'il est devenu, quel souvenir garde-t-il de tout ça. Discuter avec lui, tout simplement."

Un appel vu plus de 45.000 fois en à peine 48 heures

Son message pour retrouver Anthony, posté dans la nuit de samedi à dimanche sur le réseau social X, a été partagé en masse et vu plus de 45.000 fois. Mathis ne s'y attendait pas : "Effectivement, ça a pris un petit engouement ! Il était trois heures du matin quand j'ai diffusé le message, je me suis dit que je n'avais rien à perdre. Je ne pensais même pas que les gens se souvenaient de ça. Quand je vois certains commentaires, je me rends compte de la proportion que ça a pris. J'ai même lu quelqu'un écrire que la vidéo d'Anthony et moi avait 'adouci (s)a peine'. C'est fort quand même ! Mais ça fait plaisir."

Pour le moment, aucune nouvelle d'Anthony Vizzaccaro, originaire de Belfort et qui avait 25 ans à l'époque de la finale de l'Euro 2016. Pas de quoi entamer le moral de Mathis, qui a un message à délivrer au supporter des Bleus : "J'aimerais lui dire merci. Tous les deux, on a vécu une expérience extraordinaire. Ce qu'il s'est passé, c'est exceptionnel. Je n'ai même pas encore les mots. On aurait tellement de choses à se dire si on se revoyait. S'il nous écoute, s'il veut me revoir, c'est avec un grand plaisir."

Les recherches ne font donc que débuter. "Ce qui peut aider, c'est que j'ai son nom, positive Mathis. Et puis, je suis très actif sur X. Sur ce genre d'appel à l'aide, la communauté réagit assez vite. C'est un réseau social lié au partage qui, dans ce cas de figure, prend tout son sens. Je me dis, pourquoi pas ? Ce serait exceptionnel de pouvoir le retrouver."