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Coupe du monde féminine 2019 : le FC Sussargues, à la pointe du foot féminin dans l'Hérault

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En seulement 10 ans, le FC Sussargues-Bérange est devenu l'un des plus gros clubs de football de l'Hérault chez les filles. Une centaine de joueuses s'y entraînent, car le club est l'un des seuls à proposer des sections féminines à toutes les classes d'âge.

Une centaine de (très) jeunes femmes jouent au foot au FC Sussargues, ce qui en fait l'un des plus gros clubs de l'Hérault Une centaine de (très) jeunes femmes jouent au foot au FC Sussargues, ce qui en fait l'un des plus gros clubs de l'Hérault
Une centaine de (très) jeunes femmes jouent au foot au FC Sussargues, ce qui en fait l'un des plus gros clubs de l'Hérault © Radio France - Elena Louazon

"Ça a commencé avec une poignée de filles, les compagnes de mes joueurs. Elles voulaient jouer au foot aussi. _On pensait que ça ne durerait que quelques semaines__... c'était il y a dix ans_", sourit Nicolas Enjalric, l'un des entraîneurs du FC Sussargues-Bérange (FCSB). Son club est depuis devenu l'une des plus grosses équipes de football féminin de l'Hérault, le seul à offrir une équipe des U6 (les joueuses de moins de six ans) aux seniors (les joueuses de plus de 18 ans). Depuis trois ans, les dirigeants notent un vrai engouement. Elles sont aujourd'hui une centaine chaque semaine à venir s'entraîner au stade Jules Rimet. 

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Le long chemin pour changer l'image du foot féminin

Sur les bords du terrain, Nicolas Enjalric donne de la voix pour soutenir ses  joueuses. Elles ont pour certaines seulement 5 ou 6 ans. Un petit miracle pour le coach. "_Ça a été très difficile au début__. Les premières personnes qu'il fallait motiver c'était les mamans. Parce que pour les mamans, une fille qui fait du foot, souvent c'est un garçon manqué. C'était des clichés qu'on avait souvent. Petit à petit, parce que la Ligue, parce que la Fédération Française ont fait des efforts, le foot se féminise. Depuis deux trios ans on a vraiment une explosion"_. 

Au sein des sections, elles restent malgré tout nombreuses à avoir dû affronter l'opposition de leurs parents. Lola, 14 ans, a mis six ans à persuader sa mère de la laisser faire du foot. "Elle disait que c'était pas un sport hyper féminin, et qu'en plus j'allais me blesser, du coup elle ne voulait pas trop, regrette la jeune fille. J'ai beaucoup demandé, chaque année j'essayais. Elle a fini par accepter et maintenant tout va bien. Elle voit que je suis bonne dans ce que je fais et que je m'amuse". 

Ce changement de mentalité,  Jean-Claude Printant, le président du district de foot de l'Hérault,  l'attribue au travail de médiatisation et de professionnalisation mené par instances dirigeantes du football. "Je pense qu'on a passé un cap. Avant c'est vrai qu'on ne s'intéressait pas beaucoup aux filles. Maintenant on voit des matchs à la télévision. Ça incite les gens à venir voir, ça suscite de la curiosité et ça amène des licenciées." 

Esther, 8 ans, a été convertie au foot féminin par son grand frère, avec qui elle regarde les matchs à la télé. "Je trouve ça vraiment génial qu'elle ait osé !, se réjouit Peguy, sa mère, réquisitionnée tous les mercredis depuis un an pour l'emmener s'entraîner. Je suis très fière d'avoir une fille qui fait un sport considéré comme plutôt masculin. Moi je la pousse. Surtout que je trouve le foot féminin _bien meilleur, bien plus fluide, technique__, que chez les garçons. Et avec moins d'embrouilles aussi_". 

Un effet de génération

Partout en France le nombre de joueuses licenciées a explosé. À Sussargues, il a même triplé en cinq ans. Le club rassemble des filles venues de tout le département. Aujourd'hui les sections jeunes font le plein, mais malgré des séances portes-ouvertes, le président du club, Christophe Bayle, a toujours du mal à recruter des joueuses pour les sections adulte

"Celles qui devraient être senior maintenant, elles auraient dû démarrer le foot il y a quinze ans. Mais il y a quinze ans elles ne jouaient pas, c'était très compliqué. Il n'y avait pas d'équipe spécifique pour les filles, elles devaient jouer avec les garçons et beaucoup baissaient les bras. Les petites maintenant commencent à jouer entre filles dès le plus jeune âge, je pense que la plupart va continuer à jouer adulte. Donc petit à petit, on va réussir à rattraper le retard." 

Au FCSB, les filles peuvent choisir jusqu'à l'adolescence de jouer ou non dans les équipes de garçons si elles le souhaitent. La plupart préfère les équipes féminines, où l'état d'esprit serait plus solidaire, accueillant et moins à la compétition. Car même si l'ambiance a changé, les jeunes joueuses ne se sentent pas toujours totalement acceptées. "Pour les garçons, c'est choquant qu'on fasse du foot en fait", s'étonne Juliette, 12 ans. "Souvent ils nous disent qu'on est nulles, qu'on est pas faites pour ça et qu'on devrait faire d'autres sports, pour les filles, renchérit Alice, de l'équipe U14. Mais moi je m'en moque, ça me plaît ce que je fais et tant que ça me plaît, peu importent les critiques."

Les filles du FC Sussargues-Bérange représentent aujourd'hui un quart des membres du club. L'Hérault compte aujourd'hui plus de 2300 joueuses réparties parmi les 26 écoles de football féminin de l'Hérault.

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