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FC Sochaux : "Comment peut-on dilapider autant d'histoire en moins d'un an"

Les supporters et les salariés du FCSM sont sous le choc après l'annonce faite mardi soir : le club de football n'est pas autorisé à reprendre la saison en Ligue 2. Le dossier du repreneur Romain Peugeot n'est pas accepté par le CNOSF. Sochaux file vers la Nationale 3 et le dépôt de bilan.

Le 14 juillet, 3.000 personnes se sont rassemblées au stade Bonal pour soutenir le FCSM. Le 14 juillet, 3.000 personnes se sont rassemblées au stade Bonal pour soutenir le FCSM.
Le 14 juillet, 3.000 personnes se sont rassemblées au stade Bonal pour soutenir le FCSM. © Maxppp - Lionel VADAM

Ils vivent un cauchemar : après une longue journée de suspense, les nombreux amoureux du FC Sochaux-Montbéliard ont appris mardi 1er août que leur club était probablement condamné. Malgré le dossier de reprise présenté par Romain Peugeot, le CNSOF a rendu un avis défavorable au maintien du FCSM en Ligue 2.

L'avocat de Romain Peugeot et des investisseurs annonce un recours en référé devant le tribunal administratif. L'objectif reste que Sochaux puisse repartir en Ligue 2, mais les chances sont minces et les délais sont courts puisque le championnat reprend samedi.

Le FCSM risque une relégation en Nationale 3 (5e division) et la faillite pure et simple. Entre immense tristesse et colère, les supporters se sont succédés à l'antenne de France Bleu Belfort Montbéliard ce mercredi.

Pour Freddy Vandeckerkhove, intendant du FCSM, ce mardi n'était pas une journée comme les autres, même si l'équipe a réalisé en fin d'après-midi un entraînement normal. Mais "tout le monde était sur les réseaux" dans l'attente de l'avis du CNOSF. Et puis, "les supporters qui étaient présents ont dit 'c'est terminé, c'est fini. Il y a eu des cris et des hurlements".

"J'ai la haine"

Le représentant des salariés du club n'hésite pas à parler "de haine". "Comment peut on dilapider autant d'histoires en quasiment un an ?", proteste Freddy Vandeckerkhove, qui s'interroge sur la validation du budget par la DNCG en décembre 2022. alors qu'un énorme déficit s'est révélé en fin de saison.

Quel avenir pour les 150 salariés du club ? "Ce matin, il y a entraînement" répond Freddy Vandeckerkhove. Après c'est l'inconnue. Il soutient le recours annoncé par l'avocat de Romain Peugeot : "C'est dommageable d'avoir fait tout ce chemin et forcément de ne pas arriver au bout. Donc autant vraiment aller foncer. Et puis on sait jamais..."

"Sochaux est dans mes veines"

Si les propriétaires chinois qui se sont succédés depuis 2015, Ledus puis Nenking aujourd'hui, ont été mis en cause, les oreilles du patron de Stellantis ont sifflé ce mercredi matin. Jean-Claude Plessis, président historique du FC Sochaux-Montbéliard entre 1999 et 2008, a mis en cause Carlos Tavarès qui a vendu le club après presque de 90 ans de stabilité au sein de Peugeot : "Je lui en veux".

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Mêmes critiques de la part du journaliste de France Télévisions, David Sandona, fondateur des Parigots de Sochaux en 2013, "Sochaux est dans mes veines, mon sang est jaune et bleu" explique le Franc-Comtois, "je lui en veux à mort [à Carlos Tavarès] d'avoir tué ce club."

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Sochaux, "un monument du foot français"

Né 1928 dans le berceau du constructeur automobile Peugeot, Sochaux est un des fondateurs du premier Championnat de France professionnel, en 1932-1933. Son centre de formation a sorti nombre de joueurs majeurs et d'internationaux français ces dernières décennies. Le FCSM a à son palmarès deux titres de champions de France (1935, 1938), deux Coupes de France deux fois (1937, 2007) et une Coupe de la Ligue en 2004. Ce qui fait dire à Hervé Blanchard, la voix du sport sur France Bleu Belfort Montbéliard, que le club est "un monument du foot français".

Hervé Blanchard, 711 commentaires de matchs du FCSM sur France Bleu, s'avoue "dans la sidération""Il arrive des choses à Sochaux depuis huit ans [la vente du club par PSA], c'est fou à lier et on en arrive là aujourd'hui."

Sochaux, explique Hervé Blanchard, ce sont des "valeurs incarnées par tous ces salariés et l'investissement qu'ils ont mis dans ce club tous les jours. Ce travail de l'ombre, c'est ça Sochaux". Du fait de son histoire, de son palmarès, de son image, le FCSM "émet partout en France".

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Pour le journaliste sportif, l'avis du CNSOF est d'autant plus injuste que d'autres clubs ont été repêchés les saisons précédentes : "Quand on voit ce qu'on a autorisé à Lens il y a huit ans au détriment de Sochaux, c'est un pur scandale ! Quand on voit comment Bordeaux s'en sort l'année passée... C'est ça qui est vraiment très très dur, de se dire, encore une fois, c'est Sochaux qui prend pour les autres."

On s'est réveillé en se disant "nous avons fait un mauvais rêve "

Des supporters évoquent les grands noms du FC Sochaux au fil des décennies : Albert Rust, Teddy Richert, Bernard Genghini, Yannick Stopyra... Ils évoquent les valeurs familiales du club : les entraînements et les matchs partagés entre générations. Le Stade Bonal, c'est "leur deuxième maison".

"On s'est réveillé en se disant 'nous avons fait un mauvais rêve, c'était un cauchemar'. Mais non, c'est la réalité. Nous sommes vraiment anéantis", témoigne Mireille, la directrice des Lionnes de Bonal, qui a une pensée pour tous les salariés, le staff, l'entraîneur, les joueurs.

Ces témoignages "déchirent le cœur" d'Alexis Weigel, membre de Planète Sochaux, dont la "colère est immense en pensant à ces milliers de passions et souvenirs des rêves qui ont été piétinés". Après s'être déjà réunis à Bonal mardi soir, les supporters, salariés et amoureux des Jaune et Bleu se sont de nouveau donné rendez-vous ce mercredi matin en tribunes, à l'occasion d'un entrainement.

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