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Gérard Gili, avant la finale de la Coupe de France : "Éternellement... Allez l’OM !"

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Il est né à Marseille, il y a 63 ans. Il a été gardien de l'Olympique de Marseille, puis entraîneur du club. Même si sa carrière de joueur l'a emmené à Bastia, Rouen ou encore Alès, Gérard Gili transpire l'OM. Et son regard reste acéré avant la finale de la Coupe de France face au PSG ce samedi.

Gérard Gili en avril 2004
Gérard Gili en avril 2004 © Maxppp -

Il est aujourd'hui retraité. Des terrains et des bancs de touche. Lui, l'ancien gardien, doublure notamment de Jean-Paul Escale, à l'Olympique de Marseille. Gérard Gili a une longue et belle carrière derrière lui. Avec l'OM, il a été champion à deux reprises, en 1989 et 1990. Et il a même réussi le doublé, avec la Coupe de France, en 1989.

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Sa carrière sur le banc l'a emmené à Montpellier mais aussi à la tête de sélections nationales en Egypte et en Côte d'Ivoire. Et s'il est aujourd'hui posé près de Marseille, il ne rate pas une miette de l'actualité de son club de coeur.

Il nous a accordé un entretien, juste avant la finale de la Coupe de France, ce samedi 21 mai, entre l'OM et le PSG, au Stade de France.

France Bleu Provence : Depuis votre doublé Coupe/Championnat en 1989, jamais l’OM n’a à nouveau soulevé cette prestigieuse Coupe de France. Quels souvenirs gardez-vous de cette finale, et de cette saison ?

Gérard Gili : C’est loin, ça ne nous rajeunit pas ! Mais le souvenir est toujours aussi présent. Ça avait été une année exceptionnelle, on venait d’être sacré champion une semaine avant. On jouait en finale l’AS Monaco, une équipe qui jouait très bien, avec de très bons joueurs. Mais c’était pour nous l’occasion, vingt ans après, de réaliser le doublé, un doublé historique, et on ne s’est pas fait prier pour le faire.

"Une saison qui laisse un grand souvenir sur le plan humain."

FBP : Pour caractériser cette équipe, vos anciens joueurs évoquent une bande de copains qui marchait sur l’eau. C’était ça, son ADN ?

GG : On avait fait une saison exceptionnelle, avec un groupe qui s’entendait formidablement bien. Avec une intégration des jeunes du centre de formation qui a été facilitée par l’intelligence qu’avaient les grandes stars de l’époque. Effectivement, c’est une saison qui laisse un grand souvenir sur le plan humain.

FBP : Cette finale a aussi marqué les esprits parce qu’elle a été marquée par une avalanche de buts…

GG : C’est la plus belle, en tout cas l’une des plus belles de l’histoire, parce qu’il y a eu sept buts, du spectacle permanent, un jeu très ouvert, pratiquement pas de temps mort, des rebondissements, un Marseillais en face, Marcel Dib, qui nous claque deux buts. Et puis il y a eu une grande émotion à la fin, parce qu’on ramenait à Marseille le doublé. Et c’était quelque chose d’exceptionnel.

"La grande qualité de ce groupe avait été de comprendre que nous possédions en JPP le buteur numéro un."

FBP : Ce soir-là, Jean-Pierre Papin a sorti le grand jeu...

GG : Jean-Pierre avait marqué trois buts. Trois buts exceptionnels. Un homme des finales, un homme des grands challenges. Il le démontrait là, C’est une des premières fois où il commençait véritablement à gagner des trophées. Ce qui lui a ensuite ouvert la porte des grands clubs, et la Grande notoriété européenne qu’il a eue par la suite, notamment avec le Ballon d’or. On avait avec lui un atout exceptionnel. La grande qualité de ce groupe avait été de comprendre que nous possédions en JPP le buteur numéro un. Il fallait que les dix autres joueurs se mettent à son service pour le faire marquer, parce que c’est lui qui allait nous faire gagner les matchs.

FBP : Vos joueurs racontent qu’il ne tremblaient pas après chaque but de Monaco, qui s’accrochait pourtant.

GG : Oui effectivement, on avait se sentiment très étrange, presque, d’avoir gagné la finale avant de l’avoir jouée. Quand l’arbitre a sifflé le coup d’envoi, on n’était pas du tout inquiet, angoissé par le fait que ça pouvait éventuellement nous échapper. On était tellement fort dans nos têtes qu’on n’a pas été surpris de la gagner.

FBP : Comment s’est passé la journée, avant de rejoindre le Parc des Princes ?

GG :  Il n’y a pas eu de promenade. C’était très simple. On était surtout inquiet pour la participation de Karl-Heinz Förster (le défenseur international allemand, NdlR). Le matin du match, il ne parvenait même pas à se lever du lit. Il avait une pubalgie qui le clouait. On avait réussi à le remettre sur pied grâce àn une petite piqûre anesthésiante. Le médecin avait prévenu : il ne pourra tenir qu’une heure, ensuite ce sera pour lui absolument intenable. Et donc on avait les yeux rivés sur lui en seconde période. On le voyait commencer à se toucher le pubis, à grimacer. On lui faisait signe qu’on aurait compris qu’il demande à sortir. Mais on a eu un Karl-Heinz Förster qui a joué la dernière demi-heure en souffrant le martyr, sans jamais vouloir laisser sa place. Quand l’arbitre a sifflé la fin, je ne sais pas s’il aurait eu la force d’aller tout seul jusqu’au vestiaire. Il a fallu qu’on le porte.

"C'était le projet d'une équipe."

FBP : Comment l’avez-vous vécue, cette soirée,, sur le banc ?

GG : Sur le banc, j’étais intérieurement très fier. C’est un sentiment de fierté, mais de fierté par rapport au groupe, par rapport à cette ambiance qui avait fait la réussite de la saison. Un entraîneur, son principal boulot, c’est de faire jouer les uns pour les autres et de faire en sorte que le projet du groupe soit prioritaire, devant le projet individuel. Et la grande fierté justement, ça avait été de voir cette bande de copains. Il y avait des stars mais aussi des gamins qui jouaient il y a peu à l’Huveaune et qui là, un an après, soulevaient la Coupe de France. Tout cela était le fruit d’un travail quotidien, le fait de faire accepter aux uns et aux autres les défauts qu’ils avaient. C’était le projet d’une équipe. Il y avait quand même 40 000 Marseillais qui étaient montés pour voir ça. Moi qui suis issu de Château-Gombert, vous imaginez bien la fierté...

"On réécrivait l’histoire pour une nouvelle génération."

FBP : La bise de Jean-Pierre Papin à François Mitterrand, à la remise du trophée, c’est le symbole de ce groupe ?

GG : Ça fait partie de l’insouciance, de cette folie, qui régnait dans ce groupe, mais qui régnait aussi sur Marseille. Ce qu’on décrit là, c’est aussi l’ambiance qu’il y a avait dans la ville. Marseille venait d’être champion et allait peut-être faire un doublé vingt ans après. C’était une nouvelle génération de gamins qui allait connaître en fait ce que leur racontaient leurs parents. C’est ça qui était assez exceptionnel : on réécrivait l’histoire pour une nouvelle génération. Connaissant Jean-Pierre, et dans l’état d’euphorie où il était… Il venait de marquer je ne sais pas combien de buts ( ...), il était meilleur buteur de la saison. A la limite, ça aurait été anormal qu’il ne le fasse pas. On aurait tous été surpris. Parce que c’était dans l’air du temps

"Marseille, c’est un palmarès, et Paris c’est un peu contre ce palmarès-là qu’ils vont jouer."

FBP : 27 ans après, ça vous semble jouable pour l’OM face au Paris-Saint-Germain ?

GG : Tout le monde va vous dire que dans une finale, il peut se passer tellement d’éléments qui défient toute logique. Mais il faudra être très fort. Paris a une équipe largement supérieure, il faut le reconnaître. C’est le dernier match pour certains de ses grands joueurs, c’est la fin d’une époque. Et ce sont de véritables prédateurs, ils sont là pour gagner des titres et pas pour disputer des matchs de bienfaisance. Et puis il y a aussi quand même, qu’on le veuille ou non, l’ennemi historique : Marseille, c’est un palmarès, et Paris c’est un peu contre ce palmarès-là qu’ils vont jouer.

FBP : Si vous étiez dans la peau de Franck Passi, quels sont les mots que vous choisiriez dans votre causerie d’avant match ?

GG : Je dirais à mes joueurs que dans la vie il y a toujours des moments où on se lève le matin et où l’on n’est pas bien. Peut-être que ce soir-là, le PSG sera un petit peu moins bien, et il faudra en profiter.

"Jouer le match sans être passif, c’est déjà se donner une grande chance."

FBP : Avec la même agressivité que votre équipe était capable de mettre à l’époque ?

GG : Si on refaisait le match aujourd’hui, on finirait peut-être à sept. L’arbitrage n’était pas du tout le même. A l’époque, on avait presque l’autorisation de tuer deux fois le même joueur avant d’être sorti. Aujourd’hui dès qu’on éternue dessus, on prend un carton rouge et on rentre aux vestiaires. Ce qui est sûr, c’est qu’il ne faut pas être passif. Jouer le match sans être passif, c’est déjà se donner une grande chance.

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