Pau : la mairie lance une concertation pour rénover la rue Henri Faisans, commerçants et cyclistes inquiets

300 piétons, 280 voitures, 40 vélos et 10 bus l'empruntent chaque heure. La mairie de Pau a présenté ce lundi son projet de rénovation de la rue Henri Faisans qui relie, à l'est de Pau, le boulevard du général De Gaulle (route de Tarbes) au centre-ville. Des trottoirs élargis pour les piétons, une cinquantaine d'arbres plantés, une chaussée partagée entre cyclistes, bus et voitures, limitée à 30 km/h. Les commerçants de la rue s'inquiètent de voir pour cela disparaître une vingtaine de places de stationnement, quand l'association Pau à Vélo regrette l'absence de piste cyclable.

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Moins de places de stationnement, moins de clients ?

"Sans place de parking, le client ne vient pas !" Rue Henri Faisans, Vivhya Ramasany, patronne d'une alimentation, qui se gare déjà elle-même 10 minutes plus loin, dit-elle, tellement les places de stationnement manquent déjà, craint de ne plus attirer de clients. Les tatoueurs d'en face, eux, ne sont pas "en soi", dérangés par les travaux. "La rue n'est pas très jolie depuis un moment donc elle sera toujours plus agréable à voir avec de la végétation et des arbres, mais cela risque de restreindre la clientèle" s'inquiète Jérémie Coulombié, quand Matthieu Dupont ajoute : "Les gens vont avoir moins envie de venir en ville puisqu'ils ne pourront pas s'y garer, et tous les commerces vont avoir tendance à aller en périphérie. De toute façon, s'il n'y a personne, on bougera aussi".

Pour ce qui est du stationnement, le maire de Pau François Bayrou assure vouloir "limiter" la perte de places à une vingtaine. "L'important est que la ville apparaisse comme une ville qui n'est pas envahie de voitures, qui est accessible et accueillante. Que tout le monde y ait sa place".

Chaussée partagée, danger ?

L'autre point de discorde porte sur la zone 30, la chaussée partagée entre cyclistes, bus et automobilistes, limitée à 30 km/h comme elle l'est déjà. "C'est tout simplement illégal", dénonce Antoine Lefeuvre, de l'association Pau à Vélo. "La loi LOM [loi d'orientation des mobilités] indique que dans le cas d'une réfection de rue de façade à façade, ce qui est le cas ici, la collectivité est obligée de fournir un aménagement cyclable. Le fait de passer en zone 30 avec un gros pictogramme de vélo au centre, maintes jurisprudences ont montré que non, ce n'est pas un aménagement cyclable". Il rappelle que, selon le comptage fourni par la mairie, 70 % des automobilistes ne respectent pas la limitation à 30 km/h déjà en vigueur. "Cela ne sécurise pas les cyclistes et n'incite pas non plus les autres à venir en centre-ville à vélo", ajoute le militant.

Ce à quoi Michel Capéran, adjoint au maire de Pau en charge de l'urbanisme, de l'aménagement et des travaux, répond par le manque d'espace : "Une piste cyclable, c'est 2 mètres 50. Si vous voulez des trottoirs aux normes (1 mètre 50 à 2 mètres 20) à quoi on ajoute la plantation d'arbres (2 mètres également), nous avons souhaité, dans cette zone 30 d'entrée de ville, poursuivre en circulation partagée jusqu'au centre-ville". La municipalité n'exclut pas, à plus long terme, la création de pistes cyclables.

Jusqu'au 12 janvier 2024, une concertation est ouverte aux habitants et usagers, sous la forme de permanences d'élus et réunions publiques à la mairie notamment. Les lieux et horaires sont à retrouver ici.