La CGT veut "clarifier la situation financière" de la SPL Muvitarra

Le feuilleton de la SPL Muvitarra se poursuit : les syndicalistes de la CGT se disent inquiets de l'avenir de la société publique locale et alertent les usagers du réseau de transports en commun ajaccien.

En décembre, la Direction Régionale de l'Environnement, de l'Aménagement et du Logement (DREAL) avait adressé une lettre de mise en demeure à la société, indiquant qu'elle serait en situation de cessation de paiement au mois de juin, si la direction se révélait impuissante à redresser la barre. Une perspective funeste pour les salariés, comme pour les usagers :"S'il y a rupture de trésorerie, les Ajacciens vont se retrouver sans bus en centre-ville !", résume Marie-Blanche Nicolai, secrétaire générale de la CGT Muvitarra. Le syndicat a, par ailleurs, déclenché une procédure d'alarme sociale qui doit s'achever ce vendredi 18 avril, par une réunion avec la direction de la Muvitarra.

Déficit structurel

Les difficultés financières de la Muvitarra sont apparues rapidement après sa création, en 2016. Celle-ci a déjà bénéficié d'une recapitalisation en 2018 et en 2019. Selon la CGT, ce déficit serait dû à une mauvaise évaluation budgétaire, dès la formation de la société. Les comptes n'auraient ensuite jamais été rééquilibrés.

"On veut que la direction reconnaisse enfin son manquement à la gestion de la SPL. A la création de la SPL, en 2016, l'ancienne direction pointait du doigt le fait qu'il manquait un million d'euros par an au budget, ce qui a conduit à la recapitalisation de 2018 et 2019. En réalité, ça a juste couvert le trou qui avait été créé dès le départ."

Coûts supplémentaires

"La SPL a également dû supporter le coût des investissements tels que l'achat des distributeurs de tickets, d'un système de gestion du carburant, l'achat de moteurs et de boîtes de vitesse pour environ 350 000 euros par an", affirme la CGT dans un communiqué publié sur les réseaux sociaux.

"Ce déficit a continué de s'agrandir, notamment avec les créations de lignes non-rémunérées par la CAPA et assumées par la SPL, les investissements pour les moteurs, les boîtes de vitesse, toutes les infrastructures, qui devraient elles aussi incomber à la CAPA et qui sont imputées à la SPL pour un montant d'1,5 million d'euros", complète Marie-Blanche Nicolai. "S'il était investi par la CAPA, il couvrirait le déficit structurel."

"Le suremploi", pointé comme l'une des causes principales de dysfonctionnement par la direction de la SPL durant plusieurs années, est, selon elle, "est un faux problème". "La masse salariale, c'est un faux problème. Nous avons besoin de ces salariés, nous avons besoin de travailleurs administratifs, il n'y a pas de services de transport sans mécaniciens, sans chauffeurs de bus. Concernant l'absentéisme, le problème venait des conditions de travail. Il y a eu un nombre importants d'arrêts maladie qui est en train de baisser, petit à petit." En février dernier, Jean-André Miniconi, conseiller municipal d'opposition et administrateur de la SPL Muvitarra indiquait en effet que le taux d'absentéisme avait été réduit, passant "de 38% à 22%".

La CGT Muvitarra espère désormais des "solutions concrètes" qui permettront de préserver les emplois des 130 salariés de la société.

Sollicitée par nos soins, la direction de la SPL Muvitarra n'a pas souhaité répondre à nos questions, faisant cependant savoir qu'elle dévoilerait de nouveaux éléments prochainement.