Ardèche : 80 ans après, Vals-les-Bains commémore une rafle de Juifs par un groupe de collabos
Le 30 septembre 1943, vingt Juifs dont deux enfants du secteur de Vals-les-Bains sont arrêtés par un groupe de collaborateurs. Aucun d'eux ne reviendra d'Auschwitz. Il aura fallu attendre ce samedi 30 septembre 2023 pour qu'une plaque commémore cette rafle dans la commune ardéchoise.
Le 30 septembre à partir de 8 heures du matin, douze membres de l'association "Collaboration" de Nîmes débarquent à Vals-les-Bains dans le Sud-Ardèche. En deux heures, ils arrêtent vingt Juifs dont deux enfants. "Ils seront envoyés à la prison Saint-Pierre de Marseille avant d'être expédiés via les convois de la mort vers Auschwitz" explique Francis Barbe, historien amateur qui a travaillé sur cet épisode de la guerre grâce aux archives des tribunaux de la Libération.
A l'époque, l'initiative est partie du groupe "collaboration" de Nîmes. Il est une antenne locale de l'association nationale "collaboration" qui a essaimé dans les grandes villes françaises et dont l'objectif est d'appliquer en France la politique du 3e Reich. Le groupe est composé de notables qui n'hésitent pas à recruter quelques voyous pour accomplir leurs basses oeuvres.
"On a dû fuir en pyjama à 4 heures du matin" - Jean-Claude Picard, un des rescapés
L'un des membres du groupe sait que des Juifs se cachent dans le secteur de Vals-les-Bains. Aider par des miliciens de la région, ils parviennent à identifier les lieux. Le responsable du groupe est vêtu d'un uniforme de capitaine de l'armée allemande. Seize Juifs sont arrêtés. Puis les "collabos" sur dénonciation vont au hameau du Pestrin vers Pont-de-Labeaume où toute une famille, le père, la mère et les deux enfants, sont arrêtés. Cette rafle est menée de bout en bout par des français sans qu'aucune autorité allemande ne le demande ou ne prête main forte.
Une trentaine de Juifs vont pouvoir échapper à cette rafle : ils sont prévenus dans la nuit par des résistants. C'est le cas de Jean-Claude Picard et de ses parents. Ils se cachent depuis un an à Labégude. "On est parti vers 4 heures du matin en pyjama et en pantoufles" se souvient Jean-Claude Picard qui avait six ans. Il a conscience d'un danger mais bien sûr ne sait pas l'identifier. "Mes parents savaient que le soi-disant voyage vers l'Est préconisé par les allemands était un leurre total et c'était en réalité le chemin vers la mort." Pour Jean-Claude Picard et ses parents, ce fut ensuite une longue errance de ferme en ferme en Ardèche et dans les Basses-Alpes (aujourd'hui Alpes-de-Haute-Provence) jusqu'à la Libération.
Une cérémonie importante pour les rescapés
Il aura fallu attendre 80 ans pour qu'une plaque soit inaugurée à Vals ce samedi. Pour Jean-Claude Picard, c'est très important. "Ce qui est important, c'est que mes enfants viennent à cette cérémonie d'eux-mêmes. Ils m'ont dit : on veut participer à ce devoir de mémoire".
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