Une mère de famille bordelaise lance Handiroad, une appli GPS pour personnes en fauteuil roulant

Maman solo de trois enfants et entrepreneuse dans la Tech, Stéphanie Gateau cumule les difficultés. "En fait, je suis polyhandicapée, je suis atteinte de surdité, donc je lis sur les lèvres et j'ai une maladie neurodégénérative qui m'amène à être régulièrement en fauteuil roulant. Tout est très compliqué." Par exemple, lorsque la mère de famille âgée de 55 ans se déplace aux abords de la gare Saint-Jean à Bordeaux, un lieu accessible et pourtant...

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"Il faut savoir qu'il y a plein d'obstacles, ce qu'on appelle des points de rupture de déplacement. Ça peut être des grilles, des travaux, des pavés qui sont juste insupportables. Il y aura toujours des voitures mal garées sur le trottoir. Les graviers, c'est tout bête, mais ça empêche un fauteuil d'avancer."

Un outil collaboratif pour trouver un parcours alternatif

Pour éviter ces obstacles, Stéphanie Gateau et son fils, aidant de tous les jours, ont imaginé Handiroad. Actuellement en cours de développement, l'application s’inspire des logiciels de géolocalisation pour automobilistes et propose une cartographie en temps réel dont le principe est simple : l’utilisateur, qu’il soit valide ou non, s’inscrit et signale les obstacles.

"C'est une application mobile qui fait de la géolocalisation en temps réel pour identifier des zones de risques sur un trajet. Là, vous avez une poubelle, là vous avez une voiture, là vous avez des travaux qui bloquent, prenez ce chemin qui est plus sécurisé", explique Clément Blanchi, coordinateur du projet Handiroad depuis sa création en 2018.

"En fait, pour résumer symboliquement, l'objectif c'est d'être l'équivalent d'un Waze pour les personnes en situation de handicap qui ont du mal à se déplacer. Au lieu d'avoir les radars, la police ou un accident, et bien nous, on signale tous les obstacles qui nous entourent", ajoute Stéphanie Gateau.

Une appli plutôt que d'attendre la mise aux normes d'accessibilité

"C'est trop long de mettre tout aux normes, c'est beaucoup trop cher. Et les fameuses ruptures de déplacements ou les obstacles tel un chantier, les trottoirs étroits, en particulier à Bordeaux, etc., il y en aura toujours", estime l'entrepreneuse bordelaise.

"L'idée, c'était de se dire comment les nouvelles technologies peuvent contribuer à améliorer le quotidien. Et nous, on croit que la solidarité peut changer profondément le monde, espère Stéphanie Gateau. Sur Bordeaux, par exemple, on a eu toute la communauté des skateurs qui nous ont dit 'nous on connaît tous les trottoirs, donc on peut aussi participer sur cette appli'."

Le projet Handiroad s'appuie sur une communauté, "ce qu'on appelle nous des anges gardiens". Il s'agit de bons samaritains, des aidants bien souvent, des citoyens tout simplement, qui indiquent les obstacles et se rendent disponibles en cas d'alerte. "80 % des femmes en situation de handicap au quotidien sont victimes de violences, c'est un chiffre atroce", rappelle Stéphanie Gateau. Après avoir elle-même subi plusieurs graves agressions au cours de sa vie, la mère de famille a récemment lancé #MetooHandicap pour libérer la parole des autres victimes.

En quête de partenariats, l'entrepreneuse bordelaise lance aujourd'hui un appel aux collectivités et annonce une campagne de financement participatif afin de créer une nouvelle version de l'application Handiroad, de conception universelle, pour être accessible à tous.

En attendant, Stéphanie Gateau sera présente au Salon Viva Tech à Paris, après avoir été sélectionnée comme Coup de Cœur du développement par le groupe La Poste. Une nouvelle récompense après les 17 prix déjà glanés depuis 2018. "Sur 114.000 projets d'inclusions dans le monde, Handiroad est arrivé deuxième juste derrière une réalisation de Microsoft !"