Une association de Bouvron se bat contre la démolition d'un bâtiment du XVe siècle

Une querelle de clocher secoue la commune de Bouvron, 3.000 habitants, entre Nantes et Saint-Nazaire. Une association se bat contre la démolition prochaine d'un ensemble de bâtiments de 800 m² du centre bourg. Il s'agit de l'îlot Datin : des bâtiments à l'abandon datant principalement du 19e siècle. Seulement, au cœur de cet îlot, se cache une partie médiévale. L'Inrap a mis au jour des restes datant de la fin du XVe siècle, et notamment une chambre abritant une cheminée avec les armoiries de son propriétaire.

ⓘ Publicité

Un crépi noirci, des fenêtres cassées et le permis de démolir bien en évidence, aujourd'hui la façade de l'îlot Datin fait grise mine. De l'autre côté de la place, juste en face, Agnès Perrais qui tient le bar-tabac de la commune, se dit pourtant triste de le voir disparaître. "C'est un bel immeuble néoclassique, et je pense qu'avec un beau crépi restauré, on aurait un fleuron sur cette place", explique la commerçante, écœurée notamment par la démolition du bâtiment du XVe siècle de l'îlot Datin. "Ça, pour moi c'est une hérésie !"

Réhabiliter plutôt que démolir

Selon l'association Bouvron Patrimoine, la partie médiévale de l'îlot Datin aurait appartenu au secrétaire des deux derniers Ducs de Bretagne. "C'est une richesse d'avoir un élément médiéval comme celui-ci, resté dans son jus et qui nous parvienne directement du XVe siècle", estime le président de l'association Vincent Guiné.

La municipalité veut créer onze logements ainsi de que des commerces et une supérette sur les lieux. Sur le fond, l'association Bouvron Patrimoine n'est pas contre. "Au contraire !, lance Vincent Guiné. Évidemment qu'il faut un projet pour Bouvron, et certainement pas muséifier le bâtiment. On ne souhaite pas le mettre sous cloche."

Le projet n'est pas incompatible avec la réhabilitation de l'îlot Datin plutôt que sa destruction, insiste-t-il, évoquant l'option de transformer la chambre médiévale en lieu communal comme "une médiathèque" ou "un centre d'interprétation de l'Histoire de Bouvron".

Trop complexe et trop coûteux pour la mairie

Selon la municipalité de Bouvron, qui a mené une étude sur cette question, choisir la réhabilitation serait au contraire trop complexe techniquement et trop coûteux. "Les élus se doivent de prendre des décisions dans l’intérêt collectif, souligne le maire Emmanuel Van Brackel. La question est posée de la pertinence de conserver un bâtiment de si petite taille, de faible contenu visible de visiteurs, le très faible potentiel de mutation de ce bâti pour en faire un musée tel que proposé par l’association, sans compter les coûts induits qui seraient énormes, la nécessité d’avoir un ascenseur. Ce n’est pas réaliste. D’autant plus en cœur d’îlot."

De nouvelles fouilles de l'Inrap doivent être menées dans le courant de l'année. Quant à la cheminée du XVe siècle, la municipalité assure qu'elle sera "conservée" et "mise en valeur" pour les Bouvronnais.