Un jardin à Écouis pour 426 enfants juifs, survivants de Buchenwald
Un jardin mémoriel a été inauguré à l'institut médico-éducatif d'Écouis, dans l'Eure. Plusieurs centaines d'enfants et d'adolescents juifs, déportés dans le camp de concentration nazi de Buchenwald, y ont été accueillis en juin 1945 par la France à l'initiative de Geneviève de Gaulle-Anthonioz.
Josef, Mor, Sandor, Elie, Savi, Abraham... ce sont 426 prénoms et noms et prénoms inscrits sur le monument, créé par les chaudronniers du lycée Jean-Moulin des Andelys, au centre du jardin fleuri et arboré. "Ici ce n'était pas encore un IME, c'était un préventorium" rappelle la présidente de l'IME Chantale Le Gall et conseillère départementale des Andelys, "Geneviève de Gaulle avait sollicité son frère pour accueillir des jeunes juifs". À la libération du camp le 11 avril 1945, il y a environ 900 enfants et adolescents. 537 d'entre eux sont pris en pris en charge par l'OSE, l'Œuvre de Secours aux Enfants. 426 Polonais, Roumains, Tchèques, Hongrois, Lituaniens et Allemands, arrachés à l'horreur nazie, arrivent à Écouis le 6 juin 1945 après un périple de plusieurs jours en train.
Pendant deux ans, des adolescents de l'IME ont travaillé avec un artiste plasticien et l'équipe d'encadrement pour offrir ce jardin mémoriel. Ethan, 16 ans est visiblement marqué par l'histoire tragique qu'il a découverte : "Ça fait bizarre de savoir qu'il y en a qui ont survécu, c'est vraiment impressionnant" raconte l'adolescent de 16 ans.
Léo, 17 ans, a désherbé et planté des fleurs, presque un symbole : "C'est la vie pour tout le monde qui est revenue parmi nous" estime l'adolescent.
"Un retour à la vie sur les ruines"
Parmi les enfants de Buchenwald accueillis à Écouis, Israel Meir Lau, grand rabbin d'Israël de 1993 à 2003, Elie Wiesel, futur écrivain et prix Nobel de la Paix en 1986 ou encore Elie Buzyn. Sa plus jeune fille, Émilie, était présente pour l'inauguration, "la démarche me paraît magnifique, un retour à la vie sur des ruines" dit-elle avec sensibilité. Son père est arrivé à Écouis alors qu'il avait seize ans et est un de ceux qui a passé le moins de temps dans l'Eure, récupéré par son oncle dans des conditions rocambolesques : "Comme on ne voulait pas lui donner son neveu, il a sorti son flingue et l'a posé sur la table !" raconte Émilie Buzyn.
L'IME d'Écouis a été, malgré une arrivée difficile, un lieu de reconstruction pour les enfants de Buchenwald. "Ici, ils ont réappris à vivre" avance Émilie Buzyn, "c'était leur nouvelle famille, la plupart n'en avaient plus. Ils ont eu des belles vies après parce qu'ils ont été tellement soutenus et aidés" avant d'ajouter : "J'ai eu beaucoup de chances d'avoir un père comme le mien et tous ses amis sont des hommes fantastiques".
Elie Buzyn raconte ses souvenirs dans son livre "J'avais 15 ans - Vivre, survivre, revivre" publié en 2018.
À l'heure où sévit la guerre en Ukraine, "dans des lieux qu'on imaginait pas, il faut toujours se rappeler" estime Jean-François Guthmann, le président de l'OSE. Lieu de mémoire et de transmission, le jardin mémoriel d'Écouis sera notamment ouvert au public scolaire.
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