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TEMOIGNAGES - Crues, inondations, grandes marées : comment les habitants de Chaniers et de Rivedoux s'adaptent-ils ?

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La Charente-Maritime est toujours en vigilance orange pour les crues, ce lundi. Plusieurs communes sont inondées, comme Chaniers. D'autres villes comme Rivedoux sur l'île de Ré font face aux grandes marées. Comment les habitants s'adaptent-ils ? France Bleu La Rochelle est allée à leur rencontre.

A Chaniers, la vie s'organise. A Chaniers, la vie s'organise.
A Chaniers, la vie s'organise. © Radio France - Paul Caillaud

Apprendre à vivre avec les crues, parfois les pieds dans l'eau. Ce lundi 11 mars, la Charente-Maritime est encore en vigilance orange. Plusieurs communes, qui bordent le fleuve Charente sur son tronçon aval, sont inondées pour la troisième fois cet hiver. C'est le cas à Chaniers, près de Saintes. Le littoral charentais-maritime est aussi en vigilance jaune pour les vagues-submersion, à cause des grandes marées. Sur l'île de Ré, la commune de Rivedoux est en première ligne. France Bleu La Rochelle est allée à la rencontre des sinistrés, pour une matinale spéciale.

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À Chaniers, les habitants vivent leur troisième crue de l'hiver

À cause des inondations, la départementale 24 est fermée, en partie, à la circulation depuis mardi dernier. Difficile, donc, d'accéder à Chaniers, commune de 3.000 habitants sur la rive droite du fleuve Charente. Et ça affecte les commerces installés dans le bourg. Le premier à ouvrir le rideau, c'est Eric Ribero. Il tient le tabac-presse "Le Calumet" et il confirme : "À chaque inondation, les gens ne peuvent plus accéder jusqu'à chez nous, et ça se ressent sur notre chiffre d'affaires". Lui a perdu 18% de chiffres d'affaires en novembre. "En ce moment, je perds 10 à 12% chaque jour" soupire-t-il.

Il n'est pas le seul commerce à souffrir de cette nouvelle inondation. Jérôme Dechambre est le gérant du restaurant Le Moulin de la Baine : "On ne peut pas accéder au moulin, alors on a dû fermer". L'établissement n'avait pourtant rouvert ses portes que depuis peu pour préparer la saison. "Nous sommes habitué aux crues car le restaurant existe depuis plus de trente ans, témoigne-t-il. On sait qu'avoir une activité l'hiver, c'est vraiment compliqué".

Eric Ribero, est le gérant du tabac-presse Le Calumet. Jean-Christophe Doreau, le patron du camping Belle Rivière. Et Jérôme Dechambre, gérant d'un restaurant.
Eric Ribero, est le gérant du tabac-presse Le Calumet. Jean-Christophe Doreau, le patron du camping Belle Rivière. Et Jérôme Dechambre, gérant d'un restaurant. © Radio France - Paul Caillaud
Jérôme Dechambre a du fermer. En espérant une réouverture rapide.
Jérôme Dechambre a du fermer. En espérant une réouverture rapide. © Radio France - Paul Caillaud

"Chaque matin, je fais le tour du réseau routier de Chaniers pour voir si le niveau de l'eau a bougé". Florent Chasseloup est le seul policier municipal de la commune. Il est en première ligne pour aider les riverains inondés du village. "Ensuite je fais un tour des maisons qui risquent le plus d'être affectées par les crues, décrit-il. Et je rends visite aux habitants pour voir si tout va bien." Les habitants, justement, commencent à s'habituer aux crues à répétition. "On remarque sur cette crue-ci que les gens commencent à s'adapter, ils appellent beaucoup moins la mairie qu'avant pour avoir de l'aide". Depuis vendredi, la Charente a entamé sa décrue. Le niveau de l'eau a baissé de 30 cm malgré les grandes marées.

Florent Chasseloup fait sa tournée pour voir si tout va bien.
Florent Chasseloup fait sa tournée pour voir si tout va bien. © Radio France - Paul Caillaud

"On est un peu plus serein qu'on ne l'était le week-end dernier", confirme le maire de Chaniers, Eric Pannaud. Aujourd'hui, la commune a été reconnue en état de catastrophe naturelle au titre des inondations et coulées de boue survenues en décembre dernier. L'idée, c'est de faciliter les démarches des sinistrés auprès de leurs assurances. Trente maisons et une soixantaines de personnes étaient concernées.

Il y en a un dont l'optimisme résiste à toute épreuve. C'est le dirigeant du camping "Belle Rivière" de Chaniers, Jean-Christophe Doreau. Il a dû enfiler ses bottes et jouer à l'équilibriste sur des planches pour accéder à son bureau. Et pour cause : son établissement est inondé. L'eau atteint deux mètres de hauteur. "Le moral n'est pas tombé à l'eau pour autant !" sourit-il. Le directeur a pourtant dû annuler toutes les réservations qu'il avait pour le mois d'avril. "J'espère pouvoir rouvrir au 1er mai". Petit à petit, il tente d'adapter son camping aux intempéries : "On a des cabanes dans les arbres, et depuis deux ans, on installe des chalets sur pilotis. Cette semaine, ils n'ont pas été impactés par l'inondation".

Au camping de Chaniers, on s'est adapté.
Au camping de Chaniers, on s'est adapté. © Radio France - Paul Caillaud

Rivedoux redoute toujours les marées d'équinoxe

L'autre phénomène climatique qui pose question sur le littoral, c'est celui des grandes marées. Cette semaine, les grandes marées font leur retour. Mardi et mercredi, le coefficient sera de 117. Rivedoux-Plage est la première commune que l'on traverse en arrivant sur l'île de Ré. Elle réalise de nombreux travaux pour gérer les risques de submersion au mieux.

Patrice Raffarin est le maire de la commune. Lui et ses équipes ne sont pas très inquiets de cet épisode de vigilance jaune vagues-submersion "On redoute toujours les marées d'équinoxe, donc on s'attendait à être en vigilance jaune. On suit donc les indicateurs de très près." Et la ville s'organise. "On a des systèmes de batardeaux, des gros sacs avec du sable au niveau des cales de mise à l'eau. On fait aussi beaucoup de prévention auprès des populations" énumère-t-il.

Patrice Raffarin est le maire de Rivedoux-Plage où des équipements sont installés pour faire face aux grandes marées.
Patrice Raffarin est le maire de Rivedoux-Plage où des équipements sont installés pour faire face aux grandes marées. © Radio France - Vincent Schneider

Les habitants et les commerces aussi ont l'habitude de s'adapter aux grandes marées. Sébastien Bélier est ostréiculteur. Il décrit : "On est obligé de surélever tout le matériel de la cabane pour éviter que les huitres ne soient contaminées par les éléments extérieurs".

Le restaurateur Rémi Massé est plutôt rassuré par cette première journée de grandes marées. "Mais je resterai vigilant mardi, car je me souviens des intempéries de fin octobre début novembre, explique-t-il. Je me levais la nuit pour être sur que mon restaurant allait bien". Et il sait qu'il n'arrêtera pas de le faire de sitôt. Tous les ans, il s'inquiète quand il voit la dune reculer autour de l'île : "On se demande quand ça va se terminer cette histoire".

Sébastien Bélier est ostréiculteur à Rivedoux-Plage.
Sébastien Bélier est ostréiculteur à Rivedoux-Plage. © Radio France - Vincent Schneider

Il y en qui sont aux premières loges du spectacle des grandes marées : ce sont les élèves de l'école Isabelle Autissier de Rivedoux. Un des objectifs de l'équipe enseignante est de les sensibiliser à l'océan. "On essaie de ne pas véhiculer de choses anxiogènes aux enfants, modère la directrice Elisabeth Jouanny. On leur apprend à vivre avec l'océan tout en étant vigilant". Pour cela, des exercices sont organisés chaque année avec les élèves pour faire face aux risques de l'environnement.

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