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"1.000 euros à la retraite, c'est un minimum", selon des agriculteurs mayennais

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Le gouvernement propose une pension minimale de 1.000 euros nets par mois pour une carrière complète au Smic. Cette mesure s'appliquerait aussi aux agriculteurs. Actuellement un retraité agricole touche en moyenne 780 euros par mois pour un homme, 580 euros pour une femme selon la FNSEA.

Mickaël et Yves Olivier, deux générations d'agriculteurs mayennais.
Mickaël et Yves Olivier, deux générations d'agriculteurs mayennais. © Radio France - Charlotte Coutard

C'est une nouvelle semaine de mobilisation qui commence contre la réforme des retraites. La CFDT, la CFTC et l'Unsa rejoignent le mouvement. Les syndicats s'opposent à la mise en place d'un âge d'équilibre de 64 ans pour les départs à la retraite. L'âge légal de départ resterait fixé à 62 ans, mais l'âge de départ à un équivalent taux plein (appelé dans la réforme "âge d'équilibre") sera de 64 ans à partir de 2027. Il sera assorti d'un système de décote/surcote si la retraite est prise avant ou après cet âge-pivot.

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Ces syndicats demandent également une pension minimum plus élevée. Le gouvernement propose une pension minimale de 1.000 euros nets par mois pour une carrière complète au Smic. Cette mesure s'appliquerait aussi aux travailleurs indépendants et aux agriculteurs.  

1.000 euros pour vivre, est-ce suffisant ?

Actuellement un retraité agricole touche en moyenne 780 euros par mois pour un homme, 580 euros pour une femme selon la FNSEA, le syndicat agricole. Alors 1000 euros, est-ce suffisant ? France Bleu Mayenne s'est rendue à La Brûlatte chez Mickaël Olivier, éleveur de 70 vaches laitières.

"On se satisfait du peu, on est bon en calcul mental"

1000 euros, c'est justement le salaire que Mickaël Olivier se verse difficilement tous les mois, "pour 70 heures de travail par semaine, il ne faut pas diviser son salaire par le nombre d'heures, on se fait mal, on ramasse les miettes", raconte-t-il. Alors à la retraite Mickaël aimerait gagner un peu plus que des miettes. "1000 euros c'est un minimum, il faudrait que ce soit encore un peu plus à mon avis. Mais on se satisfait du peu, on est bon en calcul mental, faut tout le temps compter, avant de faire quelque chose, avant de se faire plaisir, il faut compter".

Ce qui inquiète Mickaël Olivier, c'est de devoir travailler jusqu'à 64 ans. Même si des dérogations seraient prévues pour les personnes qui ont commencé à travailler tôt ou celles exerçant des métiers usants (policiers, pompiers, militaires). Reste à savoir si les agriculteurs seront concernés. "Moi je travaille depuis mes 18 ans, si je dois travailler jusqu'à 64 ans ça fera 46 ans de cotisations, si en plus il y a des problèmes de santé en plus, ce sera difficile", ajoute l'éleveur.

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Mickaël a repris l'exploitation de son père, Yves, 70 ans, à la retraite depuis 13 ans. Il a été agriculteur pendant 26 ans, et salarié dans une boucherie pendant 17 ans. C'est ce qui lui permet d'avoir une retraite de 1200 euros par mois. "Quand je vois ce que les autres touchent je me dis après tout je suis un petit peu privilégié. Il faut se mettre à la place des gens qui ont travaillé tout leur vie qui touchent 800 euros par mois, ce n'est pas normal. Le monde agricole fait énormément d'heures de travail, alors 1.000 euros, on est obligé de reconnaître que c'est une avancée, mais pour moi ce n'est pas assez".

Il faut se mettre à la place des gens qui ont travaillé tout leur vie qui touchent 800 euros par mois

Yves et Mickaël espèrent que tous les retraités agricoles, sans exception, seront concernés par ces 1.000 euros de pension en 2022, même ceux déjà à la retraite. Selon les syndicats agricoles, l'application de cette mesure est encore floue.

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Une avancée selon la FDSEA, odieux pour la Confédération Paysanne

Que pensent les syndicats agricoles de ces annonces ? Dominique Morin est le porte parole du syndicat Confédération Paysanne en Mayenne. "Avec 1.000 euros, on ne vit pas, ils vont encore être obligés, comme durant leur vie active, de compter, de se serrer la ceinture, et de vivre de façon beaucoup plus modeste que plein de gens qui ont travaillé certainement moins dur. Petit pendant ta vie active, tu resteras petit pendant la retraite. C'est un moyen de permettre aux gens qui ont des revenus importants de continuer à avoir des trains de vie très supérieurs aux autres, alors que ce n'est pas en adéquation avec la dureté et la quantité de travail fournie. Ça me blesse quand j'entends parler de justice en prétendant saupoudrer un peu de supplément aux gens qui ont des retraites que je pourrais qualifier de minables, c'est odieux".

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Claude Charon est le responsable de la section des retraités anciens exploitants agricoles à la FDSEA de la Mayenne.

"Les 1.000 euros sont nécessaires pour les chefs d'exploitations mais aussi pour les conjointes qui ont participé à la vie de l'exploitation. C'est une nette avancée, c'est quand même conséquent. Ça permet aux agriculteurs de partir dans des conditions décentes".

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