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Polémique : Les élus peuvent-ils participer à la procession mariale du 15 août à Metz ?

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La polémique gonfle à l’approche du 15 août. Des élus messins comptent participer à la procession mariale et/ou à la commémoration de la résistance des Messins face à l’occupant nazi. Une fête à la fois religieuse et patriotique à laquelle la présence des élus déplaît à l’association « Les Profanes ».

Procession place St Jacques à Metz
Procession place St Jacques à Metz © Radio France - François Pelleray

Le 15 août 1940, le religieux et le patriotique se retrouvaient à Metz. Pendant la nuit, et contre l’interdiction de rassemblement instaurée par l’occupant nazi, les Messins se sont rassemblés silencieusement aux pieds de la statue de la Vierge Marie, sur la place Saint-Jacques, en plein centre-ville. Par terre, ils déposaient des gerbes de fleurs, bleues, blanches et rouges, aux couleurs du drapeau tricolore, symbole de leur soutien à la République française occupée.

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Depuis, le 15 août est à la fois jour de cérémonie religieuse et de commémoration patriotique. Un mélange des genres qui crée la polémique.

Le 15 août à Metz : une cérémonie religieuse et patriotique

Parmi les élus messins qui participent à la procession mariale du 15 août, il y a Denis Jacquat, député mosellan (UMP) . Lui participe à la fois à la cérémonie religieuse et à la commémoration patriotique. « Je dois y aller depuis l’âge de quatre ou cinq ans, et j’y allais quand j’étais plus jeune avec mes parents. Et devenu élu, je ne vois pas pourquoi je changerais mes habitudes à ce propos. »

Plus prudents, certains élus ne participent pas à la messe du matin, dans la Cathédrale Saint-Etienne, mais seulement à la commémoration patriotique, sur la place Saint-Jacques, qui se situe tout de même aux pieds de la Vierge Marie – fidélité historique oblige. Parmi eux, Dominique Gros, le maire de Metz (PS) .

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Un mélange des genres polémique

Mais pour l’association « Les Profanes », les aspects religieux et patriotique ne peuvent pas être distingués. Vincent Morel, le Président de l’association , explique son propos : « Ce n’est évidemment pas une cérémonie patriotique. Chaque personne qui peut assister à cette cérémonie constate bien qu’il s’agit d’une cérémonie religieuse, dirigée d’ailleurs par l’évêché de Metz. » Et par conséquent, pour lui, les élus de la République française ne devraient pas participer à une cérémonie catholique.

Une opinion plutôt marginale aujourd’hui rejointe par l’adjoint au maire de Metz délégué à la Citoyenneté et à la Démocratie participative . « Dans une manifestation qui se veut patriotique, on récite le « Je vous salue Marie », * dit Thomas Scudéri . Je suis désolé, mais force est de constater que l’armée ne récite pas le « Je vous salue Marie ». »* L’élu n’a jamais participé aux commémorations du 15 août – au moins – depuis son élection en 2008. Il a choisi ce qu’il appelle la deuxième solution pour respecter la laïcité de la république française – n’aller à aucune cérémonie religieuse. La première solution étant d’aller à toutes les cérémonies de toutes les religions.

Une manifestation et une contre-manifestation à Metz le 15 août

En marge de cette manifestation, l’association « Les Profanes » , qui milite pour l’instauration d’une laïcité totale en Alsace-Moselle, organise une contre-manifestation en même temps et au même endroit depuis 2013. Cette année, le Préfet de la région Lorraine, Nacer Meddah, a décidé de déplacer leur manifestation sur la Place d’Armes, pour prévenir d’éventuels troubles à l’ordre public. Mais l’association le perçoit comme une attaque à leur liberté d’expression.

Ses responsables avaient décidé de manifester sur la Place Saint-Jacques, contre la décision du Préfet. Mais après réflexion, ils ont préféré organiser une manifestation sur la Place d'Armes, comme demandé par le Préfet. Le nouvel ordre du jour, c'est de commémorer « le décès de la laïcité » , ainsi que précisé dans un communiqué publié sur les réseaux sociaux.

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Laïcité ou concordat, il faut choisir

C’est l’opinion de l’association « Les Profanes ». La polémique autour du 15 août est liée à l'opposition grimpante au concordat.  Pour les opposants de cette fête religieuse, le régime concordataire est permissif dans le sens où les élus peuvent exprimer leur appartenance religieuse. Alors la solution, pour l'association, ce n'est pas seulement de dénoncer la participation des élus à cette fête catholique, mais de remettre en cause le concordat.

En Moselle, dans le Bas-Rhin et le Haut-Rhin, l’Etat et les Eglises ne sont pas séparées , car ces trois départements sont soumis à un régime concordataire, en cours depuis 1801 et signé à l’époque par Napoléon Bonaparte et Pie VII. Ni l’annexion des trois départements par l’Allemagne en 1870, ni leur reprise au sein de la République française en 1919 n’a remis en cause ce régime. Les cultes catholique, protestant et juif y sont donc organisés et financés par l’Etat. Et pour l’association « Les Profanes », cette situation est inconcevable dans une République laïque.

De son côté, l’élu Thomas Scudéri s’interroge : « Est-ce qu’il n’est pas venu le moment de remettre à plat la notion de laïcité, de vivre-ensemble, de construction de dynamique commune ? C’est ça l’Etat, c’est ça la République. »

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