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20 ans après, "AZF est devenu un lieu d’espoir" pour Philippe Douste-Blazy, ancien maire de Toulouse

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Il ne sera pas présent à la cérémonie de commémoration de la catastrophe AZF mardi prochain mais il fut l'un des acteurs majeurs de l'époque. Philippe Douste-Blazy était le maire de Toulouse le 21 septembre 2001. Plus que les souvenirs, l’ancien élu veut parler d’héritage.

L'ancien maire de Toulouse, Philippe Douste-Blazy, était en fonction le 21 septembre 2001, le jour de la catastrophe d'AZF. L'ancien maire de Toulouse, Philippe Douste-Blazy, était en fonction le 21 septembre 2001, le jour de la catastrophe d'AZF.
L'ancien maire de Toulouse, Philippe Douste-Blazy, était en fonction le 21 septembre 2001, le jour de la catastrophe d'AZF. © Maxppp - EFE/Salvatore Di Nolfi

Quand Philippe Douste-Blazy parle de l’explosion de l’usine AZF, c’est avec la froideur et la distance du cardiologue qu’il fut. Clinique. Pourtant, l’élu était au cœur de la crise, "du chaos", décrit-il. Ce matin-là, à 10h17, les fenêtres de son bureau au Capitole sont soufflées. Il lui faudra plusieurs minutes avant de comprendre que cela vient du site pétrochimique. Philippe Douste-Blazy raconte volontiers comment il s’est rendu sur place avec son chauffeur, comment "les quatre pneus de la voiture ont crevé sur les débris au niveau de la rocade" . Il raconte aussi les salariés de l’usine qui "sortaient blessés, parfois avec des bouts de verre dans la carotide". 

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"Tout ça m’a mis dans la situation du chirurgien que j’ai été. Je suis resté calme. J’ai agi pour organiser les secours", Philippe Douste-Blazy

Un maire en colère

Organiser les secours, le relogement des sinistrés ou les travaux, l'élu UMP n'a rien oublié. Aujourd’hui encore, l’ancien édile salue le travail des personnels soignants "qui ont travaillé non stop pendant quatre jours et quatre nuits pour prodiguer les premiers soins". Il salue aussi "la solidarité des Toulousains"

Philippe Douste-Blazy n’a pas oublié non plus les moments tendus au cœur du rude hiver 2001-2002 quand il recevait les doléances des sinistrés "sans fenêtre" (30.000 logements endommagés) et transis de froid. Les doléances tournent aux critiques mais Philippe Douste-Blazy ne s’attarde pas sur ces reproches. Sa voix s’anime : "Moi le premier je critique évidemment tous ceux qui sont incapables de changer les vitres ! Enfin, c’est incroyable ! Je me mets en colère, ça ne va pas assez vite. Mais ce sont les assureurs !" . 

L’ancien maire affirme également que Toulouse n’a pas pâti de la cohabitation au sommet de l’État entre l’Élysée et Matignon. Le préfet de l’époque a confié à France Bleu Occitanie son regret de n’avoir pu réunir Jacques Chirac et Lionel Jospin ensemble sur le site pour marquer la solidarité et l’unité nationale. Pour le maire UMP d’alors, l’essentiel est que le président de la République et le Premier ministre soient venus à Toulouse. 

Douste-Blazy esquisse un héritage

Vingt ans après, Philippe Douste-Blazy ne revendique pas le terme d’héritage en tant que tel mais c’est ce que l’on comprend entre les lignes quand il parle de l’après AZF. Il rappelle qu‘après la catastrophe, il fait un choix : "je décide de faire payer AZF avant tout procès. Souvenez-vous du naufrage de l’Amoco Cadiz quelques années plus tôt. Dix ans après la marée noire, il y avait une absence totale de réparation parce que les grosses entreprises pouvaient payer les plus grands avocats internationaux et que les collectivités locales ne le pouvaient pas. Donc j’ai voulu qu’il y ait un paiement immédiat de tout le mal qui nous avait été fait et qu’il n’y ait aucun impôt des Toulousains là-dessus".

"J’ai voulu qu’il y ait un paiement immédiat de tout le mal qui nous avait été fait."

Total, propriétaire de la filiale Grande Paroisse qui exploitait l’usine de la route d’Espagne, versera plus de deux milliards d'euros d'indemnités aux particuliers (parfois au prix d’un long bras de fer) et à la collectivité. Le Zénith, le stadium, ou le lycée Galliéni seront assez rapidement reconstruits. Mais vingt ans après, certaines victimes bataillent encore pour obtenir réparation, selon l’association des sinistrés du 21-Septembre. 

"Faire du lieu de meurtrissures, un lieu d'espoir"

C'est ce qui a guidé Philippe Douste-Blazy après la catastrophe. Cardiologue de profession, il lance l'idée de l'Oncopole. En 2003, alors que Jacques Chirac lance le plan cancer, le maire de Toulouse saisit l'occasion de tourner la page AZF malgré l'opposition de salariés qui veulent rouvrir une partie de l'usine. 

Philippe Douste-Blazy convainc Pierre Fabre, le patron du groupe pharmaceutique castrais, d'installer des laboratoires au sud du site. L'institut Claudius Regaud déménage du centre ville de Toulouse, rejoint par les services du CHU et une constellation de start-up dans le pôle de compétitivité. 

L'Oncopole est opérationnel en 2014. Pour l'ancien maire de Toulouse, le pari est gagné : "récemment, l‘une des plus grandes structures qui regroupe des start-up en biotechnologie a choisi deux villes pour se développer : Seattle et Toulouse. Donc oui, avec l’Oncopole et ses 110.000 consultations par an, la plupart des gens sont en train de comprendre que Toulouse ne pouvait pas continuer à être uniquement sur un seul pied - l’aéronautique - et je suis persuadé que le monde de la santé, le monde de la santé prédictive, le monde de la recherche médicale, de l’intelligence artificielle seront l’avenir aussi de Toulouse".

L'Oncopole de Toulouse s'étend aujourd'hui sur 220 hectares au sud du site AZF. Plus de 2.000 personnes y travaillent, c'est l'un des plus grands centres de recherche sur le cancer en Europe.

Ce mardi 21 septembre, Philippe Douste-Blazy sera au siège des Nations unies à New-York dans le cadre de ses fonctions de directeur du fond UnitForLife. "Je ne peux hélas pas être partout, mais j‘aurais une pensée pour Toulouse, comme chaque 21 septembre".

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