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Pédophilie dans l'Église : le processus d'indemnisation est "stratosphérique d'incompétence" (François Devaux)

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Il y a un an jour pour jour, le rapport Sauvé révélait l'ampleur de la pédophilie dans l'Eglise et lançait un processus d'indemnisation. Mais celui-ci est à la peine. "C'est stratosphérique d'incompétence", juge même le Lyonnais François Devaux, fondateur de l'association La Parole Libérée.

François Devaux, figure de la libération de la parole des victimes de violences sexuelles de la part de prêtres François Devaux, figure de la libération de la parole des victimes de violences sexuelles de la part de prêtres
François Devaux, figure de la libération de la parole des victimes de violences sexuelles de la part de prêtres © Maxppp - Joël PHILIPPON

Un an jour pour jour après la publication du rapport Sauvé sur la pédophilie dans l'Église, où est-on en ce 5 octobre ? On pense notamment en Isère aux victimes du père Louis Ribes, ce prêtre surnommé "Le Picasso des églises" et qui a abusé de dizaines d'enfants notamment lorsqu'il exerçait à Vienne. Un an après, le niveau d'indemnisation est loin d'être suffisant, estime sur France Bleu Isère François Devaux, le fondateur de l'association lyonnaise La Parole Libérée.

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France Bleu Isère : Cela fait un an jour pour jour que le rapport Sauvé a fait le point sur le fléau de la pédophilie dans l'Église et sur les indemnisations nécessaires. Un an après, quel bilan vous en faites ?

François Devaux : Le travail de la Cimade avait été vraiment exemplaire, sur la forme, dans son organisation, dans le chemin pris pour les conduire vers la vérité. Mais si c'était vrai sur la Ciase (Commission indépendante sur les abus sexuels dans l'Église), à l'inverse ,je crois est vrai pour les deux instances qui tentent de réparer ces crimes sexuels de masse, mais en bâclant les principes élémentaires de la réparation.

En un an effectivement, l'Instance nationale de reconstruction et de réparation a reçu un millier de demandes d'indemnisation de victimes et n'a pris que 60 décisions de réparation. Pourquoi aussi peu, l'Église traîne des pieds ?

Alors ce n'est pas tant les 60 dossiers de réparation le problème, c'est plutôt le millier de dossiers. Quand la Ciase compte 10.000 témoignages directs et qu'elle fait une enquête en population qui révèle 200.000 à 300.000 victimes en France, le fait de ne recevoir que mille dossiers à traiter, ce sont des chiffres assez ridicules.

Il faut comprendre que dans le fonds de solidarité et de lutte contre les agressions sexuelles sur mineurs (Selam) de 20 millions, il n'y a que 5 millions attribués pour l'indemnisation des victimes. Le reste du montant était censé être des frais de formation, des frais de publicité. Je vous défie de trouver un seul site internet d'un diocèse qui parle, en première page, de ces instances de réparation. Quand on ne veut pas, en fait, on n'y arrive pas. Et j'en viens à me demander si finalement ce n'est pas la stratégie souhaitée pour réduire la facture. Est-ce qu'on ne va pas faire exprès de rendre le truc inefficace ? J'en viens à me poser la question tellement c'est stratosphérique d'incompétence.

La Ciase a fait l'unanimité auprès des victimes. Ce n'est pas très compliqué en fait, il suffit de décrocher votre téléphone, d'accueillir les victimes, de prendre en considération et d'entendre ce qu'on vous dit. C'est ce qu'a fait la Ciase. En revanche, ces deux instances de réparation ne répondent à rien, à aucune question et ils imposent aux victimes un processus de réparation dont on n'arrête pas de dire qu'il est mauvais.

Je rappelle que vous aviez dissous l'an dernier votre association "La Parole libérée", après le rapport Sauvé. Est-ce que désormais vous regrettez cette dissolution ?

Non, parce que je n'y peux rien, et puis je crois que cette histoire d'Église catholique est une fiction qui est périmée et qui ne répond plus à rien. Le catholicisme est devenu d'une hypocrisie... Le pape a refusé de lire le rapport, il a refusé la responsabilité institutionnelle de l'Église catholique.

On a quand même Monsieur Sauvé, qui est le vice-président du Conseil d'Etat, qui est au sommet de l'appareil judiciaire en France et qui parle d'un crime systémique de 200 à 300.000 personnes. Et comme dit Macron, "ça lui en bouge une sans faire bouger l'autre...". Donc bon, effectivement je n'y crois plus. Cette histoire est en train de se terminer en laissant tout un tas de victimes sur le carreau et des responsables catholiques qui sont à côté de la plaque.

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