À Canohès, le curé joue aussi au rugby : "On peut être prêtre et faire du sport"

Ordonné prêtre en juin dernier, Vincent Bénito, 29 ans, officie à l'église de Canohès. Mais certains dimanches après la messe, il chausse les crampons et part rejoindre son équipe de rugby : l'Union Catalane Pollestres-Bages-Villeneuve.

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"J'ai joué au rugby quand j'étais au séminaire, témoigne Vincent Bénito. C'est le lieu de formation des futurs prêtres, on jouait entre nous. Quand j'ai été ordonné diacre en vue de devenir prêtre l'année dernière, j'étais déjà installé à Pollestres, et me suis dit que c'était le moment de jouer en club, j'avais toujours envie de découvrir cet univers. Je me suis renseigné auprès du club et c'est comme ça que j'ai atterri à l'Union Catalane".

"Forcément au début, ça intrigue"

Outre les entrainements en semaine, il enfile donc quand il le peut le maillot de son club le dimanche, club évoluant en Régionale 2. "Moi, je le vis comme quelqu'un qui va faire du sport ! Je suis comme tous les hommes qui vont faire du rugby, rigole-t-il. Mais je reste prêtre. C'est ça qui est intéressant, c'est qu'on peut faire du sport tout en étant prêtre. Forcément au début, ça intrigue, beaucoup de questions, et après la relation avec les joueurs se fait petit à petit, c'est ça qui est intéressant".

Sa présence permet notamment de tisser un lien entre les deux univers : "On fait tomber petit à petit tous les clichés qu'ils peuvent avoir sur le prêtre : prêtre qui ne peut pas boire, fumer, faire la fête, faire du sport. Donc ils posent plein de questions sur le fonctionnement du prêtre et de l'Eglise, sur la messe, sur ce qu'on fait. Ce sont eux qui viennent vers moi, et je les remercie parce que j'ai reçu un super accueil".

D'ailleurs pour le père Bénito, les valeurs du rugby et de la foi chrétienne se rejoignent : "La valeur de fraternité, de cohésion, le fait de se donner pour l'autre. La question de sacrifice : dans la religion chrétienne, le Christ est mort sur la croix par amour pour nous, et au rugby quand on joue ensemble, d'une certaine manière, on se sacrifie pour le copain. On parle aussi de combat spirituel, et le rugby c'est un sport de contact, de combat. Il n'y a pas besoin d'être chrétien pour vivre ces valeurs-là mais ça se rejoint et c'est ça qui est intéressant."

Une nouvelle génération de prêtres

"Il y a des prêtres qui sont Youtubeurs, d'autres qui vont utiliser leur sport pour témoigner, il y a plein de prêtres en France qui le font déjà. On est une génération de jeunes prêtres où on a besoin, sans faire de prosélytisme, d'être présent avec les gens, d'avoir des relations normales, et ne pas avoir peur de parler de Dieu, de répondre aux questions".

"On reste un homme, avec deux jambes et deux bras. Alors ça peut interpeller mais ça permet de montrer aux paroissiens que le prêtre peut faire du sport, on est pas surhumain, on est homme".