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"On était à deux doigts de fermer" : un club de foot breton sauvé par des exilés

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À Pont-Croix, dans le Sud Finistère, le club de foot amateur était à deux doigts de mettre la clef sous la porte par manque d'effectif. Aujourd'hui, grâce à l'engagement de jeunes originaires d'Afrique de l'Ouest, le club compte 26 joueurs. Mais doit faire face à du racisme.

Une partie de l'équipe de foot de Pont-Croix dans le Finistère Une partie de l'équipe de foot de Pont-Croix dans le Finistère
Une partie de l'équipe de foot de Pont-Croix dans le Finistère © Radio France - Valérie Le Nigen

Cet après-midi, le club de Pont-Croix, qui évolue en troisième division, joue à l'extérieur. Sur le terrain, les Bleus jouent contre les Blancs. Les Bleus, ce sont les joueurs de Pont-Croix, qui viennent du Mali, de Côte d'Ivoire, de Guinée, de Gambie. Le match n'est pas fini, ils ont l'avantage 5 à 1, mais ne sont pas très joyeux. Ahmed, le capitaine, vient d'être exclu. Il a entendu des insultes racistes de la part d'une supportrice du camp adverse, plusieurs fois. Il a fini par péter les plombs et a écopé d'un carton rouge. Ahmed est tellement dégouté qu'il ne veut pas parler. Christine Colin, vice-présidente et trésorière du club le soutient : " C'est pourtant un joueur très mature. Un père de famille patient. Je ne sais pas exactement ce qu'il a entendu, mais ça ne devait pas être joli joli."

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Des effectifs en baisse jusqu'à l'arrivée de joueurs originaires d'Afrique de l'Ouest

Pont-Croix est une commune d'environ 1.500 habitants, au milieu du Cap Sizun. Une petite cité de caractère sur les rives du Goyen, trempée dans la ruralité, sur un promontoire au paysage somptueux. Il y a quelques années, le club de foot était à deux doigts de péricliter. "On n'avait plus assez de joueurs pour tenir la saison. On était à deux doigts de fermer le club. Et puis, le bouche-à-oreille a fonctionné entre de jeunes africains qui vivaient à Quimper ou à Douarnenez. Ils ont appris qu'ils étaient les bienvenus pour jouer chez nous. Et aujourd'hui, on a 26 licenciés et une liste d'attente."

Ce n'est pas toujours facile. Il y a quelques années, sept joueurs du cru ont démissionné. "On n'a jamais su exactement pourquoi. C'est peut-être la peur de l'autre", regrette Christine. Aujourd'hui, il ne reste plus que trois joueurs d'origine française sur les 26. "C'est vrai que ce n'est pas toujours facile. On doit faire face à du racisme chez les supporters et parfois chez les joueurs de certains clubs adverses."

Des boulangers, des couvreurs, heureux de se retrouver

Malang est Gambien et boulanger à Quimper. Lassina est couvreur et Ivoirien. Mamadou est apprenti couvreur à Quimper. "On est tellement content de se rencontrer à l'entrainement ou pendant les matchs, plutôt que de rester seuls chez soi. C'est vraiment bon pour le moral", sourit Lassina.

"Le racisme ? Oui, il y en a, mais ça s'améliore..."

C'est le coup de sifflet final. Lorsqu'on interroge certains jeunes africains sur le racisme, les visages se ferment. Aucun d'entre eux ne veut répéter ce qu'ils ont entendu aujourd'hui et qui a énervé Ahmed. Répéter ces horreurs leur feraient trop mal. "Oui, il y a assez souvent des mots durs, incompréhensibles pour nous. Ce n'est pas facile de s'intégrer", reconnait Lassina Dembélé, le doyen arrivé au club de Pont-Croix il y a six ans. Mais ça s'améliore. Les autres clubs s'aperçoivent qu'on tient la route, que les joueurs restent plusieurs saisons." Et puis il y a la joie du foot. Aujourd'hui, Pont-Croix a terminé le match à dix contre onze, mais l'a emporté (6-2). Une victoire savoureuse, mais hélas un peu gâchée.

La version de la supportrice du camp adverse

Après la diffusion de cet article, une supportrice du camp adverse nous a contactés le 6 mai 2024 en pensant être la personne visée par les accusations d'insultes racistes. Elle a une tout autre version des faits : "je suis Normande et j'ai assisté à ce match pour soutenir et veiller sur mon neveu, qui a encore des contusions après le match aller. Il n'y a pas eu d'insultes racistes. Je suis moi-même famille d'accueil et n'aurais jamais proféré de tels propos. En revanche, pendant le match, j'ai observé des problèmes de comportement. Depuis le bord du terrain, j'ai essayé de calmer le jeu. J'ai fini par attirer l'attention de l'arbitre. Et c'est moi qui me suis fait insulter par l'un des joueurs de la partie adverse."

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