Moins d'incendies cet été dans le Loiret malgré un risque accru : "la prévention a porté ses fruits"
300 hectares ont brûlé l'été dernier dans le Loiret à cause des incendies, c'est trois fois moins qu'en 2019, malgré un risque accru par la sécheresse et la canicule. Analyse avec le lieutenant-colonel Pierre Gamel, du SDIS du Loiret, à l'occasion de la journée nationale de la résilience.
Gros succès ce samedi pour la journée portes-ouvertes chez les pompiers du Loiret à Semoy. Le SDIS, le service départemental d'incendie et de secours, a accueilli 1.100 visiteurs dans le cadre de la journée nationale de la résilience. Il s'agissait notamment de sensibiliser aux risques, qu'ils soient naturels, domestiques ou technologiques. L'expérience de cet été dans le Loiret montre que le travail de prévention paie. Entretien avec le lieutenant-colonel Pierre Gamel, directeur des services opérationnels du SDIS 45.
Lors de l'été 2022 dans le Loiret, vous avez comptabilisé 300 hectares brûlés par le feu : c'est trois fois moins qu'en 2019, malgré un risque accru par la sécheresse et la canicule. Comment expliquer ce paradoxe ?
En réalité, le risque a été vraiment exceptionnel pendant quelques jours cet été. Mais il est clair que si on a pu faire face, c'est grâce au gros travail de sensibilisation qu'on a mis en place, notamment après l'été 2019 qui avait été très difficile. Sensibilisation du citoyen sur les gestes à adopter pour prévenir le risque incendie, mais aussi sensibilisation des agriculteurs avec lesquels nous travaillons vraiment de concert. Les feux de récolte et de chaume ont d'ailleurs nettement diminué cet été, même si cela s'explique aussi par le fait que les récoltes ont eu lieu plus tôt que d'ordinaire.
La difficulté avec la prévention, c'est que ce n'est jamais gagné : c'est un travail permanent.
Effectivement, et c'est l'une des raisons de cette journée nationale de la résilience, c'est de faire en sorte que les citoyens prennent bien conscience qu'ils sont les premiers acteurs de la sécurité civile. Les sapeurs-pompiers sont là pour apporter une réponse à l'urgence, mais on peut limiter ces situations d'urgence par la prévention.
En revanche, l'été 2022 restera comme un été noir en France pour les incendies, avec 62.000 hectares de forêts brûlés, dont plus de la moitié rien qu'en Gironde. Jeudi dernier, l'Assemblée des départements de France a rendu les conclusions d'une mission flash sur le sujet : elle préconise de revoir le prépositionnement des moyens type Canadair et hélicoptères bombardiers d'eau. C'est indispensable selon vous ?
Absolument. L'enjeu, c'est surtout de mieux évaluer le risque incendie de forêt à l'instant T selon la zone géographique, et donc, bien sûr, de prépositionner les moyens de façon à obéir à une stratégie qui consiste à frapper vite et fort : l'attaque des feux naissants est une condition de réussite de notre action. On sait par ailleurs qu'avec le changement climatique, cette question ne se limite plus désormais au Sud de la France : le Loiret sera ainsi de plus en plus concerné.
Cela suppose aussi davantage de moyens financiers pour les SDIS...
Il faut déjà que l'Etat rétablisse son fonds d'aide à l'investissement des SDIS, qui a été supprimé en 2019. Mais nous souhaitons aussi que la taxe dédiée qui existe sur les conventions d'assurance soit relevée car il faut bien comprendre que grâce aux interventions réalisées par les sapeurs-pompiers, ce sont aussi des biens qui sont sauvés, et donc la valeur de ces biens - ce sont autant d'économies pour les assureurs.
Cette semaine également, les présidents des SDIS de la région Centre-Val de Loire se sont réunis dans le Cher. IIs ont notamment insisté sur l'impact de la désertification médicale dans votre activité.
Actuellement, les secours à la personne représentent 80% de nos interventions. La désertification médicale entraîne une sur-mobilisation de nos services d'urgence. Nous sommes parfois sollicités pour des missions qui devraient relever d'autres acteurs, et je pense notamment aux ambulanciers pour transporter les personnes au centre hospitalier le plus proche. C'est pourquoi depuis septembre, un travail important est réalisé avec l'Agence régionale de santé pour avoir des ambulanciers de garde, prêts à intervenir. A l'heure où je vous parle, cette action commence à porter ses fruits.
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