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Les violences sexuelles sur les mineurs coûtent 10 milliards d'euros par an en France, selon une étude

Par
  • France Bleu

La Commission inceste estime à près de 10 milliards d'euros par an le coût des violences sexuelles sur les mineurs, dévoile-t-elle ce lundi. Le plus gros de ce coût est lié aux conséquences à long terme sur la santé des victimes.

Selon les chiffres de la Ciivise, 160.000 enfants sont victimes de violences sexuelles chaque année en France. Selon les chiffres de la Ciivise, 160.000 enfants sont victimes de violences sexuelles chaque année en France.
Selon les chiffres de la Ciivise, 160.000 enfants sont victimes de violences sexuelles chaque année en France. © AFP - Stephane Mouchmouche

"9,7 milliards d'euros, c'est ce que les agresseurs nous coûtent chaque année", selon les comptes de la Commission indépendante sur l'inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise), créée en 2021 par le gouvernement dans la foulée du mouvement #MeToo, dans un avis publié ce lundi. En présentant ce chiffre, la Ciivise veut provoquer "un électrochoc", confie son co-président Édouard Durand sur France Inter. Ce chiffre est une "estimation basse", ajoute-t-il.

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Sur cette somme, "70% représentent les conséquences à long terme sur la santé", précise-t-il. "Ces personnes doivent consacrer une énergie extrêmement importante chaque jour pour lutter contre (...) la souffrance", explique le magistrat. Le co-président de la Ciivise donne plusieurs exemples de "conséquences à long terme sur la santé des violences sexuelles", notamment "la surconsommation médicale, les surconsultations de médecine spécialisée, le traitement des addictions et les pertes de productivité" liée à la surreprésentation des victimes parmi les personnes au chômage ou bénéficiaires des minimas sociaux.

"Le psychotraumatisme engendre des douleurs inexpliquées, des dépressions sévères, des troubles gynécologiques. Il amplifie les conduites 'dissociantes', comme la toxicomanie, l'alcoolisme, les violences contre soi... Et il conduit une personne sur deux à tenter de se suicider", précise Edouard Durand au Journal du Dimanche.

Sur ces 9,7 milliards, 3 milliards sont par ailleurs des dépenses engagées en réponse immédiate et ponctuelle : accompagnement des victimes, services de police, de gendarmerie et de justice, prise en charge médicale immédiate.

Pour estimer ces montants, la Ciivise s'est appuyée sur le cabinet Psytel, spécialisé dans les études de coûts en santé publique et la prévention des violences faites aux mineurs et aux femmes. Ce cabinet a par exemple calculé les coûts des violences conjugales (pour le compte de l'Union européenne) et ceux de la prostitution (pour le Mouvement du Nid, association qui lutte contre la prostitution).

Un parcours de soin dédié

Face à ce constat, "nous proposons un parcours de soin spécialisé du psychotraumatisme", annonce Édouard Durand. Dans son avis publié lundi, la Ciivise détaille un parcours de soins pour les enfants et adultes victimes de violences sexuelles dans l'enfance, en 20 à 33 séances, qui seraient "prises en charge par la solidarité nationale".

Le magistrat regrette qu'actuellement un tel parcours de soin ne soit "proposé que de façon très aléatoire et très insuffisante". Les "délais d'attente dans les institutions publiques type CMP (Centre médico-psychologique) sont extrêmement longs et les praticiens ne sont pas suffisamment spécialisés, car la société ne veut pas encore s'engager dans ce processus", déplore le co-président de la Ciivise. Selon Édouard Durand, un parcours de soin spécifique "permet aux victimes d'aller mieux, de mettre à distance l'agresseur qui colonise toujours leur pensée et leur quotidien". Il pointe également du doigt un manque "de formation et de spécialisation des thérapeutes".

Les victimes mettent en moyenne entre 10 et 13 ans pour trouver un suivi médical spécialisé en France. Et la grande majorité des professionnels de santé ne font pas le lien entre l'état de santé du patient et les violences subies des années auparavant, note la Commission.

Or, soigner le psychotraumatisme "réduit les conséquences à long terme des violences et prévient leur répétition", selon le juge Durand qui précise que 35 à 40% des agresseurs ont subi des violences dans l'enfance.

Pour réduire ce coût collectif, la société doit également investir dans la prévention des violences sexuelles (repérage rapide, mise en sécurité de l'enfant...), préconise la Ciivise. Selon ses chiffres, 160.000 enfants sont victimes de violences sexuelles chaque année en France et 5,5 millions d'adultes ont été victimes dans leur enfance, le plus souvent au sein de leur famille.

La Ciivise veut poursuivre son travail

Créée en 2021 par le gouvernement, la Ciivise est censée rendre son rapport final en novembre. Elle demande une extension de sa durée de vie, pour "évaluer et renforcer les politiques publiques de lutte contre les violences sexuelles", "former, soutenir et accompagner les professionnels" et améliorer ainsi la prévention.

"Témoignage après témoignage, la Ciivise gagne du terrain sur le déni", a plaidé ce lundi sur France Inter Édouard Durand, co-président de la commission. Il refuse de dire "aux 5,5 millions de femmes et hommes victimes de violences sexuelles que la parenthèse se referme".

Édouard Durand présente la Commission comme "un espace où nous impulsons des politiques publiques de protection". Depuis son lancement en 2021, la Ciivise a recueilli "25.000 témoignages, 9.000 formulaires remplis sur [le] site internet". Édouard Durand appelle donc à "continuer ce qui fonctionne". La Ciivise "doit continuer sa mission", martèle-t-il.

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