Le Carmel d'Avignon ouvre ses portes aux visiteurs pour la première fois
À l'occasion des journées du patrimoine à Avignon, le Carmel ouvre ses portes aux visiteurs pour la première fois. Occupée par des communautés religieuses depuis le 15ᵉ siècle, cette grande bâtisse de 2.000 mètres carrés continue de vivre, sous l'impulsion de ses nouveaux occupants.
Il y a un an, sœur Marcelle est partie. Trop âgée pour vivre seule, la dernière sœur carmélite a quitté le 3 rue de l'Observance à Avignon pour rejoindre un autre couvent à Montpellier. Elle emporte avec elle cinq siècles d'histoire. Aujourd'hui, c'est la foncière Oykos, "la maison" en grec, qui possède les lieux. Un investissement de 2,4 millions d'euros pour cette grande bâtisse de 2.000 mètres carrés et son parc d'1,4 hectare au cœur d'Avignon.
Protégé de l'agitation du boulevard Raspail par de hauts murs, le Carmel échappe aux fourmillements du centre-ville. Le ronflement des voitures est étouffé par les feuilles des grands arbres, plantés d'abord par les Franciscains, puis par les Carmélites, qui occupent les lieux après la Révolution Française. "C'est un endroit fabuleux, s'émerveille Michelle. Je suis née à deux rues d'ici, j'ai toujours connu ses hauts murs avec ce sentiment de secret."
Un groupe d'une cinquantaine de curieux s'engouffre dans le couvent, guidé par la voix d'Anne-Claire Long, membre de l'association du Tiers-Lieu du Carmel. Rien n'a bougé. Des chaussons prennent la poussière dans un placard, tandis que, debout sur leurs étagères, des santons nous regardent dans leur atelier. À l'étage, au bout du couloir, on découvre les cellules des sœurs, des chambres très épurées : "Un lit, un endroit pour prier, une bible, normal ! sourit Gaëtan, venu en famille. Le strict minimum pour vivre comme une sœur !"
On passe ensuite par la chapelle, la bibliothèque, les cuisines et les lieux de vie. L'endroit est austère : "Il fallait vraiment avoir la foi pour vivre enfermée ici" lâche Paule. Les sœurs carmélites communiquaient entre elles une heure par jour, pas plus. Elles regardaient la télévision assidûment, pour connaître les malheurs du monde et savoir pour qui prier. Elles écoutaient de la musique aussi.
Aujourd'hui, le Carmel est occupé par deux familles, des étudiants, des jeunes actifs et des personnes en réinsertion. La société Oykos et l'association du Tiers-Lieu du Carmel souhaitent réhabiliter l'endroit en habitat partagé. Il y a également la volonté de créer un jardin en permaculture dans le grand parc et de développer un accueil de jour pour les personnes les plus démunies, explique Anne-Claire Long : "Avec mon mari, on croit beaucoup en la réinsertion par le travail. On aimerait créer un atelier autour du bois et dire : si tu veux payer ton café, aide-moi à finir ce meuble"
L'association souhaite enfin créer une scène au sein même du carmel durant le festival d'Avignon. Beaucoup de projets qui ont un coût : 2,3 millions. Il existe une cagnotte en ligne pour aider l'association à réaliser tous ses projets et à préserver le calme divin qui règne au Carmel d'Avignon.
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