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L'état-civil refuse l'orthographe occitane du prénom de leur enfant, ils en appellent à Carole Delga

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Un couple habitant l'Occitanie vient d'écrire à la Présidente de Région pour qu'elle les soutienne dans leur combat. Leur petit garçon né en décembre s'appelle Artús. Mais l'état-civil leur refuse cette orthographe car le u accent aigu (ú) n'existe pas en français.

Emilie, Lissandre et leurs fils Artús et Amanç. Emilie, Lissandre et leurs fils Artús et Amanç.
Emilie, Lissandre et leurs fils Artús et Amanç. - Famille Varenne

C'est une histoire qui prend de l'ampleur médiatiquement, comme l'a été en 2017 à Quimper en Bretagne l'affaire du petit Fañch à qui l'État refusait ce n "tilde". À Châteauneuf-de-Randon (Lozère), Lissandre Varenne et Emilie Hilaire, un ancien instituteur bilingue en reconversion et une professeure de maths-physique, remuent ciel et terre pour que leur fils, né le 15 décembre dernier à Mende, puisse porter un prénom orthographié comme ils l'entendent. Leur premier garçon a été baptisé Amanç, cela n'a pas posé de problème. Trois ans plus tard, son petit frère s'appelle Artus pour l'état-civil. Pour Emilie et Lissandre, occitanistes convaincus, c'est Artús.

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France Bleu Occitanie : Que signifie pour votre ce prénom, Artús ?

Lissandre Varenne : Si on parle de l'étymologie, il y en a plusieurs possibles. On peut trouver des racines grecques, comme des racines basques ou des racines celtiques qui serait liées à l'ours. Nous, on a souhaité l'écrire comme il doit l'être en occitan, c'est-à-dire avec un u accent aigu (ú), accent tonique, on accentue ce u. C'est moins sensible sur un prénom court que sur un prénom long. Cela peut paraître peu de chose pour certains, mais c'est l'écrire sans faute d'orthographe et faire respecter la langue que nous parlons et notre culture tout simplement.

Mais l'état-civil de Mende n'a pas voulu de ce ú accent aigu, pourquoi ?

On a été très surpris de cette décision. On s'attendait pas à ça. Il y avait eu un précédent avec une affaire en Bretagne, avec un petit Fañch. Une procédure judiciaire très longue avait finalement abouti à ce que ce prénom soit reconnu. En fait, il s'agit d'une circulaire de juillet 2014 qui indique que les prénoms doivent être orthographiés selon l'alphabet français. Le ú accent aigu n'existe pas en français, contrairement au ù, accent grave.

Cette circulaire s'appuie sur l'article deux de la Constitution française qui dit que la langue de la République est le français. Mais dans la Constitution, on trouve aussi l'article 75 qui dit que les langues régionales appartiennent au patrimoine de la République. On s'est donc posé la question : est-ce qu'un patrimoine doit être mort pour qu'on lui adresse un peu d'intérêt et de respect ? Nous, on parle une langue qui est encore vivante. J'ajoute que la Cour européenne des droits de l'homme affirme le principe de libre choix du prénom de l'enfant. On se retrouve là où on habite en Occitanie, avec un prénom occitan qui nous est refusé.

D'autres familles dans votre situation vous ont-elles contactés ?

Oui beaucoup. À Nice, qui est un pays d'Oc, le prénom d'une petite fille Flòra avec un o accent grave, a été refusé par l'état-civil. On a été contactés par les parents d'une petite Alaís avec un i accent aigu, prénom refusé, d'un petit Loís, pareil. On peut aussi citer la famille de Lilò, prénom féminin occitan, mais le couple est franco-belge. Donc l'écriture occitane a été refusée en France et acceptée en Belgique.

Quels sont vos recours aujourd'hui ? Et pourquoi avoir écrit à Carole Delga ?

La Présidente de Région - qui défend la langue occitane - peut apporter un soutien public, de nombreux parents aimeraient pouvoir orthographier le prénom de leur enfant dans un occitan normal. On a eu d'ailleurs encore cette semaine le cas d'une maman qui souhaitait appeler son petit Artús aussi, exactement comme nous. Un soutien public de Carole Delga serait bénéfique, c'est aux élus de prendre le relais. Ils doivent faire le nécessaire pour faire disparaître cette circulaire qui, pour nous, est une atteinte claire à notre liberté. C'est une discrimination culturelle pure et simple, dans la continuité de l'éradication de ce qu'on appelle les patois, les langues régionales.

Prochain recours pour nous, celui du Procureur à qui on demande une dérogation. D'autres parents l'ont fait avant nous, cela a été refusé. Là. Depuis que notre affaire est médiatisée, on verra si l'État et nos élus prennent conscience qu'il y a un problème aujourd'hui. Parce qu'encore une fois, on est loin d'être les seuls. Et là, pour l'instant, je n'ai pas la réponse.

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