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"Je suis beaucoup plus ouverte à ce que la vie peut m'offrir", confie Olha, réfugiée ukrainienne à Toulouse

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Un an après le début de la guerre en Ukraine, que sont devenus les Ukrainiens qui se sont installés en Occitanie ? France Bleu Occitanie est allée à la rencontre de certains d'entre eux, comme Olha, une psychologue qui a abandonné son activité pour venir se réfugier en France avec sa famille.

Olha se reconstruit une nouvelle vie en Occitanie Olha se reconstruit une nouvelle vie en Occitanie
Olha se reconstruit une nouvelle vie en Occitanie © Radio France - Claudia Calmel

Cela va bientôt faire un an. Un an que les troupes russes de Vladimir Poutine ont envahi l'Ukraine, c'était le 24 février 2022. Ce conflit semble loin d'être terminé : les combats se sont récemment intensifiés dans l'Est du pays. Le bilan humain est difficile à établir : les chiffres sont un enjeu stratégique pour les deux parties. Selon une estimation fournie par la Norvège, il y aurait eu, en un an, 180.000 morts ou blessés dans les rangs de l'armée russe et 100.000 côté ukrainien. L'ONU avance le chiffre d'au moins 7.000 civils tués. Les Nations Unies estiment aussi que huit millions d'Ukrainiens auraient fui leur pays.

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Un an après le début de la guerre en Ukraine, que sont devenus ceux qui se sont installés en Occitanie ? Comment vont-ils ? Songent-ils à repartir ? France Bleu Occitanie est allée à la rencontre de certains d'entre eux, comme Olha, qui est arrivée à Toulouse en mars 2021 avec son mari et ses quatre enfants : un garçon et trois filles âgés de trois à douze ans.

Tout laisser derrière soi pour repartir à zéro

Il est bien loin l'ancien quotidien de cette psychologue qui gérait, avec son mari, une école en ligne spécialisée dans la maternité et le développement des enfants. Sa clientèle était majoritairement russe. Alors, quand la guerre a commencé, elle a préféré tout arrêter : "Il était hors de question pour moi d'avoir des transactions financières avec des gens qui bombardaient mon pays". La famille qui vivait a Odessa décide de fuir en France en mars 2021 et de s'installer à Toulouse, où Olha a un cousin. Une ville qu’elle avait déjà visitée quand elle avait neuf ans.

La famille et ses deux chiens s’installent chez ce cousin pendant quelques temps, avant qu’un ange gardien leur prête une maison quartier Saint-Agne. Le mari d’Olha a trouvé du travail, en tant que cuisinier dans un restaurant. Un poste très éloigné de ses qualifications, lui qui gérait auparavant la partie technique de l’ancien site internet d’Olha : "Il n’avait jamais cuisiné : il ne savait même pas faire cuire des œufs (rires) ! Mais maintenant, il sait faire de très bonnes choses".

Les quatre enfants du couple sont maintenant tous scolarisés, et ils ont appris le français avec une facilité déconcertante : "Mes deux plus grands parlent parfaitement. Et ma fille Myra, qui a 6 ans, les gens disent carrément qu'elle n'a pas d'accent ukrainien".

"Ici, je me sens comme à la maison"

Olha aussi s’est mise au français : elle le parle un peu et le comprend bien. Elle a une douzaine d’heures de cours par semaine. En parallèle, Olha essaie de reprendre peu à peu ses activités de conseil via Instagram. Elle tente de se refaire une clientèle avec des mères ukrainiennes qui ont fui le pays. Elle se dit heureuse à Toulouse : "On a rencontré beaucoup de gens qui nous ont aidés. Maintenant, j'ai des amis ici : je me sens comme à la maison."

Olha s’est construit un réseau d’amis à Toulouse, mais elle pense à son pays plusieurs fois par jour : "Nos âmes et nos cœurs sont tournés vers l’Ukraine. Et c’est terrible, parce qu’on est toujours à l’affût de la moindre info, on est tous suspendus à la messagerie Telegram : ça nous permet de recevoir des photos, des vidéos de ce qu’il se passe là-bas. On se connecte tous les jours, quasiment toutes les heures. On ne peut pas vivre sans ça : on a besoin de savoir. Vous savez, quand vous aimez vraiment quelque chose, vous avez envie de savoir tout ce qui s’y rapporte. Et je crois que tous les Ukrainiens qui ont fui le pays ont besoin de ça. On a le sentiment d’être en sécurité alors que là-bas, il y a des gens qui n’ont plus de chauffage, plus d’électricité, et dont la maison peut être bombardée par les Russes à tout moment. Et nous, on est là et on ne peut rien faire".

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La difficile question du retour au pays

L’Ukraine n'est donc jamais très loin dans ses pensées, avec parfois même une pointe de culpabilité : "Bien sûr qu’on se sent coupable, comme tous ceux qui ont quitté l'Ukraine. Nous, on est ici en sécurité. Mais pas ceux qui sont restés".

Olha se pose souvent la question du retour au pays : "Quand on est arrivés en France, on s’est dit ‘ok, c’est super : c’est juste pour deux ou trois mois, après on rentre en Ukraine’… Mais force est de constater que ça fait plus que trois mois ! Là-bas, il y encore des bombardements : ce serait trop dangereux d’y retourner. Je ne sais pas quand l’Ukraine sera un lieu assez sûr pour mes enfants. Je ne sais pas. Bien sûr, ça ne sera pas dans un an, ni dans deux ans. Il faut donc que nous fassions quelque chose de nos vies ici. Et une fois que le pays sera reconstruit, je pense qu’on rentrera".

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Olga envoie régulièrement de l'argent en Ukraine pour soutenir les actions de l'armée. Et elle l'assure, ses priorités ont changé depuis qu’elle est arrivée en France : "Tout ce qui me faisait rêver avant la guerre me paraît accessoire maintenant. Je suis beaucoup plus ouverte à ce que la vie peut m'offrir. Avant, je faisais des plans pour tout, j'avais des rêves que je voulais à tout prix réaliser, je me fixais des objectifs. C'était bien. Mais je trouve ma vie beaucoup plus intéressante aujourd'hui". Olga est en train de créer une association avec des amis pour promouvoir les cultures ukrainiennes et occitanes.

Écoutez le reportage de France Bleu Occitanie :

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Matinale spéciale

Toute cette semaine, France Bleu Occitanie vous propose des portraits d'Ukrainiens installés dans la région. Avant une matinale spéciale pour marquer les un an du début de la guerre en Ukraine avec de nombreux témoignages et invités vendredi 24 février 2023 entre 6h et 9h.

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