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"Ils ont fait un trou dans notre mur" : en Dordogne, ils vivent au milieu d'une cité en démolition

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A Boulazac, la cité des Hauts d'Agora est en pleine "déconstruction", une partie des bâtiments est en train d'être détruite. Une famille restée sur place demande à être relogée, car les bruits sont incessants et les engins ont détruit l'isolation de leur appartement.

L'ensemble urbain des Hauts d'Agora à Boulazac, mercredi 18 janvier, et la fenêtre allumée de Mohamed et sa famille. L'ensemble urbain des Hauts d'Agora à Boulazac, mercredi 18 janvier, et la fenêtre allumée de Mohamed et sa famille.
L'ensemble urbain des Hauts d'Agora à Boulazac, mercredi 18 janvier, et la fenêtre allumée de Mohamed et sa famille. © Radio France - Marc Bertrand

"Vous avez vu le trou ? Vous mettez la main, ça sort à l'extérieur. C'est un marteau-piqueur qui a fait ça", montre Mohamed, en soulevant un coin de papier peint derrière le lit de la chambre parentale. Un petit trou, de la taille d'une grosse pièce de monnaie, perce le mur : "On sent le froid qui rentre", dit le père de famille. Depuis trois mois et le début des travaux dans la cité des Hauts d'Agora à Boulazac, il assure vivre un enfer avec son épouse et leurs trois enfants.

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La vision est impressionnante depuis l'extérieur. Une moitié de leur immeuble est pratiquement déchiquetée, des gravats partout, il ne reste que les murs porteurs. Dans l'autre moitié, les fenêtres sont allumées dans l'appartement de Mohamed. Les engins de chantier ont abattu tout un pan d'immeuble le long des murs de leurs chambres. L'isolation a été arrachée, et même si une bâche a été posée à l'extérieur, de la moisissure est apparue sur le papier peint.

Mohamed montre le trou dans son mur, et la moisissure sur les papiers peints.
Mohamed montre le trou dans son mur, et la moisissure sur les papiers peints. - M. B.

"Les enfants ont peur"

"Il y a des moisissures. Le petit est allergique, il n'arrive pas à dormir ici, on l'a amené deux fois aux urgences pour qu'ils lui mettent de l'oxygène", assure Soukeïna, la mère de famille, son petit dernier de sept mois dans les bras. Il fait tellement froid dans les chambres que la famille dort à cinq dans le salon : "Pour le moral des enfants, c'est dur. En regardant par la fenêtre ils disent qu'ils ont peur, que peut-être les machines vont venir casser l'appartement".

Selon Périgord Habitat, un chantier de "déconstruction partielle" des bâtiments de l'ensemble urbain est en cours pour "dédensifier l'habitat" dans la cité. Une "découpe" des immeubles alors qu'une poignée de familles y vivent encore, même si la cage d'escalier qui compte une vingtaine d'appartement sonne très vide. Ceux qui ont pu partir sont partis. La mairie de Boulazac a mis à disposition des autres un logement qui sert de permanence, quand le bruit des travaux est trop fort.

L'appartement au premier étage sur la partie gauche de l'immeuble. Une bâche recouvre la façade abattue lors du chantier.
L'appartement au premier étage sur la partie gauche de l'immeuble. Une bâche recouvre la façade abattue lors du chantier. - M. B.

Des travaux importants

La famille de Keina et Mohamed a déjà demandé plusieurs fois un relogement depuis le début des travaux il y a trois mois. Lui qui travaille à la Sobeval, doit rester de ce côté de l'agglo : "On nous a proposé un appartement mais l'humidité était encore pire qu'ici et ça nous a inquiété pour la santé des enfants". De son côté, Périgord Habitat assure leur avoir proposé deux logements en bon état à Boulazac qu'ils ont refusé.

Saïd, un ami de la famille qui vient les soutenir, s'emporte : "Je pense qu'ils se disent que c'est les Hauts d'Agora, donc on s'en fiche, c'est des étrangers donc on n'en a rien à faire". Périgord Habitat au contraire assure que des travaux sont prévus en urgence pour refaire l'isolation des chambres. Le bailleur HLM leur a fourni des assecheurs pour leur appartement.

Le gros des travaux sera terminé pour la mi-février sur deux des trois bâtiments de la cité. Mais les pelleteuses vont continuer à retentir sur les Hauts d'Agora, un troisième bâtiment doit être déconstruit à la fin de l'hiver. Ensuite seulement, à partir de la rentrée 2023, les moitiés de bâtiments restés debout seront réhabilités et rénovés. Mohamed et sa famille espèrent ne pas attendre jusque là.

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