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De plus en plus d'expulsions dans les bidonvilles de la métropole lilloise, dénonce un collectif

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La gendarmerie va évacuer deux bidonvilles occupés par des familles Roms, à Sainghin-en-Mélantois, au sud-est de Lille, ce jeudi 21 octobre matin. Le collectif Solidarité Roms dénonce une hausse des expulsions, à dix jours de la trêve hivernale.

13 personnes vivent dans ce bidonville de Sainghin-en-Mélantois, dont 5 enfants. 13 personnes vivent dans ce bidonville de Sainghin-en-Mélantois, dont 5 enfants.
13 personnes vivent dans ce bidonville de Sainghin-en-Mélantois, dont 5 enfants. © Radio France - Alice Marot

Deux bidonvilles vont être évacués ce jeudi 21 octobre matin, à Sainghin-en-Mélantois, près de Lille. Dix-huit personnes de la communauté Rom vont être expulsées, dont cinq enfants. Elles disent n'avoir reçu aucune proposition de logement alternative. Les expulsions de bidonvilles s'accélèrent ces dernières semaines dans la métropole lilloise, à dix jours du début de la trêve hivernale. Lundi 18 octobre, c'est le camp de Ronchin qui a été évacué. Le collectif Solidarité Roms dénonce un acharnement et demande la mise en place de vraies solutions de relogement, alors que 650 personnes vivent en bidonville dans la MEL.

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"À chaque fois, on nous dégage"

Quatre caravanes installées sur le bord de l'autoroute, des tapis et des palettes au sol pour ne pas glisser dans la boue : c'est ici que David et sa famille ont élu domicile, après avoir été expulsés trois fois en quelques jours de terrain voisins. "Tous les jours, on cherche des terrains, et à chaque fois, on nous dégage, explique le jeune homme de 20 ans. O_n nous dit d'aller sur les aires d'accueil des gens du voyage, mais comme on n'a pas la nationalité française, ce n'est pas possible._"

La famille est en France depuis 2009. David travaillait dans le nettoyage, les cinq enfants allaient à l'école. Mais les expulsions à répétition depuis la rentrée compliquent tout. "Parfois, on vient nous dégager à 5h du matin. Alors j'ai dû louper le travail pendant deux jours. J'ai essayé d'expliquer, mais mon patron a mis fin à mon contrat", continue-t-il. Les enfants ne peuvent plus non plus être scolarisés.

Parfois, on vient nous dégager à 5h du matin. Alors j'ai dû louper le travail pendant deux jours. J'ai essayé d'expliquer, mais mon patron a mis fin à mon contrat - David, habitant du bidonville de Sainghin-en-Mélantois

Contactée, la préfecture justifie l'évacuation de Sainghin par le fait que le stationnement des caravane est "illégal" et "a généré des atteintes à la tranquillité publique", mais ne précise pas si des solutions de relogement ont été proposées. Selon la famille de David, ce n'est pas le cas.

Un vrai gâchis, pour le collectif Solidarité Roms, dont Dominique Plancke est le porte-parole : "S'acharner à les déplacer, à rendre leur situation encore plus précaire alors qu'ils étaient sur des rails d'insertion, ça ne peut pas être la solution, s'inquiète-il. Et ça accélère : on a eu quatre expulsions en une semaine, et on sait que d'autres terrains pourraient être visés."

Changement de cap

Cette hausse des expulsions marque un changement de direction dans la politique de la préfecture, selon le collectif, qui met le phénomène sur le compte de l'arrivée du nouveau préfet de région cet été. "Depuis début septembre, on est revenu en arrière", affirme Dominique Plancke. 

Une partie des Roms est confrontée à des expulsions "sèches", sans solution de relogement, contrairement une instruction gouvernementale datant de janvier 2018, qui prévoit qu'il doit y avoir des propositions de solutions adaptées à chaque famille. Une instruction globalement respectée par le précédent préfet, selon le collectif. 

Et quand des solutions sont proposées, elles sont souvent temporaires. Lors de l'évacuation du bidonville de Ronchin, ce lundi 18 octobre, l’État a bien "proposé une solution de prise en charge à l’ensemble des personnes", défend la préfecture. "Mais il s'agissait seulement de trois nuit à l'hôtel, ça ne suffit pas !", répond Dominique Plancke. "On a vraiment l'impression d'un gâchis humain et financier, regrette-il. Depuis trois ans, grâce à cette instruction, on avait réussi à intégrer des habitants de bidonvilles, qui maintenant travaillent et payent leur loyer."

Un revirement dénoncé notamment par le groupe EELV au conseil départemental du Nord, qui a publiquement demandé au préfet d'ajourner les expulsions il y a quelques jours. La préfecture n'a pas souhaité s'exprimer sur ce changement de cap.

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