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A Givry sur Aisne, le dernier des commerçants va baisser le rideau

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Dans cette commune des Ardennes de 250 habitants, la boulangerie va fermer définitivement à la fin du mois de décembre. Michel Jurion, qui était pourtant sorti de sa retraite il y a six ans pour relancer l'unique commerce de Givry-sur-Aisne, jette l'éponge. La fermeture de l'école du village, en septembre dernier, l'a découragé.

Michel Jurion derrière le comptoir de sa boulangerie de Givry sur Aisne: une scène qui appartiendra dans quelques jours au passé
Michel Jurion derrière le comptoir de sa boulangerie de Givry sur Aisne: une scène qui appartiendra dans quelques jours au passé © Radio France

Des dizaines de baguettes en moins, des bonbons qui ne se vendent plus, des viennoiseries qui partent en moins grande quantité. Depuis la fermeture de l'école du village, en septembre dernier, les affaires sont moins florissantes pour Michel Jurion. Âgé de 73 ans, le boulanger du village n'était pourtant pas fatigué de se lever chaque jour à 1h du matin pour préparer ses baguettes et ses pains artisanaux. "J'aurais bien continué encore quelques années, assure Michel Jurion. Je suis encore en forme, et j'ai l'habitude de me lever tous les jours à cette heure là. "

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Il faut dire que c'est lui qui a voulu reprendre du service, il y a sept ans. La boulangerie du village venait de faire faillite, et Michel Jurion voulait contribuer à ramener de la vie dans le village.* "Une boulangerie, c'est un lieu de rencontre,* explique le boulanger.* Quand j'ai ouvert, certains habitants ne s'étaient ni parlé ni croisé depuis plus de six mois!"*

Trop de charges et d'impôts, plus assez de clients

La belle histoire a duré six ans. Mais c'est désormais fini : Michel Jurion n'est pas fatigué. Mais le boulanger n'en peut plus "des taxes et des charges" qui deviennent difficiles à assumer, dans un contexte de baisse de son chiffre d'affaires. *"Je touche déjà une retraite, * explique Michel Jurion . Donc ce n'était pas très grave pour moi de ne pas gagner beaucoup avec la boulangerie. Mais j'en arrive à un point où je vais perdre de l'argent. "

L'un des moyens de renouer avec la rentabilité, ce serait de livrer son pain dans les villages alentours, à l'aide d'une camionnette. Mais Michel Jurion s'y refuse, pour ne pas allonger encore plus ses journées de retraité déjà très actif. Il préfère passer la main.

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Sauf que les candidats ne se bousculent pas, pour reprendre le tout dernier commerce du village . Et les habitants le savent bien, ils vont perdre plus qu'un artisan quand le rideau de Michel Jurion sera définitivement fermé. "C'est l'âme du village, cette boulangerie. Si elle ferme, ça fera moins d'activité dans le centre, déjà qu'on a perdu notre école" , lâche ce client, qui reconnaît que le boulanger a aussi bien raison de prendre enfin un repos bien mérité.

D'ici au 31 décembre, Michel Jurion ne désespère de trouver un jeune repreneur pour sa boulangerie. Mais s'il ne trouve pas, l'artisan promet de continuer à se battre autrement pour faire vivre le coeur de sa commune, car cette désertification l'inquiète:* "J'ai comme projet d'ouvrir un atelier de cours de pâtisseries, quelques jours par semaine."* Plus question de réveiller aux aurores pour Michel Jurion. Mais pas question non plus de laisser s'éteindre complètement sa commune.

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