Fissures, moisissures, froid : une famille de Seine-Maritime victime de mal-logement

"2023 : Année noire pour les mal-logés", alerte la fondation Abbé Pierre dans son rapport annuel publié ce jeudi 1e février sur l'état du logement en France. Un constat remarqué en Seine-Maritime par l'ADIL 76. L'agence départementale pour l'information sur le logement indique qu'un quart des 18.000 signalements faits en 2023 en Seine-Maritime concerne une situation de logement indigne. Parmi les signalements remontés, il y a celui d'un couple vivant dans une maison de la métropole rouennaise.

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Au vu de l'état du logement, le couple a mis en demeure sa propriétaire début janvier 2024. Il y a des fissures sur les murs à l'extérieur, à l'intérieur, mais aussi sur la cheminée. L'air et l'eau s'infiltrent, ce qui provoque des moisissures, notamment dans la chambre du bébé du couple. "Vous voyez, il y a énormément d'humidité sur ces deux murs, le plafond est aussi humide", décrit la mère de famille, Sofia*. Avec son compagnon Guillaume*, ils s'inquiètent : "Notre fils est censé dormir ici, mais si la cheminée tombe c'est terminé". Le couple dort désormais avec leur bébé et ses affaires dans leur chambre parentale.

"Des maux de tête, à la gorge, du mal à respirer"

Le père de famille se soucie aussi de l'état de santé de son fils aîné. "Depuis deux semaines, il a des maux de tête tous les matins. Parfois, il a du mal à respirer, il est un petit peu gêné et il a mal à la gorge. Il n'est pas asthmatique. On est allé voir le médecin, il n'a aucun problème de santé donc je me dis que l'état de la maison doit jouer."

La famille vit avec parfois huit degrés à l'intérieur à cause de la mauvaise isolation : impossible de chauffer davantage. Ce couple de salariés paie 450 euros par mois d'électricité et 1.450 euros de loyer pour 100m². Le couple est prêt à aller devant la justice pour exiger des travaux, le remboursement des frais engagés et le blocage des loyers.

De nouveaux profils de personnes mal-logées

Ces Seinomarins font partie des nouveaux profils qui émergent parmi les victimes du mal-logement, indique Karim Belhaj, le directeur de l'ADIL 76, l'agence départementale pour l'information sur le logement. "Habituellement, nous avions des personnes un peu marginalisées, mais désormais nous sommes confrontés à des gens qui ont beaucoup de mal à se loger alors qu'ils ont un travail. Ces travailleurs pauvres n'arrivent pas à joindre les deux bouts parce que quand on touche un SMIC et qu'on a des factures d'énergie de 400 euros et un loyer de 500 euros, vous faites le calcul. On arrive à une situation complexe."

*prénom d'emprunt. La famille a souhaité garder l'anonymat.