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Érosion à Lacanau : "C'est un crève-cœur de voir cette mer qui nous mange"

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Pour tenter de juguler l'érosion et le recul du trait, la ville de Lacanau a entamé cette semaine d'importants travaux pour surélever d'un mètre le mur de gros cailloux qui fait rempart à l'océan.

Les plages de Lacanau durant l'hiver 2016. Les plages de Lacanau durant l'hiver 2016.
Les plages de Lacanau durant l'hiver 2016. © Radio France - Cottereau Fabien

Alors que la démolition du Signal a commencé à Soulac-sur-Mer, un balai de pelleteuses est également visible le long des plages de Lacanau. En première ligne face à l'érosion marine, la station balnéaire a lancé cette semaine un chantier dont l'objectif est de consolider l'enrochement qui longe le cordon lunaire. Le mur de cailloux protégeant le front de mer va être surélevé d'un mètre. Des travaux estimés à un million d'euros qui vont durer trois mois.

"Nous consolidons ce mur jusqu'au printemps, mais nous savons qu'il sera obsolète à l'horizon 2030", explique le maire Modem de Lacanau Laurent Peyrondet. Ce chantier n'est qu'une première étape avant la construction d'un autre ouvrage plus imposant qui doit permettre de protéger le front de mer jusqu'en 2050. À cette date, selon les prévisions de l'Observatoire de la côte aquitaine, le trait de côte pourrait reculer de 30 à 50 mètres. Les tempêtes hivernales comme celle de 2013-2014 pourraient accélérer ce phénomène.

Lors de la réunion publique à la salle de l'Escoure à Lacanau mardi soir, le maire Laurent Peyrondet a présenté aux habitants le chantier de protection du front de mer.
Lors de la réunion publique à la salle de l'Escoure à Lacanau mardi soir, le maire Laurent Peyrondet a présenté aux habitants le chantier de protection du front de mer. © Radio France - Jules Brelaz

Ce projet au long cours s'accompagnera d'une métamorphose du front de mer canaulais. "Nous allons supprimer les parkings le long de l'océan, le poste de secours, la maison de la glisse, des sites "sans regret" que l'on va relocaliser pour installer le balcon sur la mer", ajoute Laurent Peyrondet qui présentait ces travaux lors d'une réunion publique mardi soir à la salle de l'Escoure.

"L'avancée de l'océan, ça fait peur à tout le monde"

Parmi la soixantaine d'habitants ayant répondu présent ce soir-là, Annie ne cache pas son inquiétude. Selon cette retraitée vivant depuis plus de 30 ans à Lacanau, "il est impossible de stopper l'avancée de la mer. La ralentir oui, mais pas de la stopper. À mon avis, ce sera très dur."

Selon le dernier rapport du Groupe d'experts des Nations unies pour le climat (GIEC), le réchauffement climatique va provoquer une élévation du niveau des mers comprise entre 30 et 60 cm d'ici à 2100. Face à cette perspective alarmante, la station balnéaire de Lacanau envisage également, à plus long terme, de relocaliser à l'intérieur des terres les 1.200 logements et les 120 commerces du front de mer.

Propriétaire d'une villa en première ligne face à l'océan, Bruno n'imagine pas quitter "son petit paradis". "Mes grands-parents ont acheté les terrains en 1932, à l'époque, on avait 200 à 300 mètres de dunes derrière chez nous, un cordon qui s'est réduit comme peau de chagrin. Si on engage des délocalisations, ce sont des centaines et des centaines de familles qu'il faut déloger. Mais ça nous arracherait le cœur de partir, si tant est qu'on soit obligé de partir pour être relogés derrière. À quelles conditions ? Je vis à Lacanau depuis 60 ans. Je suis presque né dans le sable. Mon rêve est de transmettre cette maison à mes enfants et leurs petits-enfants. Donc évidemment, partir de là, ce serait vraiment un arrachement."

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