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Elles ont vécu près de deux décennies en baraque : les incroyables souvenirs de deux sœurs brestoises

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Andrée et Marie-Hélène ont passé une partie de leur enfance dans l'une des baraques érigées après-guerre à Brest. Une expérience qui a durablement marqué les deux sœurs.

Andrée et Marie-Hélène ont vécu de nombreuses années dans une baraque au R6 Bouguen Ouest Andrée et Marie-Hélène ont vécu de nombreuses années dans une baraque au R6 Bouguen Ouest
Andrée et Marie-Hélène ont vécu de nombreuses années dans une baraque au R6 Bouguen Ouest © Radio France - Angeline Demuynck

Elles ont passé plus de 15 ans en baraque. À Brest, Andrée Laot et sa sœur Marie-Hélène se souviennent très bien de cette période agitée de l'après-guerre, dans une ville détruite à plus de 75% par les bombardements. Jusqu'en 1976, ce sont des cités de maisons précaires construites en bois ou en ciment qui accueillent les Brestois, hors du périmètre de reconstruction.

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"C'était la baraque 6 Bouguen Ouest", se souvient la benjamine de la famille, née dans cette fameuse baraque. Les deux frangines feuillettent un livre photo  : "C'était là, derrière l'église... On trouvait ça beau nous". Avec leurs deux autres sœurs, leur mère et leur père, rentré d'Indochine, les fillettes se fondent dans l'espace étroit de leur maisonnette. "Deux pièces séparées par une cuisine. Et dans la cuisine, une cuisinière à charbon qui chauffait la baraque. Mais il faisait très froid l'hiver", raconte Marie-Hélène. La toilette ? "C'était une fois par semaine. On prenait la bassine, maman chauffait de l'eau sur la cuisinière et elle faisait les shampoings avec le broc et tout le monde à la queue leu leu". Les toilettes se trouvaient dans le cagibi qui servait également de réserve à charbon. Tout cela sans réelle d'intimité  : "On pouvait se parler d'une baraque à l'autre. Le matin, on entendait la voisine ouvrir ses volets - clac - on savait que c'était l'heure de se lever". Pas de réseaux sociaux évidemment mais le lavoir, "lieu des commérages" où leur maman se rendait tous les lundis.

"Les gens s'imaginent qu'on était malheureux, mais pas du tout !"

Même si les deux sœurs n'ont pas vécu tout à fait la même expérience - Andrée née en 1934 a vécu l'exode, réfugiée dans le Loir-et-Cher pendant la guerre, Marie-Hélène, elle, est née à Brest des années plus tard - elles gardent toutes deux de bons souvenirs de cette période. "Vous n'imaginez pas ce que c'est d'avoir été sous les bombardements, d'être partie, de revenir dans sa ville en ruine et de pouvoir se loger. C'était génial, c'était beau, c'était bien. Les gens s'imaginent qu'on a été malheureux, mais pas du tout !", s'exclame la nonagénaire.

"C'est quelque chose qu'on vit encore tellement, ça a été formidable de solidarité et de convivialité", renchérit sa sœur. Petit hic quand même à l'adolescence : "J'avais un peu honte quand les petits copains me ramenaient à la maison parce que la baraque était devenue presque un taudis, ce n'était que du provisoire mais du provisoire qui a duré", raconte Marie-Hélène.

Et au moment de déménager à la fin des années 60, un crève-cœur pour leur maman, après 20 années de baraque. "Elle ne voulait pas partir et quand elle est arrivée en HLM, elle a pleuré toutes les larmes de son corps. C'était toute sa vie." À la place de leur baraque se dressent aujourd'hui les bâtiments de l'Université de Brest.

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