Attentat de Nice - "Les Français ont droit à être protégés" affirme Alain Juppé

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France Bleu Gironde : Quelle est votre réaction après cet attentat à Nice ?

Alain Juppé : Je veux d'abord exprimer mon émotion. Nous sommes tous bouleversés par l'étendue de ce drame et sa cruauté. Des enfants ont été victimes de ce fou furieux. C'est d'abord ce partage d'émotion avec nos amis niçois qui est important. Il faut ensuite comprendre exactement ce qui s'est passé. Comment un camion de cette taille, qui était apparemment facile à repérer de loin, a pu se précipiter ainsi sur la promenade des Anglais. Il faut faire toute la lumière sur les circonstances exactes de l'événement. Et ensuite il faut se donner les moyens de mener cette guerre qui nous est livrée de façon barbare et fanatique. Nous savons très qu'il y a encore des failles dans les services de renseignement. La récente mission parlementaire animée par Georges Fenech l'a montré. Il faut une réaction très rapide et très forte contre cette menace qui est permanent et qui prend de plus en plus des formes terrifiantes.

Nous savons que la menace est permanent et peut prendre des formes nouvelles.

Quand vous entendez des voix à droite émettre déjà des critiques, qu'en pensez-vous ?

Je crois qu'il faut d'abord que nous exprimions aux familles des victimes et à la population niçoise notre soutien. J'ai eu le maire de Nice au téléphone et il m'a dit combien ce soutien était important. C'est ce qu'il faut faire dans l'instant et ensuite, je le répète, savoir ce qui s'est passé exactement. Je ne vais pas me prononcer à ce stade sur d'éventuelles défaillances. Et puis enfin, on sait que cette guerre va se poursuivre. Il faut donc une efficacité accrue de nos services de renseignement et sans doute une meilleure utilisation de nos dispositifs sur le terrain. Nos forces de l'ordre ont été terriblement mobilisées depuis des mois et des mois et sont souvent aujourd'hui harassées et à la limite de leur résistance. Il faut donc se donner les moyens. Les nouveaux effectifs ne sont pas encore sur le terrain. Nous avons été nombreux à préconiser l'appel à la réserve opérationnelle de la police, de la gendarmerie ou des armées. Il faut se donner les moyens de sécuriser notre population. Les Français ont droit à être protégés.

C'est un type d'attentat qui peut se produire partout, à Nice comme à Bordeaux. C'est extrêmement compliqué à gérer ?

Bien sûr. Vous savez que pendant l'Euro 2016 nous avions pris des mesures de protection extrêmes. Les choses se sont bien passées mais nous savons que cette menace est permanente. Aujourd'hui nous avons la preuve qu'elle peut prendre des formes tout à fait nouvelles et il faut s'y adapter. Il faut aussi mener avec la plus grande détermination la lutte contre la radicalisation des esprits. A l'école, sur Internet, dans les prisons, dans les salles de prière où on diffuse des messages de haine, il faut être de la plus grande fermeté.