Après cinq mois de travaux : enfin la réouverture du tunnel des Échelles entre Savoie et Isère

En Chartreuse, c’est la fin de cinq mois très compliqués pour les habitants qui vivent ou travaillent à cheval, entre Savoie et Isère, d'un côté ou de l'autre de l'ouvrage. Le tunnel rouvre vendredi 2 mai officiellement 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, avec simplement la mise en place d’un alternat de circulation. Le tunnel a été fermé totalement pendant trois mois, suite à deux éboulements successifs, les 29 novembre et 4 décembre derniers. Depuis fin février, il était ouvert partiellement, avant 08h30 et après 17h pendant la semaine et ouvert sans contrainte, le week-end.

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"C’est la liberté, le retour à la vie normale"

Les habitants sont plus que soulagés aujourd’hui : ils ont vécu un hiver infernal sans ce tunnel. C’était le cas de France par exemple. Cette infirmière vit aux Échelles, mais travaille à Chambéry. Pour elle, la difficulté était notamment d’ordre financière : "Je devais faire un grand détour en passant par l’autoroute. C’est plus de route, plus de temps, mais aussi plus de carburant et le péage à payer. Au début, nous avons eu des réductions pour l’autoroute. Elles se sont arrêtées quand le tunnel a rouvert partiellement. Mais moi avec mes horaires décalés à l'hôpital, je ratais souvent les créneaux d’ouverture du tunnel".

"Passer tout l’hiver à pied, c’était l’enfer. Et les enfants à 5h30 du matin pour rejoindre le collège en car, ce n'est pas humain"

Océane vit avec sa famille à Saint-Jean-de-Couz, elle travaille aux Échelles de l'autre du tunnel où elle accompagnait aussi un de ses enfants à l'école. Elle faisait les trajets à pied, par la voie Sarde (la route à travers la montagne) en pleine forêt, la nuit. Elle a eu des soucis, des courbatures, des cernes et des frayeurs : "Un matin j’ai appelé ma collègue à 6 heures. J’ai eu peur, il y avait une voiture dans la voie Sarde, alors que c’est interdit. Je pensais qu’il y avait quelqu’un qui allait me sauter dessus", se souvient Océane. Par ailleurs, selon cette mère de famille, la commune de Saint-Jean-de-Couz "a été triste tout l’hiver" : il n’y avait plus de passage de voiture, plus de bruit, "c’était pire que pendant le confinement, on se sentait isolés".

Plus de 30 % de perte de chiffre d’affaires pour le boulanger de Saint-Thibaud-de-Couz

Sur la route RD 1006, dans le village de Saint-Thibaud-de-Couz, il y a cette belle boulangerie, de Fabien. Ce commerce, le Fournil, fonctionne essentiellement avec la clientèle de passager qui fait la route entre Chambéry et la Chartreuse ou vice-versa, avec les touristes l’hiver ou avec les randonneurs pendant les week-ends. Plus de tunnel : plus de passage, sa vendeuse a été en chômage partiel pendant trois mois. "Je vais toucher l’aide de la région, puisque j’ai perdu plus de 30 % de mon chiffre d’affaires pendant cette période, mais je l’attends toujours. Aujourd’hui, ça va le moral est remonté, j’espère juste que les clients seront de retour et qu’ils n’auront pas trop changé leurs habitudes."

Du coté de la commune des Échelles, la maire affirme qu’aucun commerce n’a subi de perte financière aussi importante.

Un chantier monumental

Niveau chantier, c'était monumental, il a fallu sécuriser 500 m² de falaise. Les spécialistes ont installé 63 barres d’ancrage de 2,5 m à 9 m de longueur. 300 m² d’écran de protection ont été remplacés. Sept entreprises ont été mobilisées. Le département qui a géré ce chantier précise qu'"après plus de 100 jours de travaux en falaise, les cordistes laisseront place en contrebas à 3 nouvelles entreprises. Celles-ci travailleront durant ce mois de mai pour réparer le mur de soutènement aval de la route, installer de nouvelles glissières de sécurité et remettre en place les panneaux signalétiques. Enfin, la chaussée fortement endommagée par la chute des blocs rocheux va être refaite sur 60 mètres. Durant ces travaux de voirie, la circulation sera maintenue sous alternat via des feux de chantier installés en amont et en aval du tunnel".