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Alerte au tsunami en Corse : que s'est-il passé?

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L'heure est à l'interrogation en Corse après l'alerte tsunami qui, ce jeudi 16 avril au soir, a contraint les autorités locales à prendre des mesures exceptionnelles. Les rues de Bastia ont été évacuées avant qu'un contre ordre ne ramène, non sans peine, calme et sérénité au sein de la population.

Le port de Bastia
Le port de Bastia © Maxppp

Plus de peur que de mal ce jeudi 16 avril, après l'alerte lancée sur l'ensemble de la côte Est de la Corse par la préfecture qui redoutait une montée des eaux d'une hauteur d'un mètre.

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Cette alerte était consécutive à un tremblement de terre d'une amplitude de 4,9 sur l'échelle de Richter, qui s'est produit en Crète.

Finalement et fort heureusement, il n'y a eu aucun problème, et, ce vendredi matin, le centre sismologique euro-méditerranéen affirme ne pas avoir été à l'origine de cette alerte.

Parti de Crète, un tsunami ne peut toucher la Corse

Rémy Bossu, le chef du centre sismologique euro-méditerranéen , déclare même qu'un tremblement de terre en Grèce n'aurait pas pu avoir pour conséquence un tsunami sur les côtes de Corse. "*Le centre sismologique euro-méditerranéen fait de l’information sismologique et non sur les tsunamis. Cette information là est gérée au niveau mondial par l’UNESCO, par la commission océanographique internationale. Il y a des centres d’alerte dans les différents pays. Il y en a un en France, qui s’appelle le CENALT . Il y en a en Italie, en Grèce. Ce sont eux qui informent les autorités nationales. L’information donnée par le préfet est erronée. C’était une fausse alerte . En ce qui nous concerne, nous avons fourni l’information sur ce séisme qui a été largement ressenti en Crète. Mais, un tsunami qui aurait été généré en Crète ne peut se propager jusqu’à la Méditerranée occidentale. C’est physiquement impossible *  ».

Un tsunami en Corse est-il envisageable ?

«* Oui. Il y a un centre national d’alerte au tsunami, opéré par le commissariat de l’énergie atomique. Il est situé en région parisienne et fonctionne 24h sur 24. Les sources principales de tsunamis sont de grands séismes le long de la côte algérienne qui dans ce cas mettent environ une heure pour traverser la Méditerranée et taper la côte d’Azur ou la Corse. Oui, un tsunami en Corse est donc possible *  ».

Quelles étaient les conséquences possibles de ce séisme en Crète ?

«* Il y a deux aspects. Il y a les effets directs, liés à la secousse elle-même. Ce séisme était assez loin des côtes. Il a donc été très largement ressenti. On des témoignages qui sont arrivés du Caire notamment. Il aurait pu provoquer un tsunami local. Mais on ne s’attend pas à des  choses très importantes avec ce type de magnitude (4,9). A ma connaissance, il n’y a rien eu de significatif en Méditerranée orientale * ».

Avant de toucher la Corse, le tsunami aurait touché l’Italie ?

« *Si vous regardez la carte, la Corse est à l’ombre de l’Italie pour ce qui pourrait venir de l’Est. Le tsunami viendrait sur les côtes italiennes sans les franchir. Pour la Corse,  les séismes qui pourraient générer des tsunamis sont ceux qui sont localisés à l’ouest de la côte italienne, entre cette côte ouest et Gibraltar. Ce sont de forts séismes dans cette zone qui pourraient affecter la Corse, sachant que nous ne sommes pas comme dans le Pacifique. Le risque principal est pour les gens qui se situent sur les plages. On ne va pas voir en Corse comme par exemple au Japon des vagues qui vont entrer sur des kilomètres dans les terres *  ».

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L’alerte tsunami a été très vite relayée par les autorités locales. En une demi-heure, les secours - gendarmes, policiers, CRS, pompiers - ont demandé à la population présente sur le bord de mer d'évacuer les lieux.

Alexandre Sanz, le directeur de cabinet du préfet de Haute-Corse
Alexandre Sanz, le directeur de cabinet du préfet de Haute-Corse © Radio France

Même si l'alerte a été levée peu après et même si la catastrophe naturelle n'aurait pas pu arriver, la préfecture de la Haute-Corse a agi comme elle se devait d'agir explique Alexandre Sanz, le directeur de cabinet du préfet de la Haute-Corse : « Quelle est la chaine d’alerte ? Un préfet, dans un département comme celui de la Haute-Corse, reçoit d’abord une alerte du préfet de la zone de défense. Lui-même tient cette alerte du centre de gestion des crises de Paris, de la direction de la sécurité civile du ministère de l’intérieur. Et cette direction de la sécurité civile est, elle-même, dans un réseau européen d’alerte du risque sismique. Cette information a donc été produite par des instituts sismologiques spécialisés européens. L’information était parfaitement fiable. Elle a été parfaitement recoupée. Et au moment où nous avions l’information, il fallait donner cette alerte. Seulement, ce n’est pas une science exacte. Nous avons des scientifiques qui font des calculs. Tout se fait dans l’urgence. Et il est apparu que ce séisme qui avait été estimé de 6,1 sur l’échelle de Richter, a été déclassifié à 4,9. Le risque de montée des eaux a été écarté. Et l’alerte a donc été levée » .

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Le centre national d'alerte tsunami n'a pas diffusé de message

Quelles sont les informations qui sont remontées à Paris, qui les a fournies?

Ce n'est pas le centre sismologique euro-méditerranéen, contrairement à ce que l'on avait laissé entendre. Pas nous, non plus, ajoute Pascal Roudil, responsable du centre national d'alerte tsunami  : «Le CENALT (centre national d’alerte tsunami) n’a pas fait de diffusion d’alerte.  L’évènement qui a déclenché ce phénomène est un tremblement de terre de magnitude 6,1 à l’Est de la Crète, qui se situe dans le bassin de la Méditerranée orientale, qui est donc éloignée des zones pouvant impacter les côtes françaises. Et donc le CENALT n’a rien diffusé pour cet évènement là . »

D’où peut venir cette information ? Y a-t-il eu confusion ?

« C’est assez probable. Il y a eu une diffusion d’alerte de la part des centres d’alerte au tsunami grecque, italien et turque , puisque l’évènement a eu lieu dans le bassin qui concernait leur zone. Et il ya du y avoir une confusion sur ces messages d’alerte avec les côtes occidentales et donc françaises . »

Vous confirmez qu’un tel évènement ne peut avoir d’incidence sur la Corse et la Méditerranée orientale ?

« Tout à fait. Même un séisme plus important n’aurait eu aucun impact. Les vagues d’un éventuel tsunami qui se seraient propagées à travers la Méditerranée orientale auraient été  complètement arrêtées et étouffées par le passage entre la Sicile et la Tunisie . Pour cet évènement là, même en local, il n’y a pas eu d’observation de tsunami . »

Est-ce qu’un tsunami reste possible en Méditerranée ? Est-ce que la Corse est exposée ou menacée ?

« Au niveau des côtes françaises, méditerranéennes et au niveau de l’océan Atlantique, l’aléa tsunami existe . Il peut y avoir des évènements, qui peuvent générer des vagues submersives. En revanche, le risque n’a rien à voir avec ce que l’on connaît, ce que l’on a vu ces dernières années des tsunamis. Donc les vagues les plus importants qui pourraient être attendues sur les côtes méditerranéennes françaises seraient de trois mètres. Sachant que la vague d’un tsunami ce n’est pas un rouleau qui s’écrase et qui recule. C’est une marée rapide qui s’installe et qui peut durer dans les 20 minutes. Donc une vague d’un mètre, ce serait un courant de 40 à * 60 km/h * qui rentre à l’intérieur des terres*. Un mètre en Méditerranée ce n’est pas négligeable** . Mais ça n’a rien à voir avec ce que l’on a vu par exemple au Japon, on aura jamais de vague de 20 ou * 30 mètres *. * »

Quelle expérience des tsunamis en Méditerranée ?

« *Le dernier en date, c’était suite à un séisme en 2003 au large d’Alger. Et cet évènement a généré un petit tsunami qui s’est propagé à travers la Méditerranée occidentale. Il était orienté principalement vers les Baléares. Il y a eu des dégâts, 200 bateaux endommagés ou détruits *  ».

Il s’agit malgré tout donc d’un phénomène puissant ?

**« C’est toujours un phénomène important ** *. Même sans vague majeure, il y a des courants qui longeront les côtes françaises et qui pourraient être dommageables en cas de baignade par exemple. »  *

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