À Grenoble, des commerçants mettent leurs toilettes à disposition gratuitement

Après Nantes et Montreuil, Grenoble est la troisième ville de France à utiliser l'application "Ici Toilettes". Une application qui recense un réseau de commerçants qui acceptent que l'on vienne simplement pour utiliser les toilettes, sans consommer. La ville de Paris suivra prochainement avant les Jeux Olympiques.

"80% des femmes n'utilisent pas les toilettes publiques"

Une petite affichette sur la porte du café 'L'impertinence" en centre-ville de Grenoble nous indique que l'on peut entrer pour simplement aller aux toilettes. Une seule chose à faire, demander la permission au personnel. Les commerçants sont rémunérés 100 euros par mois, quel que soit le nombre de personnes venues aux toilettes. "Ce sont des commerçants qui mettent à disposition des tables à langer, beaucoup sont accessibles aux personnes à mobilité réduite et nous on fournit des serviettes et protections périodiques. Une toilette publique coûte entre 20.000 et 30.000 euros par an pour la collectivité. En plus, 80% des femmes ne veulent pas les utiliser. Là, on a une réponse adaptée à ce besoin. Ils se considèrent plus que de simples débits de boisson dans le paysage urbain", explique Thomas Herquin, directeur général d'Urban Services, l'entreprise qui développe l'application "Ici Toilettes."

Pour Marie Duthu, gérante du café "L'impertinence" à Grenoble, c'est une évidence que d'ouvrir sa porte gratuitement : "Nous on disait déjà oui avant en fait. Cela parait évident de rendre ce service. C'est un super concept, moi en tant que personne je sais que ça pourrait me servir. On n'est pas juste là pour vendre des choses. Il m'est arrivé dans des villes de pousser la porte de cafés et qu'on me dise non. Ce n'est pas sympa."

Grenoble bien dotée au niveau des toilettes publiques

La ville de Grenoble est pourtant bien dotée au niveau des toilettes publiques. Avec plus de 50 toilettes disponibles, elle est dans le Top 3 des villes de France en termes de toilette par habitant. Mais cette application qui recense les commerces, c'est complémentaire explique Gilles Namur adjoint au maire en charge des espaces publics : "On a cette volonté d'augmenter les toilettes disponibles pour les Grenoblois. Dans le centre, qui est très dense, c'est compliqué d'augmenter l'offre notamment à cause du manque de place et des avis de Bâtiments de France. La répartition géographique n'est pas forcément terrible, la disponibilité pour les femmes n'est pas terrible non plus. On a parfois un mobilier vétuste qu'il faut rénover donc on avait besoin d'une offre complémentaire."

Bon pour l'écologie

La ville de Grenoble espère en plus faire des économies d'eau grâce à l'application puisque la consommation est importante dans les toilettes publiques. "Il y a des sanisettes où l'écoulement d'eau est permanent. On va les réformer d'ailleurs. Nos toilettes automatiques, elles, génèrent énormément d'eau lorsqu'on tire la chasse d'eau. La consommation est terrible : c'est trois fois plus que dans les toilettes classiques d'un commerce. On utilise aussi beaucoup d'eau pour nettoyer au jet les toilettes automatiques. Ce sont de grosses économies d'eau et d'énergie à faire."

Avec les expériences à Nantes et à Montreuil, l'entreprise Urban Services a également relevé que 70% des commerçants partenaires reconnaissent un impact sur leur chiffre d'affaires. "Ils viennent pour une envie pressante et ils reviennent en famille ou avec des amis pour consommer. C'est un juste retour des choses quand on fait preuve d'ouverture."