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À Caen, une étudiante congolaise est menacée d'expulsion : "là, maintenant, je suis effrayée, j'ai peur"

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Cette étudiante congolaise, en licence 1 de Sciences du Langage, a reçu une obligation de quitter le territoire (OQTF) en janvier 2024. L'Office français de l'immigration et de l'intégration lui a envoyé un billet d'avion pour son pays d'origine, elle doit quitter Caen, mercredi 24 avril 2024.

L'étudiante souhaite garder l'anonymat et ne pas partager son identité. Elle a répondu à France Bleu devant l'université de Caen, qu'elle doit quitter. L'étudiante souhaite garder l'anonymat et ne pas partager son identité. Elle a répondu à France Bleu devant l'université de Caen, qu'elle doit quitter.
L'étudiante souhaite garder l'anonymat et ne pas partager son identité. Elle a répondu à France Bleu devant l'université de Caen, qu'elle doit quitter. © Radio France - Léni Flouvat

Devant la statue du Phénix de l'Université de Caen, ils sont tous là sauf elle. Eux, ce sont ses soutiens, majoritairement des étudiants du syndicat Union Pirate et quelques militants politiques de gauche. Elle, est étudiante congolaise en licence 1 de sciences du langage. Tout le monde parle d'elle, mais personne ne dit son nom, ils ne le connaissent pas tous. Qu'importe, ils ont été touchés par son histoire.

Ce samedi 20 avril 2024, une vingtaine de personnes ont manifesté leur soutien à cette étudiante menacée d'expulsion, sous le coup d'une procédure d'obligation de quitter le territoire français (OQTF) prononcée par arrêté préfectoral à Dijon en janvier 2024.

"On essaye un peu de se mobiliser, montrer qu'il y a du monde qui est derrière elle. On a réuni une quarantaine de soutiens, de professeurs, d'administrateurs de l'université. De nombreux élus de Caen, du Calvados. Même une députée européenne, pour montrer qu'elle est bien intégrée", explique Étienne Adeline, porte-parole du syndicat Union Pirate.

L'Union Pirate a planté ses drapeaux près du Phénix de l'Université de Caen en soutien à l'étudiante congolaise, ce samedi 20 avril 2024.
L'Union Pirate a planté ses drapeaux près du Phénix de l'Université de Caen en soutien à l'étudiante congolaise, ce samedi 20 avril 2024. © Radio France - Léni Flouvat

Depuis la notification de son OQTF, elle a reçu un billet d'avion pour retourner à Brazzaville en République du Congo, un document transmis par l'OFII (Office français de l'immigration et de l'intégration).

Le rêve des études en France

"Mon objectif, c'était vraiment de réussir, confie l'étudiante qui souhaite garder l'anonymat. J'ai rencontré énormément de difficultés. J'aurais vraiment eu le sentiment d'avoir réussi quelque chose en obtenant finalement ma licence." Elle fait face à l'université qu'elle va bientôt devoir quitter. La fac de Caen, c'était son second départ. Elle est arrivée en France, à Dijon, en octobre 2021, grâce à un visa "étudiant". Inscrite en Lettres, les débuts sont compliqués, elle doit jongler entre son arrivée, trouver un job pour rembourser des crédits contractés par ses parents et apprendre ses cours.

"J'ai dû trouver un emploi sur les réseaux sociaux. Je n'y connaissais pas grand-chose. Je me suis fait arnaquer de 1 000 euros et après ça a été le début des problèmes. J'ai été en état de dépression", poursuit l'étudiante sur un ton calme.

Ses résultats reflètent son arrivée compliquée en France. Elle loupe ses examens et ne s'y retrouve pas. Elle s'autorise donc un nouveau départ caennais.

Un second souffle coupé dans son élan

En septembre 2023, l'étudiante arrive à Caen. Elle entre en L1 de Sciences du Langage. Nouveau départ réussi. "Elle est appréciée par ses professeurs et elle a validé son premier semestre avec succès", scande le jeune représentant syndical pendant la manifestation. Elle préfère l'affirmer plus timidement.

Seulement en janvier 2024, "je reçois un refus de renouvellement de mon titre de séjour et une notification d'OQTF. Là, maintenant, je suis effrayée. J'ai peur", lâche l'étudiante.

France Bleu a pu se procurer ce document édité par la préfecture de la Côte-d'Or. "Considérant [...] qu'elle a été défaillante et qu'elle n'a pas validé son année à l'Université de Bourgogne", "Considérant [...] qu'elle démontre un manque de sérieux et de cohérence dans les études entreprises", peut-on lire sur l'arrêté préfectoral. Des motifs fondant en partie sa notification d'OQTF et le refus de renouvellement du titre de séjour selon l'administration.

Un départ vers la République du Congo

Pour gagner du temps et réaliser ses examens à Caen, l'étudiante avait fait une demande de retour volontaire à l'OFII, profitant de l'instruction du dossier pour continuer ses études. Elle a récemment reçu le billet d'avion, envoyé par ce service, pour son départ. Elle doit décoller de Paris le 24 avril.

Elle vit pour l'instant chez une amie, dans un logement Crous de 9 mètres carrés.
Elle vit pour l'instant chez une amie, dans un logement Crous de 9 mètres carrés. © Radio France - Léni Flouvat

"J'en appelle au président de l'Université de Caen, au préfet de Caen pour qu'il réexamine mon dossier. Je suis motivée. Je me suis réorientée et j'ai eu des difficultés comme d'autres étudiants en ont. Je veux rester pour continuer mes études", insiste l'étudiante émue.

Elle attend une nouvelle audience pour son renouvellement de titre de séjour, titre qui ne lui servira plus à rien si elle retourne au Congo.

Contactée, la présidence de l'Université de Caen n'a pas répondu à nos sollicitations au moment de la publication de cet article.

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