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Sécurité des soignants : ne pas "faire de l'hôpital une forteresse" (Pr. Massoubre, CHU de Saint-Étienne)

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La question de la sécurité à l'hôpital se pose après la mort d'une infirmière agressée au couteau au CHU de Reims lundi par un déséquilibré. "L'hôpital doit rester un lieu ouvert", réagit la cheffe de pôle psychiatrie du CHU de Saint-Étienne.

Hôpital Nord, CHU de Saint-Etienne Hôpital Nord, CHU de Saint-Etienne
Hôpital Nord, CHU de Saint-Etienne © Radio France - Aurélie Jacquand

Une minute de silence sera respectée ce mercredi dans tous les hôpitaux en mémoire de l'infirmière décédée lundi à Reims, après avoir été agressée au couteau par un homme souffrant de troubles psychiatriques. Cette agression remet sur la table la question de la prise en charge psychiatrique, alors que le ministre de la Santé souhaite en priorité réfléchir à des moyens de renforcer la sécurité des soignants. Catherine Massoubre, cheffe du pôle psychiatrie au CHU de Saint-Étienne, estime que la réponse sécuritaire n'est pas forcément compatible avec les missions de santé publique.

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France Bleu Saint-Étienne Loire : Le drame du CHU de Reims a-t-il beaucoup occupé les discussions ce début de semaine au CHU de Saint-Étienne ?

Catherine Massoubre : Oui, bien sûr, puisque ça impacte psychologiquement l'ensemble des soignants, pas seulement de la psychiatrie, de tous les soignants qui reçoivent des patients, dont des patients psychiatriques, en particulier aux urgences générales.

Avez-vous l'impression au quotidien d'exercer un métier dangereux ?

Je ne le dirais pas comme ça. Je pense qu'il peut y avoir des risques, comme dans d'autres métiers. Des risques qu'on essaye de minimiser au maximum en essayant de prévoir au maximum. Parfois, effectivement, il y a certains événements qui ne sont pas prévisibles, mais on essaye en tous les cas quand on peut les prévoir, de prévoir.

Faut-il renforcer la sécurité à l'accueil des établissements de santé ?

Renforcer l'accueil, ça voudrait dire quoi ? Mettre des postes de police à l'hôpital ? Je sais qu'il y a des hôpitaux où ça se fait, comme à Marseille Nord. On est quand-même un lieu de soin à la base, on a des vigiles mais bon, après...  certaines choses sont prévisibles, d'autres ne le sont pas. Donc la sécurité... ça me paraît compliqué aussi de faire d'un hôpital une forteresse. C'est un lieu de service public ouvert 24h/24 à l'ensemble de la population, quels que soient ses revenus. C'est un lieu ouvert. Je tiens beaucoup à ce côté service public adressé à l'ensemble de la population.

La psychiatrie est-elle le parent pauvre du système de santé français ?

Oui, je pense qu'on aurait besoin de nous renforcer en moyens pour prendre en charge les patients. Oui. Il nous manque des médecins, il nous manque des infirmiers.

Est-ce particulièrement difficile de recruter dans cette spécialité ?

Il nous manque à la fois des médecins et des psychiatres. Je pense qu'au CHU de Saint-Étienne, on n'est pas les plus mal lotis, mais on a des postes vacants. Je pense que c'est un exercice qui est très différent de ce qu'on peut faire dans les services de chirurgie ou de médecine en fait. Il faut déjà avoir envie de faire de la psychiatrie. Et puis probablement que le rapport au travail, il est un peu différent... Il ne manque pas des infirmiers, des médecins que dans notre spécialité, je pense qu'il y a autre chose qui se passe, quelque chose de générationnel.

Cinq ans se sont écoulés depuis le rapport la contrôleuse générale des lieux de privation de liberté sur la prise en charge psychiatrique au CHU de Saint-Étienne, la situation a-t-elle vraiment changé ?

Ah oui. Je pense qu'on a pu organiser nos locaux différemment, donc on contient moins les patients, on isole, moins. Oui, ça a quand-même beaucoup changé. Je pense qu'il y a encore des efforts à faire, mais après, pour isoler ou contenir moins, il nous faut aussi du personnel. Il n'y a rien de magique; mais bon, objectivement, ça a énormément changé.

Des patients qui restent des heures en attente dans un couloir sur un brancard, parfois les mains attachées, ça n'arrive plus ?

On ne va pas dire que ça n'arrive jamais parce qu'il y a des patients qui ont besoin d'être contenus physiquement le temps que le traitement agisse. Quand il y a des agitations importantes, on ne peut pas dire que ça n'existe plus. Mais bon, c'est pour des raisons cliniques et pas pour des raisons d'organisation du soin.

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