Santé : qu’est-ce que le norovirus, responsable de l'interdiction de la vente des huîtres du Bassin d'Arcachon

Le préfet de la Gironde a suspendu la commercialisation des huîtres du Bassin d'Arcachon mercredi 27 décembre après "plusieurs cas de toxi-infections alimentaires collectives". Le secrétariat d'État chargé de la Mer a précisé que les analyses réalisées sur des huîtres en élevage ont confirmé que le norovirus détecté dans les coquillages en serait bien la cause. France Bleu vous explique ce qu'est ce norovirus qui vient souvent perturber la vente des huîtres en France lors de la période des fêtes de fin d'année.

C'est quoi le norovirus  ?

Le norovirus, comme son nom l'indique, fait partie de la grande famille des virus. C'est un agent infectieux pour lequel il n'y a pas de traitement antibiotique. Il n'est ni bactérien, ni parasitaire. Le norovirus se trouve naturellement dans l'environnement. C'est un virus "assez résistant qui va surtout proliférer dans l'eau, y compris l'eau salée, avec la capacité de pouvoir coloniser ou se multiplier dans les fruits de mer, notamment les huîtres qui filtrent énormément d'eau et peuvent être porteuses de ce virus" explique le professeur Charles Cazanave, infectiologue au CHU de Bordeaux.

Le norovirus est la principale cause de gastro-entérites aigües en France, relève l'Anses, l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation. Les norovirus sont responsables d’un tiers des infections d’origine alimentaire dans l'hexagone. L'Anses avance une estimation de 516.000 cas par an.

Le norovirus est un virus pathogène pour l'homme "même en toute petite quantité par rapport à d'autres virus ; il suffit de quelques particules virales pour que le virus se multiplie et avoir des symptômes", relève le professeur Charles Cazanave.

Comment se transmet-il ?

Le norovirus se transmet, en général, via que l'on appelle "le péril fécal". L'expression fait référence au risque de contamination par des micro-organismes présents dans les selles. L'Anses indique que le norovirus se transmet principalement "de façon directe, de personne à personne". Il y a aussi une voie indirecte de transmission : "par l’ingestion d’aliments ou d’eau contaminés ou par contact avec un environnement contaminé comme les surfaces par exemple". L'alimentation ou le défaut d'hygiène, des mains ou des toilettes notamment, sont donc des facteurs de transmission.

Le norovirus se transmet aussi par voie aérienne, via les aérosols, autrement dit les particules fines en suspension dans l'air, lors des vomissements, ajoute l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation.

L'Anses indique que les végétaux peuvent également être contaminés par des eaux d’irrigation chargées en particules virales, mais aussi être souillés au moment d’une cueillette manuelle.

Comment le norovirus se retrouve-t-il dans les huîtres ?

La chaîne est assez simple, assure le professeur Charles Cazanave : un être humain est contaminé, le virus se multiplie et se retrouve en grandes quantités dans ses selles qui vont elles-mêmes se retrouver dans les divers circuits de traitement de l'eau, notamment les fosses septiques. "Et en cas de fortes pluies et de dysfonctionnements des stations d'épuration, ça peut refouler soit dans des baies, comme à Saint-Jean-de-Luz où il y a souvent des interdictions de baignade parce que l'eau est souillée par les eaux usées, ou dans des territoires limités comme un bassin", poursuit l'infectiologue bordelais. Ensuite, comme les huîtres se nourrissent en filtrant l'eau dans leur environnement, elles peuvent ingérer du norovirus si l'eau est souillée par des matières fécales.

"Les huîtres concentrent les virus, et la charge virale est parfois suffisante pour générer des cas d’infection chez l’être humain", précise l'Anses, en rappelant que le norovirus ne se multiplie pas dans les huîtres, ni plus généralement dans l'environnement. L'être humain infecté est son seul réservoir.

Comment limiter le risque d'infection au norovirus ?

Le professeur Charles Cazanave indique pour éviter les infections en général, il ne faut pas oublier les gestes simples d'hygiène des mains quand on va aux WC, de nettoyer régulièrement les toilettes avec de l'eau de Javel. Lors des repas de fêtes, il faut aussi par exemple éviter les récipients où tous les convives peuvent venir se servir, comme les bols de biscuits apéritifs. Il faut aussi prévoir des serviettes à usage unique.

Sur son site internet, l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, donnent aussi plusieurs conseils :

• Se laver les mains soigneusement avec du savon en sortant des toilettes, avant la préparation et la prise des repas.
• Éviter de préparer les repas en cas de symptômes de gastro-entérite.
• Consommer des coquillages issus d’une zone de production autorisée et contrôlée. C’est le cas des coquillages achetés dans le commerce.
• Pour la pêche de loisir, respecter les recommandations de non-consommation émises dans certaines zones (se renseigner en mairie ou sur internet). En l’absence d’information, il est préférable que les coquillages soient consommés après une cuisson prolongée.
• Les fruits et légumes consommés crus doivent être abondamment rincés avec de l’eau potable.